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La crainte de la contagion
CISJORDANIE
Publié dans Le Midi Libre le 06 - 03 - 2011

Le départ forcé de Hosni Moubarak, un des principaux alliés du président palestinien, Mahmoud Abbas, qui jouait un rôle important d'intermédiaire dans les négociations avec Israël et les tentatives de réconciliation avec le Hamas à Gaza, a provoqué un électrochoc au sein de l'Autorité palestinienne, rapporte le journal «Libération». Ses dirigeants, souvent accusés d'autoritarisme, ont craint une contagion de la révolte.
Le départ forcé de Hosni Moubarak, un des principaux alliés du président palestinien, Mahmoud Abbas, qui jouait un rôle important d'intermédiaire dans les négociations avec Israël et les tentatives de réconciliation avec le Hamas à Gaza, a provoqué un électrochoc au sein de l'Autorité palestinienne, rapporte le journal «Libération». Ses dirigeants, souvent accusés d'autoritarisme, ont craint une contagion de la révolte.
Jusque-là, les quelques manifestations de solidarité avec les peuples tunisien et égyptien, à Ramallah, avaient été dispersées d'autant plus facilement par la police qu'elles mobilisaient peu. Mais la chute de Moubarak a réveillé les dirigeants palestiniens. Dès le lendemain de la démission du raïs égyptien, l'Autorité palestinienne annonçait l'organisation d'élections générales en septembre, visant notamment à redonner un mandat clair à Mahmoud Abbas, le sien ayant expiré en janvier 2009. Parallèlement, le président palestinien chargeait le Premier ministre, Salam Fayyad, de former un nouveau gouvernement. Une autre tentative de couper l'herbe sous le pied à de potentielles velléités contestataires : seuls 16 des 24 postes de ministres sont actuellement attribués et, parmi les ministres en exercice, plusieurs sont accusés d'incompétence.
Ce remaniement s'est transformé en exercice de séduction de Salam Fayyad auprès des Palestiniens. Le Premier ministre a lancé un débat sur ses pages Facebook et Twitter, leur demandant ce qu'ils attendaient du prochain gouvernement et qui devrait y siéger. Une récupération adroite des techniques de communication des révolutionnaires arabes, couronnée de succès : des centaines de personnes ont posté des commentaires en réponse à Salam Fayyad.
«La fin du schisme». Finalement, les embryons de contestation palestinienne se focalisent maintenant sur une revendication consensuelle : la fin de la division entre la Cisjordanie et la bande de Ghaza, contrôlée par le Hamas depuis juin 2007. La semaine dernière, environ un millier de jeunes Palestiniens ont manifesté à Ramallah sous le slogan «le peuple veut la fin du schisme», une adaptation locale de «le peuple veut la fin du régime». Une mobilisation soutenue par les dirigeants de l'Autorité, dont plusieurs se sont prononcés ces derniers temps pour la reprise de négociations avec le Hamas, évoquant même la possibilité d'un gouvernement d'union nationale avec le mouvement islamiste.
Renouveau. De nombreux analystes palestiniens soulignent que la poursuite de l'occupation israélienne et le récent veto américain sur un projet de résolution arabe condamnant la colonisation fonctionnent comme autant d'éléments fédérateurs, faisant passer au second plan les critiques contre l'Autorité palestinienne.
Mais certains, comme Mustafa Barghouti, un activiste politique palestinien candidat à la présidentielle en 2005, estiment qu'à plus ou moins long terme, les révolutions en cours dans le monde arabe se traduiront par un renouveau de la lutte palestinienne contre Israël. «Ce qui se passe en Tunisie, en Libye et en Egypte renforce les jeunes Palestiniens. Une fois qu'ils auront totalement assimilé ces événements, la résistance non-violente prendra de l'essor», prédit-il. Ce sera un remake de la première Intifada de 1987 à 1993, mais avec des moyens non-violents, et c'est ce qui libérera la Palestine. R. I.
Jusque-là, les quelques manifestations de solidarité avec les peuples tunisien et égyptien, à Ramallah, avaient été dispersées d'autant plus facilement par la police qu'elles mobilisaient peu. Mais la chute de Moubarak a réveillé les dirigeants palestiniens. Dès le lendemain de la démission du raïs égyptien, l'Autorité palestinienne annonçait l'organisation d'élections générales en septembre, visant notamment à redonner un mandat clair à Mahmoud Abbas, le sien ayant expiré en janvier 2009. Parallèlement, le président palestinien chargeait le Premier ministre, Salam Fayyad, de former un nouveau gouvernement. Une autre tentative de couper l'herbe sous le pied à de potentielles velléités contestataires : seuls 16 des 24 postes de ministres sont actuellement attribués et, parmi les ministres en exercice, plusieurs sont accusés d'incompétence.
Ce remaniement s'est transformé en exercice de séduction de Salam Fayyad auprès des Palestiniens. Le Premier ministre a lancé un débat sur ses pages Facebook et Twitter, leur demandant ce qu'ils attendaient du prochain gouvernement et qui devrait y siéger. Une récupération adroite des techniques de communication des révolutionnaires arabes, couronnée de succès : des centaines de personnes ont posté des commentaires en réponse à Salam Fayyad.
«La fin du schisme». Finalement, les embryons de contestation palestinienne se focalisent maintenant sur une revendication consensuelle : la fin de la division entre la Cisjordanie et la bande de Ghaza, contrôlée par le Hamas depuis juin 2007. La semaine dernière, environ un millier de jeunes Palestiniens ont manifesté à Ramallah sous le slogan «le peuple veut la fin du schisme», une adaptation locale de «le peuple veut la fin du régime». Une mobilisation soutenue par les dirigeants de l'Autorité, dont plusieurs se sont prononcés ces derniers temps pour la reprise de négociations avec le Hamas, évoquant même la possibilité d'un gouvernement d'union nationale avec le mouvement islamiste.
Renouveau. De nombreux analystes palestiniens soulignent que la poursuite de l'occupation israélienne et le récent veto américain sur un projet de résolution arabe condamnant la colonisation fonctionnent comme autant d'éléments fédérateurs, faisant passer au second plan les critiques contre l'Autorité palestinienne.
Mais certains, comme Mustafa Barghouti, un activiste politique palestinien candidat à la présidentielle en 2005, estiment qu'à plus ou moins long terme, les révolutions en cours dans le monde arabe se traduiront par un renouveau de la lutte palestinienne contre Israël. «Ce qui se passe en Tunisie, en Libye et en Egypte renforce les jeunes Palestiniens. Une fois qu'ils auront totalement assimilé ces événements, la résistance non-violente prendra de l'essor», prédit-il. Ce sera un remake de la première Intifada de 1987 à 1993, mais avec des moyens non-violents, et c'est ce qui libérera la Palestine. R. I.


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