En décembre 1960, l'armée française dispose de 467 200 militaires en Algérie et 94 387 supplétifs, elle se targue d'avoir réussi à pacifier l'Algérie. L'Etat colonial engoncé dans ses certitudes, refuse toute perspective d'indépendance pour le peuple algérien. LE VOYAGE DE DE GAULLE EN ALGERIE OU « LA TOURNEE DES POPOTES » Le 4 décembre 1960, dans une déclaration radiotélévisée, De Gaulle essaie de promouvoir un projet néocolonial rejetant toute négociation avec les représentants du Gouvernement Provisoire de la Révolution Algérienne (GPRA). Il promet une vie meilleure aux Algériennes et Algériens en engageant des réformes économique et sociales à travers « le plan de Constantine » et la construction de « 1000 villages » et sur le plan politique, il propose le projet d'une « République Algérienne » dont le contenu sera soumis à un référendum le 8 janvier 1961. Pour évaluer l'adhésion de la population européenne, il entame un voyage en Algérie du 9 au 12 décembre 1960 dans un climat de tension extrême. Les ultras organisés dans le Front de l'Algérie Française (FAF) et quelques unités de l'armée françaises conduites par le général Jouhaud décident d'accueillir De Gaulle par un appel à la grève générale et par des slogans d'une rare véhémence. Dès le 10 décembre, des milliers d'Algériennes et Algériens affluent des quartiers populaires et des bidonvilles convergeant vers la Rue de Lyon (Belouizdad). Arborant des drapeaux algériens, les manifestants scandent des slogans patriotiques en faveur de l'indépendance. Des Européens tirent des fenêtres sur la foule faisant de nombreuses victimes. LE 11 DECEMBRE 1960 : UNE JOURNEE DECISIVE En cette matinée pluvieuse du dimanche 11 décembre, une question taraude les esprits : la répression de la veille allait-elle dissuader les Algériens à descendre dans la rue ? Des la fin de la matinée, dans de nombreux quartiers de la capitale, essentiellement de Belcourt, des cortèges de femmes prennent la tête des manifestations défiant les nombreux barrages dressés par l'armée. Les soldats ouvrent le feu, nombre de femmes gisent dans leur sang. La vision de leurs Haïks rouges de leur sang soulève une indescriptible vague d'émotion. Les manifestants ne se résignent pas à fuir devant le danger de mort, ils poursuivent, en guise d'indignation, leur marché n'ayant pour armes que le courage, la soif de liberté et l'amour de la patrie. La flamme de Belcourt se répand dans toutes les villes du pays grâce à une admirable capacité d'auto-organisation dans laquelle les femmes jouent un rôle majeur face à une impitoyable répression de l'armée française et les exactions perpétrées par les colons civils issus des rangs du Front de l'Algérie Français. Le bilan s'alourdit de jour en jour pendant plus d'une semaine faisant des dizaines de martyrs. LE RÔLE DECISIF DES CLASSES POPULAIRES DANS LA LUTTE POUR L'INDEPENDANCE Cette répression sauvage en présence de nombreux médias internationaux provoque des vagues d'indignation à travers le monde. L'Etat colonial ne peut plus soutenir sa thèse propagandiste sur le fait que la revendication de l'indépendance de l'Algérie est portée par une minorité de terroristes appartenant au FLN. L'héroïque mobilisation des classes populaires algériennes forcent De Gaulle à abandonner son projet néocolonial de « troisième voie ». C'est le début de la victoire du peuple. Une victoire qui est encore plus retentissante lorsque le 14 décembre 1960, l'Assemblée Générale de l'ONU adopte « le droit à l'autodétermination des peuples » ainsi qu'une résolution qui reconnaît « le droit de libre détermination comme base pour la solution du problème algérien ». En scrutant l'histoire de notre pays et l'histoire du monde, on sait qu'un peuple uni et déterminé ne sera jamais vaincu. Cette vérité, valable hier face au colonialisme, l'est encore face au système dictatorial qui a confisqué l'indépendance dès 1962.