Le gouvernement autrichien a annoncé vendredi que le parquet de Vienne avait ouvert une enquête au pénal contre Airbus et le consortium Eurofighter pour escroquerie présumée liée à une commande d'avions de chasse Eurofighter de deux milliards d'euros en 2003. "La procédure pénale entre ainsi dans une nouvelle phase", a déclaré le ministre de la Défense Hans Peter Doskozil. Selon les conclusions du ministère de la Défense, Airbus et le consortium Eurofighter ont illégalement appliqué une surtaxe de presque 10% sur le prix d'achat de 1,96 milliard d'euros à des contrats de compensation. Ces contrats annexes, qui sont destinés à faire travailler des entreprises locales, sont habituels mais doivent en principe faire l'objet de déclarations séparées. "Nous n'avons aucun commentaire sur les investigations du parquet autrichien", a dit vendredi un porte-parole d'Airbus. Le constructeur européen avait auparavant rejeté ces allégations. Dans le système judiciaire de l'Autriche, et d'autres pays, ouvrir une enquête ne revient pas du tout à établir un acte d'accusation mais cela indique qu'il existe suffisamment d'éléments justifiant une procédure officielle. Le parquet de Vienne s'est refusé à confirmer l'ouverture d'une enquête mais il a fait savoir qu'il y en avait une en préparation. "Des démarches d'investigation sont en cours de préparation en lien avec l'exposé des faits du ministère de la Défense", a dit une porte-parole du parquet. La nouvelle enquête viendra s'ajouter à celles en cours en Autriche et en Allemagne sur ce marché public controversé. Le parquet de Munich prévoit de boucler une première procédure d'ici la mi-2017. Le ministère autrichien de la Défense avait annoncé le 16 février, poursuivre Airbus et Eurofighter, les accusant d'avoir induit Vienne en erreur quant au prix d'achat, aux délais de livraison et aux équipements des avions de combat commandés et estimant le préjudice subi par l'Autriche à 1,1 milliard d'euros. Le ministère de la Défense a dit qu'il pourrait également étendre la procédure aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. "Il semble que les juridictions britanniques et américaines puissent être compétentes au vu des nombreux contrats de compensation avec des parties américaines ", a dit un porte-parole. Airbus a dit qu'il coopérait avec la justice allemande ainsi que dans trois autres instructions judiciaires sur des irrégularités présumées, dont l'une ouverte en Grande-Bretagne portant sur un accord de fourniture d'équipements de communications de 3,3 milliards de dollars (3,11 milliards d'euros) en Arabie saoudite. L'Eurofighter est construit par un consortium regroupant Airbus, le britannique BAE Systems et l'italien Leonardo.
Les moteurs de l'A400M ne présentaient aucune nouvelle fissure D'autre part, et à propos d'une autre affaire, Airbus a fait savoir vendredi que des moteurs de l'A400M inspectés sur ordre de l'Agence européenne de la sécurité aérienne (Aesa) ne présentaient aucune nouvelle fissure dans leur chambre de combustion. "Tous les moteurs concernés ont été inspectés et c'est un incident unique", a dit à Reuters Florian Taitsch, porte-parole du constructeur aéronautique européen. Die Welt a écrit vendredi que l'armée de l'air allemande procédait à l'inspection de dix moteurs de l'A400M à la suite de la découverte de fissures dans la chambre de combustion d'un A400M malaisien. Ces inspections ont été ordonnées par l'Aesa et elles seront suivies de nouvelles inspections habituelles après 500 heures de vol puis toutes les 250 heures, ajoute le quotidien allemand. Taitsch a confirmé que l'Asea avait ordonné ces inspections, ainsi que des vérifications ultérieures à la fin de l'année dernière, à la suite de la découverte de fissures inexpliquées dans l'appareil malaisien. Aucun problème n'a été détecté dans l'un quelconque des autres moteurs concernés, qui équipent les 31 premiers A400M livrés, a ajouté Taitsch. Un porte-parole de l'armée de l'air allemande a dit que des petites fissures avaient été constatées dans les 10 moteurs d'A400M concernés mais qu'elles étaient courantes dans les chambres de combustion et qu'elles n'avaient aucun impact sur la sécurité ou sur les opérations. Airbus a demandé une réunion ministérielle européenne pour évoquer les derniers déboires de son avion de transport militaire, affirmant que sa propre viabilité était en jeu en raison des pertes accumulées par ce programme, le plus important en cours dans le secteur européen de la défense.