En Afrique, la question de l'électricité est au cœur des débats: moins de la moitié des habitants a du courant de façon régulière. Si le continent veut décoller économiquement, il doit d'abord régler le problème de l'électricité. En Afrique, la question de l'électricité est au cœur des débats: moins de la moitié des habitants a du courant de façon régulière. Si le continent veut décoller économiquement, il doit d'abord régler le problème de l'électricité. Sur un milliard d'habitants que compte l'Afrique, entre un quart et la moitié dispose plus ou moins régulièrement de l'électricité. Triste record mondial. Mais les projets d' «énergie verte» —solaire et éolienne— se multiplient pour sortir le continent de l'obscurité et lui permettre de connaître un réel décollage économique. En Afrique, l'électricité est un luxe rare et inégalement partagé. Le nord du continent tire son épingle du jeu, notamment la Tunisie qui apparaît comme le pays ayant le taux d'électrification le plus élevé (99%), suivie de l'Algérie et de la Libye. Au sud du Sahara, seule la première puissance économique continentale, l'Afrique du Sud, atteint les 70%, même si elle est allègrement dépassée par le «dragon» mauricien (94%) [surnom donné à l'Ile Maurice en raison de son dynamisme économique, ndlr]. Sur le reste du continent, les délestages incessants (coupures de courant) sont la règle, avec au mieux l'utilisation d'onéreux groupes électrogènes —notamment au Nigeria—, mais bien souvent uniquement de lampes à pétrole et de bougies. Pour la classe moyenne, qui émerge à la faveur d'une décennie de croissance économique soutenue, ces coupures d'électricité endommagent régulièrement des appareils électroménagers achetés à grands frais, privant la famille des telenovelas sud-américaines qui passent à la télévision, des boissons fraîches du frigo, ou des bienfaits de la ventilation ou de la climatisation. En plein hivernage, les nerfs sont à vif, et les mécontents manifestent souvent dans les rues, s'en prenant aux locaux de la compagnie nationale d'électricité, comme au Sénégal. La question de l'électricité est vraiment «au cœur des défis africains» et, pour combler son retard, le continent mise de plus en plus sur deux ressources abondantes: le vent et le soleil. Eole au secours de l'Afrique Le projet est présenté comme le plus grand site de production d'énergie éolienne d'Afrique. Il a été inauguré il y a quelques mois au Maroc, dans la région de Tanger. Les capacités de production du royaume sont passées de 14 mégawatts en 1999 à 286 fin 2010, un bond spectaculaire qui s'explique par une politique volontariste, mais aussi par des conditions comptant parmi les plus favorables du continent: les côtes atlantiques sont particulièrement venteuses, notamment au Sahara Occidental. Le Maroc devrait rapidement réduire ses importations d'énergie en économisant annuellement 2,5 millions de tonnes équivalent pétrole en combustible, évitant ainsi l'émission de près de 9 millions de tonnes de dioxyde de carbone par an. Mais le royaume chérifien devrait aussi et surtout réduire grandement sa facture énergétique. Certains rêvent même de produire de l'électricité à partir d'un véritable mur d'éoliennes installées sur les côtes s'étendant du Maroc jusqu'au Sénégal. Elles «représentent les plus vastes, les mieux ventés et les moins densément peuplés des sites potentiellement exploitables par le réseau électrique européen auxquels ils sont déjà reliés», selon les promoteurs du projet Sahara Wind. Au sud du Sahara, le Kenya investit également massivement dans l'éolien, avec le Lake Turkana Wind Power, dans la vallée du Rift à l'ouest du Kenya). Une immense «ferme éolienne» est en construction avec plus de 300 turbines. La production doit débuter dès juin prochain et atteindre les 300 MW d'ici juillet 2012. Deux autres pays, l'Afrique du Sud et Madagascar, présentent un potentiel énorme en raison de la force et la régularité des vents. Mais à Madagascar les bénéficiaires sont encore très peu nombreux, malgré des «gisements» importants sur les côtes à l'extrême nord et au sud de l'île Les financements manquent, les grands projets restent dans les cartons et l'instabilité politique n'arrange rien. Le soleil est gratuit «Vous n'avez pas d'électricité? Mais le soleil est gratuit, essayez l'énergie solaire !» Combien de fois les responsables africains ont entendu ce précieux conseil dans la bouche d'Occidentaux très sûrs d'eux, et pourtant à peine descendus de l'avion… Plus facile à dire qu'à faire, car l'énergie solaire coûte cher, très cher —du moins jusqu'à présent —. Car les choses évoluent rapidement et les coûts baissent, entre autres grâce aux avancées technologiques, notamment via le photovoltaïque et le thermo solaire à concentration. Pour l'Afrique le temps presse; dans dix ans l'énergie solaire dominera le marché des énergies renouvelables. Sans oublier que la Chine est en train de changer la donne, en inondant le continent de produits très compétitifs sur le marché de l'énergie solaire. Pékin est déjà le premier producteur mondial de panneaux solaires, avec plus de la moitié de la production mondiale de cellules photovoltaïques. Et des entreprises comme Suntech Power sont devenues des acteurs incontournables. L'avenir est aux petits panneaux solaires, accessibles aux populations les plus démunies. Bien sûr, pas question de brancher tout l'appareillage électroménager du foyer ; mais dans les zones reculées, recharger un téléphone portable permet de sauver des vies et même de faire des transactions financières. Des expériences très concluantes ont été menées au Kenya et en Tanzanie. Au sud du Sahara, à peine une personne sur quatre a accès à l'électricité. La situation est encore plus critique en milieu rural, où l'électrification ne concerne qu'un habitant sur dix. Le marché est gigantesque… et prometteur, car l'Afrique bénéficie d'un ensoleillement quotidien exceptionnel —environ 5 à 7 kilowatts par mètre carré. Un projet pharaonique : Desertec Le potentiel solaire du continent n'a pas échappé aux Européens qui ont monté un projet tellement gigantesque qu'il est difficile d'imaginer qu'il verra le jour: Desertec : il s'agit de produire de l'énergie solaire en couvrant le Sahara de panneaux photovoltaïques et transporter l'électricité jusqu'en Europe. Mais déjà les craintes d'une «colonisation écologique» commencent à apparaître. Quel intérêt ce projet a-t-il pour l'Afrique? L'Algérie a déjà demandé à bénéficier du transfert technologique européen en matière d'énergies renouvelables pour participer au programme. Le soleil et le vent sont certes gratuits, mais l'Afrique doit saisir maintenant l'opportunité de l'énergie verte, sinon d'autres le feront à sa place. Sur un milliard d'habitants que compte l'Afrique, entre un quart et la moitié dispose plus ou moins régulièrement de l'électricité. Triste record mondial. Mais les projets d' «énergie verte» —solaire et éolienne— se multiplient pour sortir le continent de l'obscurité et lui permettre de connaître un réel décollage économique. En Afrique, l'électricité est un luxe rare et inégalement partagé. Le nord du continent tire son épingle du jeu, notamment la Tunisie qui apparaît comme le pays ayant le taux d'électrification le plus élevé (99%), suivie de l'Algérie et de la Libye. Au sud du Sahara, seule la première puissance économique continentale, l'Afrique du Sud, atteint les 70%, même si elle est allègrement dépassée par le «dragon» mauricien (94%) [surnom donné à l'Ile Maurice en raison de son dynamisme économique, ndlr]. Sur le reste du continent, les délestages incessants (coupures de courant) sont la règle, avec au mieux l'utilisation d'onéreux groupes électrogènes —notamment au Nigeria—, mais bien souvent uniquement de lampes à pétrole et de bougies. Pour la classe moyenne, qui émerge à la faveur d'une décennie de croissance économique soutenue, ces coupures d'électricité endommagent régulièrement des appareils électroménagers achetés à grands frais, privant la famille des telenovelas sud-américaines qui passent à la télévision, des boissons fraîches du frigo, ou des bienfaits de la ventilation ou de la climatisation. En plein hivernage, les nerfs sont à vif, et les mécontents manifestent souvent dans les rues, s'en prenant aux locaux de la compagnie nationale d'électricité, comme au Sénégal. La question de l'électricité est vraiment «au cœur des défis africains» et, pour combler son retard, le continent mise de plus en plus sur deux ressources abondantes: le vent et le soleil. Eole au secours de l'Afrique Le projet est présenté comme le plus grand site de production d'énergie éolienne d'Afrique. Il a été inauguré il y a quelques mois au Maroc, dans la région de Tanger. Les capacités de production du royaume sont passées de 14 mégawatts en 1999 à 286 fin 2010, un bond spectaculaire qui s'explique par une politique volontariste, mais aussi par des conditions comptant parmi les plus favorables du continent: les côtes atlantiques sont particulièrement venteuses, notamment au Sahara Occidental. Le Maroc devrait rapidement réduire ses importations d'énergie en économisant annuellement 2,5 millions de tonnes équivalent pétrole en combustible, évitant ainsi l'émission de près de 9 millions de tonnes de dioxyde de carbone par an. Mais le royaume chérifien devrait aussi et surtout réduire grandement sa facture énergétique. Certains rêvent même de produire de l'électricité à partir d'un véritable mur d'éoliennes installées sur les côtes s'étendant du Maroc jusqu'au Sénégal. Elles «représentent les plus vastes, les mieux ventés et les moins densément peuplés des sites potentiellement exploitables par le réseau électrique européen auxquels ils sont déjà reliés», selon les promoteurs du projet Sahara Wind. Au sud du Sahara, le Kenya investit également massivement dans l'éolien, avec le Lake Turkana Wind Power, dans la vallée du Rift à l'ouest du Kenya). Une immense «ferme éolienne» est en construction avec plus de 300 turbines. La production doit débuter dès juin prochain et atteindre les 300 MW d'ici juillet 2012. Deux autres pays, l'Afrique du Sud et Madagascar, présentent un potentiel énorme en raison de la force et la régularité des vents. Mais à Madagascar les bénéficiaires sont encore très peu nombreux, malgré des «gisements» importants sur les côtes à l'extrême nord et au sud de l'île Les financements manquent, les grands projets restent dans les cartons et l'instabilité politique n'arrange rien. Le soleil est gratuit «Vous n'avez pas d'électricité? Mais le soleil est gratuit, essayez l'énergie solaire !» Combien de fois les responsables africains ont entendu ce précieux conseil dans la bouche d'Occidentaux très sûrs d'eux, et pourtant à peine descendus de l'avion… Plus facile à dire qu'à faire, car l'énergie solaire coûte cher, très cher —du moins jusqu'à présent —. Car les choses évoluent rapidement et les coûts baissent, entre autres grâce aux avancées technologiques, notamment via le photovoltaïque et le thermo solaire à concentration. Pour l'Afrique le temps presse; dans dix ans l'énergie solaire dominera le marché des énergies renouvelables. Sans oublier que la Chine est en train de changer la donne, en inondant le continent de produits très compétitifs sur le marché de l'énergie solaire. Pékin est déjà le premier producteur mondial de panneaux solaires, avec plus de la moitié de la production mondiale de cellules photovoltaïques. Et des entreprises comme Suntech Power sont devenues des acteurs incontournables. L'avenir est aux petits panneaux solaires, accessibles aux populations les plus démunies. Bien sûr, pas question de brancher tout l'appareillage électroménager du foyer ; mais dans les zones reculées, recharger un téléphone portable permet de sauver des vies et même de faire des transactions financières. Des expériences très concluantes ont été menées au Kenya et en Tanzanie. Au sud du Sahara, à peine une personne sur quatre a accès à l'électricité. La situation est encore plus critique en milieu rural, où l'électrification ne concerne qu'un habitant sur dix. Le marché est gigantesque… et prometteur, car l'Afrique bénéficie d'un ensoleillement quotidien exceptionnel —environ 5 à 7 kilowatts par mètre carré. Un projet pharaonique : Desertec Le potentiel solaire du continent n'a pas échappé aux Européens qui ont monté un projet tellement gigantesque qu'il est difficile d'imaginer qu'il verra le jour: Desertec : il s'agit de produire de l'énergie solaire en couvrant le Sahara de panneaux photovoltaïques et transporter l'électricité jusqu'en Europe. Mais déjà les craintes d'une «colonisation écologique» commencent à apparaître. Quel intérêt ce projet a-t-il pour l'Afrique? L'Algérie a déjà demandé à bénéficier du transfert technologique européen en matière d'énergies renouvelables pour participer au programme. Le soleil et le vent sont certes gratuits, mais l'Afrique doit saisir maintenant l'opportunité de l'énergie verte, sinon d'autres le feront à sa place.