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Femmes, entre instrumentalisation et émancipation
Conférence- débat de l'IRD
Publié dans Le Midi Libre le 09 - 08 - 2012

Fatima Mernissi aurait fait du féminisme islamique sans peut-être le savoir, dès lors que sa méthode de travail avait consisté à revendiquer des droits pour les femmes à partir de référents religieux, revus et relus au travers d'une «exégèse» du dispositif théologique nourrie cependant aux catégories conceptuelles empruntées, grosso modo, aux sciences humaines et à la sociologie. Nous n'avions pas pu ne pas penser à Fatima Mernissi en écoutant la communication de Cherifa Bouatta, professeure de psychologie à l'université d'Alger, qui participait mardi soir aux côtés de Nadia Aït Zaï, directrice du Ciddef (Centre d'information et de documentation sur les droits de l'enfant et de la femme), à une conférence-débat organisée par l'Initiative pour la refondation démocratique (IRD) en son siège à Alger. Ayant pour thème : «La conquête de l'égalité des droits : un combat permanent», le débat centré sur la question féministe en Algérie, a été modéré par Sabah Bounour, ex-députée qui a introduit le sujet en faisant un bref rappel de la lutte et des conquêtes des femmes dans le monde.
Montée du féminisme islamique
Evoquant le mouvement féministe islamique en Algérie Mme Bouatta, qui a consacré un doctorat d'Etat au mouvement féministe algérien, devait souligner la spécificité de ce courant idéologique qui milite pour l'égalité entre les sexes tout en puisant son argumentation dans les hadiths et le Coran, il est vrai, sans aller jusqu'à se servir comme le fait Mernissi d'une grille de lecture qui fait entorse au cadre fixé par la confrontation avec la loi canonique stricto sensu. En Algérie, « les féministes islamiques et non islamistes, précise Mme Bouatta, n'ont pas produit de théories, elles ont fait seulement le social et le caritatif, elles n'ont pas pris la parole pour défendre leur point de vue ». Née en Iran, au lendemain de la révolution islamique qui a emporté le shah, cette variante de la militance féministe s'adosse, explique l'oratrice, sur une idéologie pan islamique. Elle fait figure, c'est le cas de le dire, de tentative, un tantinet molle, comparativement au courant qui se revendique de l'histoire algérienne et notamment de la guerre d'indépendance.
Attractivité des moudjahidate
L'attractivité qu'exercent les moudjahidate (maquisardes) est primordiale au sein de ce mouvement qui fait également siennes les luttes féministes en Occident. « Nous étions nourris aux idéaux du socialisme et des moudjahidates, quand ces anciennes maquisardes ont rejoint les féministes, cela nous a fait du bien » poursuit Mme Bouatta. Elle insiste sur l'importance du travail associatif et politique ainsi que sur la formation universitaire dont les femmes avaient pu tirer profit.
Rôle des partis de gauche
Retraçant les débuts du mouvement féministe en Algérie, l'oratrice souligne ce fait que les militantes appartenaient à des partis de gauche ou d'extrême-gauche qui défendaient un projet centré sur l'édification nationale et non spécialement sur la revendication de l'égalité entre les sexes, postulant que le désir du maintien du patriarcat peut s'exprimer même au sein des partis les plus modernistes, qui, à l'occasion peuvent justifier le fait de ne pas se consacrer en premier à la question de l'égalité.. Et d'ajouter
« c'est l'activisme du mouvement associatif féministe qui a fait réagir les formations politiques », mais elle relève que les conflits qui avaient surgi plus tard au sein du mouvement associatif féministe « n'étaient pas dus aux femmes mais aux partis politiques ». Et d'ajouter, «c'est là où elles ont fait leur classes, ces femmes ne sont pas tombées du ciel». «Les associations féministes ont été toutes soutenues par les partis de gauche», a-t-elle rappelé. Elle considère les Assises du mouvement associatif, qui se sont tenues en novembre 1990 à Alger, comme un
«moment fondateur au niveau de l'imaginaire». Seize associations venues des quatre coins du pays y avaient pris part. L'émergence de l'islamisme est un coup dur pour les féministes. Sur la page noire du féminisme algérien sont inscrits les prêches incendiaires, les écrits dans les universités, la presse de l'ex-FIS et notamment El Mounquid dont Mme Bouatta dit avoir analysé le contenu. Elle fait état d'une rubrique traitant de la gent féminine où l'on lit que les « femmes sont des moutabaridjates (non voilées), des êtres qui sont presque nues, des occidentalisées, des moins que rien
». «Tout ce discours soutient-elle tend à externaliser les femmes, à les présenter comme un corps étranger ». L'intervention de Mme Aït Zaï a écorné quelque peu la légende dorée des moudjahidate. Elle s'est dite vouloir éviter de faire comme les anciennes maquisardes qui se sont laissées abuser par le pouvoir en acceptant de différer la lutte pour l'émancipation des femmes au motif qu'il y a des priorités, telle que la mise en place d'une industrie, le développement, etc. « On s'est fait piéger jusque dans les années 1996 et même au-delà, nous avions été menées en bateau », s'exclamera avec amertume la directrice du CIDDEF. Mme Aït Zaï ne se fait pas d'illusions, l'idée qu'on se fait de l'égalité entre femmes et hommes n'est pas la même selon que l'on soit féministe ou dirigeant du pays.
« Notre égalité à nous rime avec universalité, tandis que pour eux l'égalité a partie liée avec nos valeurs » (entendez les normes socioculturelles), déplore-t-elle.
Les députées instrumentalisées selon Aït Zaï
Du reste, Mme Zaï ne donne pas cher de la peau des 143 députées femmes issues des législatives du 10 mai dernier. « Pour nous, on va utiliser ces femmes pour faire passer certaines choses, je ne sais pas si c'est comme ça qu'elles le ressentent ». Et de conseiller,
«il faut leur poser la question ». Notons que la prochaine conférence-débat est programmée pour jeudi prochain, elle aura à traiter de la problématique suivante : «Quelle école pour le projet démocratique ? ». Elle sera animée par Baghdadi Si Mohamed, Djaouida Chelha, Mustapha Benkhemou et modérée par M'hand Amarouche. Chapeau pour les initiateurs du débat et disons que convier une représentante du féminisme islamique n'aurait pas été de trop, ce mouvement mérite bien examen, n'est-ce pas ?
Fatima Mernissi aurait fait du féminisme islamique sans peut-être le savoir, dès lors que sa méthode de travail avait consisté à revendiquer des droits pour les femmes à partir de référents religieux, revus et relus au travers d'une «exégèse» du dispositif théologique nourrie cependant aux catégories conceptuelles empruntées, grosso modo, aux sciences humaines et à la sociologie. Nous n'avions pas pu ne pas penser à Fatima Mernissi en écoutant la communication de Cherifa Bouatta, professeure de psychologie à l'université d'Alger, qui participait mardi soir aux côtés de Nadia Aït Zaï, directrice du Ciddef (Centre d'information et de documentation sur les droits de l'enfant et de la femme), à une conférence-débat organisée par l'Initiative pour la refondation démocratique (IRD) en son siège à Alger. Ayant pour thème : «La conquête de l'égalité des droits : un combat permanent», le débat centré sur la question féministe en Algérie, a été modéré par Sabah Bounour, ex-députée qui a introduit le sujet en faisant un bref rappel de la lutte et des conquêtes des femmes dans le monde.
Montée du féminisme islamique
Evoquant le mouvement féministe islamique en Algérie Mme Bouatta, qui a consacré un doctorat d'Etat au mouvement féministe algérien, devait souligner la spécificité de ce courant idéologique qui milite pour l'égalité entre les sexes tout en puisant son argumentation dans les hadiths et le Coran, il est vrai, sans aller jusqu'à se servir comme le fait Mernissi d'une grille de lecture qui fait entorse au cadre fixé par la confrontation avec la loi canonique stricto sensu. En Algérie, « les féministes islamiques et non islamistes, précise Mme Bouatta, n'ont pas produit de théories, elles ont fait seulement le social et le caritatif, elles n'ont pas pris la parole pour défendre leur point de vue ». Née en Iran, au lendemain de la révolution islamique qui a emporté le shah, cette variante de la militance féministe s'adosse, explique l'oratrice, sur une idéologie pan islamique. Elle fait figure, c'est le cas de le dire, de tentative, un tantinet molle, comparativement au courant qui se revendique de l'histoire algérienne et notamment de la guerre d'indépendance.
Attractivité des moudjahidate
L'attractivité qu'exercent les moudjahidate (maquisardes) est primordiale au sein de ce mouvement qui fait également siennes les luttes féministes en Occident. « Nous étions nourris aux idéaux du socialisme et des moudjahidates, quand ces anciennes maquisardes ont rejoint les féministes, cela nous a fait du bien » poursuit Mme Bouatta. Elle insiste sur l'importance du travail associatif et politique ainsi que sur la formation universitaire dont les femmes avaient pu tirer profit.
Rôle des partis de gauche
Retraçant les débuts du mouvement féministe en Algérie, l'oratrice souligne ce fait que les militantes appartenaient à des partis de gauche ou d'extrême-gauche qui défendaient un projet centré sur l'édification nationale et non spécialement sur la revendication de l'égalité entre les sexes, postulant que le désir du maintien du patriarcat peut s'exprimer même au sein des partis les plus modernistes, qui, à l'occasion peuvent justifier le fait de ne pas se consacrer en premier à la question de l'égalité.. Et d'ajouter
« c'est l'activisme du mouvement associatif féministe qui a fait réagir les formations politiques », mais elle relève que les conflits qui avaient surgi plus tard au sein du mouvement associatif féministe « n'étaient pas dus aux femmes mais aux partis politiques ». Et d'ajouter, «c'est là où elles ont fait leur classes, ces femmes ne sont pas tombées du ciel». «Les associations féministes ont été toutes soutenues par les partis de gauche», a-t-elle rappelé. Elle considère les Assises du mouvement associatif, qui se sont tenues en novembre 1990 à Alger, comme un
«moment fondateur au niveau de l'imaginaire». Seize associations venues des quatre coins du pays y avaient pris part. L'émergence de l'islamisme est un coup dur pour les féministes. Sur la page noire du féminisme algérien sont inscrits les prêches incendiaires, les écrits dans les universités, la presse de l'ex-FIS et notamment El Mounquid dont Mme Bouatta dit avoir analysé le contenu. Elle fait état d'une rubrique traitant de la gent féminine où l'on lit que les « femmes sont des moutabaridjates (non voilées), des êtres qui sont presque nues, des occidentalisées, des moins que rien
». «Tout ce discours soutient-elle tend à externaliser les femmes, à les présenter comme un corps étranger ». L'intervention de Mme Aït Zaï a écorné quelque peu la légende dorée des moudjahidate. Elle s'est dite vouloir éviter de faire comme les anciennes maquisardes qui se sont laissées abuser par le pouvoir en acceptant de différer la lutte pour l'émancipation des femmes au motif qu'il y a des priorités, telle que la mise en place d'une industrie, le développement, etc. « On s'est fait piéger jusque dans les années 1996 et même au-delà, nous avions été menées en bateau », s'exclamera avec amertume la directrice du CIDDEF. Mme Aït Zaï ne se fait pas d'illusions, l'idée qu'on se fait de l'égalité entre femmes et hommes n'est pas la même selon que l'on soit féministe ou dirigeant du pays.
« Notre égalité à nous rime avec universalité, tandis que pour eux l'égalité a partie liée avec nos valeurs » (entendez les normes socioculturelles), déplore-t-elle.
Les députées instrumentalisées selon Aït Zaï
Du reste, Mme Zaï ne donne pas cher de la peau des 143 députées femmes issues des législatives du 10 mai dernier. « Pour nous, on va utiliser ces femmes pour faire passer certaines choses, je ne sais pas si c'est comme ça qu'elles le ressentent ». Et de conseiller,
«il faut leur poser la question ». Notons que la prochaine conférence-débat est programmée pour jeudi prochain, elle aura à traiter de la problématique suivante : «Quelle école pour le projet démocratique ? ». Elle sera animée par Baghdadi Si Mohamed, Djaouida Chelha, Mustapha Benkhemou et modérée par M'hand Amarouche. Chapeau pour les initiateurs du débat et disons que convier une représentante du féminisme islamique n'aurait pas été de trop, ce mouvement mérite bien examen, n'est-ce pas ?


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