Le Parti des travailleurs lance une large campagne politique visant la libération immédiate et inconditionnelle de la secrétaire générale, mise sous mandat de dépôt, jeudi dernier, après son audition le même jour au tribunal militaire de Blida. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Par la voix de son membre du bureau politique Ramdhane Youcef Taâzibt, le PT a invité l'ensemble des acteurs politiques, syndicaux, partis et députés à s'impliquer dans cette campagne de soutien à Hanoune dont il dit « ignorer jusqu'à maintenant les raisons de son incarcération». Pour Taâzibt, qui s'exprimait dans un point de presse, hier, samedi, au siège national du parti, à El-Harrach, l'incarcération de la secrétaire générale du PT est «arbitraire et injuste» qui vise à «faire payer au PT ses positions politiques refusant l'immixtion du militaire dans la sphère politique». Et d'avouer que Hanoune savait que son sort était scellé en allant au tribunal militaire de Blida car il est inconcevable qu'un responsable politique soit convoqué par une quelconque partie militaire. Une convocation à laquelle, selon Taâzibt, elle «s'attendait et s'y est d'ailleurs préparée». Car, cette incarcération était précédée d'une campagne de dénigrement menée contre elle via les réseaux sociaux. Une campagne qui objectait, selon Taâzibt, de préparer l'opinion publique à cette audition et ensuite à l'incarcération de Hanoune. Une incarcération qui «ne fait pas peur aux militants du PT et ne se tairont pas et ne reculeront pas jusqu'à la libération de leur camarade militante», estime encore l'orateur. «Chaque minute que passe Hanoune en prison constitue une hogra et une injustice à l'encontre d'une femme militante, honorable qui milite depuis 45 ans dans la lutte contre la corruption. Ce qui fait que sa place est parmi le peuple et pas dans une cellule.» Le cadre dirigeant du PT affirme, par ailleurs, qu'aussi bien le PT que les avocats et la famille de Hanoune ignorent tout des chefs d'inculpation retenus contre celle à laquelle toute visite a été également refusée. Et à Taâzibt de rappeler que Hanoune s'est de tout temps interdit le double discours, militant contre le système corrompu, le projet avorté de cinquième mandat présidentiel, contre l'ingérence étrangère et pour des solutions algériennes à la crise du pays. Pour lui, l'incarcération de Hanoune ouvre une nouvelle ère dans le pays et confirme la poursuite du régime totalitaire visant à criminaliser l'action politique mais également le mouvement populaire en cours depuis le 22 février écoulé et les voix libres dans le pays. Intervenant à l'occasion, l'ancienne ministre de la Culture, Khalida Toumi, a qualifié la mise sous mandat de dépôt de Hanoune de «virage dangereux» pour le combat politique dans le pays, exigeant sa libération «immédiate et sans condition», non sans inviter les commanditaires de cette démarche à «ne pas refaire» ce genre «d'erreurs» avec d'autres. Toumi n'a pas manqué d'interpeller les chaînes de télévision qui ont diffusé en boucle les images de Louisa Hanoune arrivant au tribunal militaire de Blida. « Elle a été filmée sans qu'elle le sache. C'est une atteinte aux droits de l'Homme. Même la Constitution, à laquelle certains s'attachent, interdit ces comportements», s'est-elle indignée, non sans considérer que le fait de passer ces images en boucle «vise un objectif». Pour l'ancienne ministre de la Culture, «c'est un viol qui n'honore pas la presse». M. K.