L'information est tombée comme un couperet jeudi après-midi et vendredi matin à Blida. Des 107 malades admis à l'hôpital de Boufarik pour dysenterie, 37 sont atteints de choléra dont un homme de 47 ans et une femme enceinte sont morts dans des circonstances obscures. Si la cause de la mort par le choléra du premier cité a été confirmée, celle de la femme enceinte ne l'est pas encore puisque sa coproculture est en cours d'analyse, apprend-on de source hospitalière. Dès lors, la psychose s'installe rapidement à Blida d'autant que l'annonce se propage comme une traînée de poudre. Des proches des personnes atteintes accourent vers le service infectieux de l'hôpital de Boufarik pour s'enquérir de l'état de santé des siens qui sont, illico presto, mis en isolement. Les visiteurs ne sont pas autorisés à y entrer par peur qu'ils en soient à leur tour contaminés. Certains sont pris de panique et frissonnaient de peur à l'idée de voir leurs parents mourir sachant que le choléra est une pathologie pouvant causer la mort. Et justement, c'est ce qu'ils vont apprendre lorsque ils entendirent des cris et des pleurs fusant de l'intérieur de l'hôpital. L'alerte est vite donnée et certains ne pouvaient même se tenir sur leurs pieds lorsque le décès est confirmé. Sauf qu'il est annoncé que le malade n'est pas mort de choléra mais plutôt d'une crise cardiaque. Les suspicions vont gagner du terrain et les parents de la victime rejettent en bloc cette hypothèse surtout qu'il leur était refusé de prendre ses effets vestimentaires. «Pourquoi refuse-t-on de nous donner ses habits si ce n'est pour les incinérer afin que nous ne soyons pas contaminés», hurlait à qui voulait l'entendre un proche de la victime, originaire de la commune de Bouarfa, à trois kilomètres à l'ouest de Blida. Selon des témoins, cette dernière avait contracté le microbe par contagion lors d'une visite chez un ami. Hier matin, une autre information donnait la mort d'une femme enceinte à l'hôpital de Boufarik. Il importe de souligner que des analyses bactériologiques d'échantillons d'eau et autres matières sont effectuées pour localiser l'origine de cette épidémie à Blida. Toutefois, des citoyens avancent que le premier foyer d'où s'est propagé le microbe du choléra est la cité bidonville de Beni-Azza, implantée sur la rive d'un oued devenu un égout à ciel ouvert et situé à la frontière entre Blida et Ouled-Yaïch. Un nombre de malades évacués à l'hôpital de Boufarik en sont issus. D'aucuns ont été jusqu'à accuser les migrants africains qui sont installés dans les alentours de ce oued d'avoir disséminé la maladie dans ce lieudit. Cette thèse est corroborée par l'information relayée sur les réseaux sociaux et qui donne 12 morts et l'atteinte de 134 personnes par le choléra dans l'Etat d'Adamawa, au nord du Nigeria. Par ailleurs, et sur les mêmes réseaux sociaux, on va jusqu'à conseiller les citoyens à travers de ne pas boire une marque d'eau minérale en bouteille qui ferait l'objet d'analyse au niveau de l'Institut Pasteur. Et voilà qu'un autre doute s'installe et les citoyens ne savent plus à quel saint se vouer. En effet, juste après que l'information fut donnée, certaines ménages ont carrément déversé dans les éviers toutes les bouteilles d'eau minérale de cette marque en stock chez elles alors que d'autres ont profité pour en irriguer leurs plantes intérieures. S'agit-il d'une intox ? Tout le monde est sur le qui-vive et toute information est vite avalée. Il faut dire qu'hier, les Blidéens ne bousculaient pas aux portes des laitiers comme à l'accoutumé pour l'achat du petit-lait, aliment sacré en ce jour de vendredi, pour accompagner le couscous. Le cas d'intoxication de dizaines de personnes l'an dernier est resté vivace dans leur esprit et surtout ravivé par le cas récent de choléra.Il est à noter que quelques malades ont été transférés au service néphrologique de l'hôpital Frantz-Fanon de Blida pour subir une hémodialyse temporaire car ces derniers sont atteints d'insuffisance rénale suite aux effets secondaires de la déshydratation. M. B.