Les cours du pétrole rebondissaient mercredi en Asie après des estimations jugées favorables sur l'état des stocks américains de brut. Vers 04h30, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en novembre, prenait 25 cents à 52,13 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, également pour livraison en novembre, gagnait 20 cents à 58,64 dollars. La fédération privée American Petroleum Institute (API) a estimé que les stocks hebdomadaires de brut aux Etats-Unis avaient reculé de 761.000 barils. Un déclin est synonyme de demande plus forte chez le premier consommateur de brut mondial. Les données officielles du Département américain de l'Energie sont attendues dans la journée de mercredi. Les cours avaient enregistré une nette progression en début de semaine, sous l'effet des menaces du président turc sur un blocage des exportations du brut du Kurdistan irakien, avant de terminer en baisse mardi à cause des prises de bénéfices. "Les cours ont été corrigés après le rebond impressionnant de lundi. Ca, c'était avant que les données de l'API ne soient rendues publiques", a déclaré Jeffrey Halley, analyste chez Oanda. "Globalement, c'est un résultat impressionnant et les données officielles vont être scrutées de près ce soir", a-t-il dit, recommandant toutefois la "prudence à ces niveaux de cours", soumis selon lui à un emballement excessif.
Prises de bénéfices La veille, les prix du pétrole cotés à New York et Londres ont terminé en baisse mardi, affectés par des prises de bénéfices après une progression très forte. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en novembre, référence américaine du brut, a reculé de 34 cents pour clôturer à 51,88 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Le baril de Brent de la mer du Nord sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres pour livraison à la même échéance a clôturé en baisse de 58 cents, à 58,44 dollars le baril "Le marché a pris une bouffée d'air frais après le mouvement de hausse observé ces dernières semaines, dont la progression d'hier" (lundi), a résumé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. Le prix du pétrole coté à New York a clôturé lundi soir sur une augmentation de 3,08% à 52,22 dollars, soit son plus haut niveau depuis la mi-avril. A Londres, le baril de Brent a connu une progression de 3,80% à 59,02 dollars, un niveau de prix inégalé depuis plus de deux ans. "On assiste à une prise de bénéfices des investisseurs", a confirmé John Kilduff d'Again Capital. Le baril était monté lundi à la suite des menaces du président turc Recep Tayyip Erdogan de bloquer les exportations de pétrole du Kurdistan irakien passant par le territoire turc en réponse au référendum sur l'indépendance de cette région qui s'est tenu lundi et où le "oui" est attendu largement en tête. Sur les 600 000 barils par jours exportés par le Kurdistan, 550 000 transitent par la Turquie. "Le marché craint toujours l'instabilité dans cette région. La situation au Kurdistan est un risque géopolitique de plus. Mais je ne m'attends pas à voir une perturbation de l'offre dans les prochaines semaines", a noté M. Lipow. La tension autour du référendum au Kurdistan n'a pas faibli mardi, le président Erdogan mettant en garde contre un risque de "guerre ethnique et confessionnelle" après le vote. Le Premier ministre irakien a aussi lancé un ultimatum au Kurdistan menaçant d'interdire les vols internationaux vers la province d'ici à trois jours si le contrôle des aéroports ne lui était pas remis. Bagdad avait déjà demandé dimanche aux pays étrangers de ne plus traiter qu'avec lui pour toutes les transactions pétrolières, l'or noir étant la principale source de revenus du Kurdistan irakien. "Nous n'avions pas vu le pétrole utilisé comme une arme depuis longtemps, d'où la forte anxiété ressentie sur le marché lundi", a remarqué M. Kilduff. Le repli connu par les cours du pétrole mardi soir provient également d'un renforcement du dollar. La hausse du billet vert rend plus onéreux et donc moins attractif les achats d'or noir, libellés dans la devise américaine, pour les investisseurs munis d'autres devises. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) était également sous les projecteurs après un point mensuel de suivi de l'accord de baisse de la production qui s'est tenu vendredi à Vienne, au cours duquel le cartel a affirmé atteindre un respect de ses objectifs de plus de 115%. "Nous craignons que le bond des prix de lundi ne marque la fin de la hausse des prix. Il est désormais probable que l'Opep étendra son accord au-delà du premier trimestre 2018, mais ce n'est pas garanti. Et la Turquie ne bloquera pas les exportations kurdes irakiennes sans une hausse marquée des tensions dans la région", ont prévenu les analystes de Capital Economics.
Hausse des réserves canadiennes de brut léger L'Office national de l'énergie du Canada a revu mardi en forte hausse les réserves de pétrole brut léger de la province de l'Alberta, après une évaluation d'une formation géologique explorée par les compagnies pétrolières depuis 2011. Couvrant 20% du territoire de l'Alberta (ouest), la formation de schistes de Duvernay contient potentiellement 3,4 milliards de barils de brut léger et de condensat commercialisables, a indiqué le régulateur canadien dans un communiqué. Surtout connue pour ses immenses réserves de sables bitumineux, estimées à 165 milliards de barils de pétrole lourd, l'Alberta produit aussi actuellement environ 550 000 barils de brut léger par jour. Cela "revient à dire que les ressources de pétrole léger et de condensat de la formation schisteuse de Duvernay correspondent à 17 années de niveaux actuels de production provinciale", a expliqué l'Office de l'énergie. Les condensats sont des hydrocarbures gazeux qui se condensent en se refroidissant à la tête des puits d'extraction. Au Canada, le condensat est vendu à un prix supérieur à celui du brut léger en raison de la demande élevée dans le secteur des sables bitumineux, où il est mélangé au bitume pour en faciliter le transport dans les oléoducs. Remontant à quelque 370 millions d'années et s'étendant au nord de Calgary et autour d'Edmonton, la formation de Duvernay recèle également des ressources gazières commercialisables équivalant à presque 25 ans de consommation du Canada. Ses réserves commercialisables de gaz naturel sont estimées à 2,17 milliards de mètres cubes et celles de liquides de gaz naturel à 995 millions de mètres cubes. Le Canada est le sixième producteur mondial de pétrole, avec une production d'environ 3,9 millions de barils par jour, dont près de 900.000 barils de brut léger, selon l'Association canadienne des producteurs de pétrole.