Le Conseil de sécurité a repoussé jusqu'à mardi le vote de la résolution prorogeant le mandat de la Minurso pour pouvoir examiner les réserves formulées par quelques membres sur le texte présenté par les Etats-Unis. L'adoption de cette résolution qui reconduit le mandat de la mission pour l'organisation d'un référendum au Sahara Occidental de six mois était initialement prévue pour lundi. Quelques membres du Conseil de sécurité estiment que la première mouture du projet a été rédigée dans un style qui prête à confusion, rendant le texte déséquilibré, indique à l'APS une source proche du dossier. Les amendements proposés par ces membres font actuellement l'objet d'examen par la délégation américaine qui souhaite parvenir à une adoption par consensus de la résolution, précise-t-elle. Le projet de résolution ne tient pas compte de plusieurs observations contenues dans le rapport du secrétaire général en particulier celles se référant aux droits de l'homme et aux violations majeures du cessez-le-feu par le Maroc. A l'opposé du rapport du secrétaire général, le texte ne cite pas nommément le Maroc comme étant la partie ayant commis ces violations et imposé des restrictions à la liberté de mouvement de la Minurso et de l'émissaire Horst Kohler. Sans nommer le Maroc, le projet de résolution a exprimé sa préoccupation face aux violations des accords de cessez-le-feu, appelant les parties au conflit à mettre en œuvre leurs engagements envers l'envoyé personnel et à s'abstenir de toute action susceptible de compromettre les négociations facilitées par l'ONU. Mercredi, le président sahraoui, Brahim Ghali, a appelé le Conseil de sécurité à condamner avec la plus grande fermeté " les actions déstabilisatrices" du Maroc. "A la veille des consultations du Conseil de sécurité sur le renouvellement du mandat de la Minurso, il est de mon devoir d'attirer votre attention sur l'escalade des violations du cessez-le-feu par le Maroc et le besoin urgent pour le Conseil de sécurité d'agir rapidement pour condamner de tels actes", écrit le SG du Front Polisario dans une lettre transmise au président du Conseil de sécurité, Christoph Heusgen.
Discuter du projet de résolution américain Le Conseil de sécurité s'est réuni au niveau des experts pour examiner le projet de résolution américain sur la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso). La première mouture du projet a été discutée mardi par le groupe des amis du Sahara occidental (Etats-Unis, Russie, Royaume Uni, Espagne et la France), lors d'une brève réunion à New York. Les Etats-Unis porte-plume des résolutions sur le Sahara occidental souhaitent faire adopter le texte par consensus. La dernière résolution du Conseil de sécurité sur la Minurso a été adoptée en octobre dernier à l'issue d'un vote de 12 voix contre trois abstentions (la Russie, la Bolivie et l'Ethiopie). Au-delà de la durée de prorogation de six mois, retenue par les Etats-Unis pour mettre la pression sur les parties afin de poursuivre les négociations, le projet américain insiste sur la nécessité de conforter Horst Kohler dans sa mission de médiation. La reconnaissance du rôle de la Minurso dans l'accompagnement du médiateur onusien, vient en guise de rappel au Maroc qui continue d'entraver la liberté de mouvement de Kohler. La mission onusienne a été empêchée de "s'acquitter de cette partie de son mandat qui consiste à prêter assistance à mon envoyé personnel", a déploré le SG de l'ONU dans ce nouveau rapport sur le Sahara occidental, transmis début avril au Conseil de sécurité. L'émissaire onusien n'a pas pu accéder aux interlocuteurs sahraouis dans les territoires occupés, "ce qui continue de limiter sa capacité d'évaluer en toute indépendance la situation au Sahara occidental à des fins d'analyse ou de sécurité", avait-il relevé. Le projet de résolution demande des mesures concrètes pour permettre au personnel onusien d'accéder immédiatement à tous les interlocuteurs sahraouis conformément aux accords existants. Le Conseil de sécurité a, par ailleurs, exprimé sa préoccupation face aux violations des accords de cessez-le-feu, appelant les parties à mettre en œuvre leurs engagement envers l'envoyé personnel et à s'abstenir de toute action susceptible de compromettre les négociations facilitées par l'ONU ou encore de déstabiliser la situation au Sahara occidental. Si le Conseil de sécurité ne cite pas nommément le Maroc, son appel s'adresse exclusivement aux autorités marocaines, désignées par le nouveau rapport du secrétaire général comme étant la partie qui a commis "une violation majeure" de l'accord militaire N 1. L'ONU a exigé le démantèlement d'un nouveau mur de sable érigé par le Maroc près du territoire occupé de Mahbes ainsi que tous les postes militaires déployés illégalement dans les zones restreintes qui sont soumises à plusieurs restrictions, relatives aux activités et au renforcement des infrastructures militaires.