En dépit d'une mobilisation grandiose du peuple algérien, le régime trouve toujours des prétextes pour qu'il ne réponde pas positivement à la demande légitime des citoyens. À chaque fois, il nuance la mobilisation en opposant le hirak béni au hirak actuel. Bien que la composante du peuple n'ait pas changé depuis 2019, le clan régnant veut réduire la révolution du sourire à la simple demande de départ de Bouteflika.En tout cas, si tel était le cas, on pourrait dire que la révolution de février 2019 a juste permis le remplacement de Bouteflika par Tebboune. C'est-à-dire une succession interne. Qui est-ce qui a changé depuis l'intronisation de Tebboune ? Sur certains plans, la situation s'est gravement dégradée. Ainsi, sur le plan sécuritaire, la situation ne cesse de se détériorer. Certains vont jusqu'à dire que les conditions de l'exercice de la citoyenneté étaient plus clémentes sous Bouteflika. Malheureusement, tout en cherchant à restructurer le régime pour qu'il perpétue sa domination sur la société, les décideurs reprochent au peuple algérien son intransigeance. Dans sa dernière rencontre avec « la presse », Tebboune ne dit-il pas que même si le peuple est contre sa politique, il poursuivra le parachèvement des institutions. Ce qui veut dire que le régime continue à bâtir les institutions contre la volonté populaire. Faut-il rappeler, à ce propos, que les premières revendications du hirak étaient l'application des articles 7 et 8 de la constitution et le départ, sans condition, de tous les responsables de la crise nationale. Hélas, le régime n'a pas répondu à ces demandes. Car, les élections que demande le peuple ne sont pas préparées par le DRS, mais par une commission indépendante. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les conditions ne sont pas encore réunies. En guise de réponse, le régime a donc intronisé sa façade civile le 12/12/2019. Comme tous les chefs de l'Etat, Tebboune s'est taillé une constitution à la hauteur de ses ambitions. Et pour clore la période de transition, pour reprendre l'expression de Macron, Tebboune veut élire son parlement qui, dans la tradition algérienne, ne joue aucun rôle. Car, sa soumission au pouvoir exécutif n'est pas à démontrer. Et pourtant, si le régime avait voulu vraiment l'apaisement, il aurait profité de la crise sanitaire pour s'ouvrir et concéder sur certains points. Or, bien que les manifestations se soient arrêtées à l'initiative du hirak, le régime a redoublé de férocité. Les arrestations, pour des post sur Facebook, sont la preuve que le régime ne concède rien. Tout ce qui l'intéresse, c'est la poursuite de sa feuille de route. Ainsi, avant la reprise du hirak, le régime a planifié le renouvellement du parlement en pensant que la mobilisation de la rue était derrière eux. Soutenu par sous-traitants traditionnels, le régime ne se soucie nullement de l'avis de la grande majorité du peuple algérien. Et malgré tout ça, il parle de la démocratie et de la rupture avec l'ancien régime. Enfin, s'il doit y avoir une opposition entre le hirak béni et le hirak tout court, c'est que le hirak béni n'est ni démocratique ni représentatif.