Airbus a demandé une réunion ministérielle européenne pour évoquer les derniers déboires de l'A400M, affirmant que sa propre viabilité était en jeu en raison des pertes accumulées par ce programme, le plus important en cours dans le secteur européen de la défense. Le groupe d'aérospatiale et de défense cherche de l'aide pour limiter les pertes du programme de l'avion de transport militaire européen. Il a annoncé mercredi une nouvelle charge de 1,2 milliard d'euros sur ce dossier au quatrième trimestre et a demandé aux sept pays de l'Otan clients de l'A400M de limiter son exposition aux lourdes pénalités et reports de paiements auxquels il doit faire face en raison de difficultés techniques et de retards. Dans la lettre adressée aux gouvernements clients, le constructeur évoque des "risques significatifs à venir" sur le projet dont le coût, initialement évalué à 20 milliards d'euros, dépasse aujourd'hui les 30 milliards, selon deux sources proches du dossier. "Nous sommes engagés dans le programme A400M. Cependant il est de notre responsabilité d'assurer la viabilité d'Airbus", peut-on lire dans la lettre signée par Denis Ranque et Tom Enders, respectivement président et président exécutif d'Airbus, envoyée à Paris, Bruxelles, Berlin, Luxembourg, Madrid, Ankara et Londres. Evoquant des pertes "colossales", Airbus a demandé la réunion des ministres de ces pays pour prendre la mesure de la situation et convenir des prochaines étapes dans l'intérêt de la poursuite du programme, des gouvernements clients et du secteur européen de la défense. Airbus demande également des discussions avec Europrop International (EPI), le consortium qui fournit les moteurs de l'avion, impliqués dans certains retards. EPI réunit le français Safran, le britannique Rolls-Royce, l'allemand MTU Aeroengines et l'espagnol Industria de Turbo Propulsores (ITP). Une porte-parole d'Airbus s'est refusée à tout commentaire sur les contacts entre Airbus et les Etats concernés mais a déclaré que toute discussion impliquerait trois parties: les pays concernés, l'OCCAR (Organisme conjoint de coopération en matière d'armement) européen et les motoristes. EPI n'a pas pu être joint dans l'immédiat pour un commentaire. D'autre part, un porte-parole de l'OCCAR a déclaré mercredi que l'agence européenne était en contacts étroits et réguliers avec Airbus mais a refusé d'évoquer les demandes formulée par ce dernier. Airbus a reçu en 2010 une enveloppe supplémentaire de 3,5 milliards d'euros des sept pays acheteurs mais il a laissé entendre depuis que ce montant ne suffisait pas à limiter son exposition financière au dossier. Des représentants de la Défense des sept pays acheteurs devaient s'entretenir par téléphone jeudi des demandes d'Airbus.