Coup dur pour l'industrie nationale. L'Eniem et Condor, deux entreprises au potentiel avéré, font face à de grosses difficultés, obligeant leurs dirigeants à recourir à un arrêt de l'activité pour la première et au licenciement de près de 2 000 employés pour la seconde. Toutes deux font les frais de la décision d'interdire l'importation des kits SKD-CKD, prise dans une tentative de freiner la fonte des réserves de change. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Deux mauvaises nouvelles en l'espace de moins d'une semaine. L'Eniem, fleuron de l'industrie électroménagère, et Condor, entreprise privée spécialisée dans l'électronique et l'électroménager, annoncent, tour à tour ,leur impossibilité à poursuivre leurs activités. Toutes deux se plaignent de la rupture de leurs stocks de kits de montage indispensables à la bonne marche des chaînes de montage. La filière est ainsi touchée de plein fouet par les décisions et contre-décisions prises au cours de ces dernières années. Le gouvernement Bédoui s'était saisi du dossier dans une tentative d'assainir une filière qui, disait-on, avait bénéficié de beaucoup trop d'avantages avec des importations de kits de montage qui alourdissait la facture globale et faisait fondre les réserves de change. Des autorisations d'importation avaient été mises en place avec la promesse de l'élaboration d'un nouveau cahier des charges. En septembre dernier, le gouvernement imposait de nouvelles dispositions à la filière, obligeant les entreprises à contracter un crédit fournisseur pour pouvoir importer les kits à recourir au pavillon national pour transporter les kits importés. La Banque d'Algérie faisait, en effet, savoir sa décision de substituer le paiement cash des importations par le recours au différé de paiement de neuf mois pour toutes les opérations d'importation des produits électroménagers et de téléphonie. Une décision qui avait fait réagir les entreprises qui se demandaient alors comment convaincre leurs fournisseurs étrangers d'expédier de la marchandise en Algérie et d'attendre neuf mois avant d'être payés. Quelques mois plus tard, c'est toute la filière qui est en naufrage. L'Eniem, employant 1 700 employés arrêtera sa production dès aujourd'hui. Les dirigeants de l'entreprise publique ont, en effet, fait savoir que « l'employeur et le partenaire social se voient contraints de convenir d'un arrêt technique d'activité à partir du 2 février prochain et ce, conformément à la convention collective de l'entreprise ». Raisons invoquées : « l'arrêt de l'importation des collections CKD qui a provoqué une rupture de stocks et des collections CKD/SKD », assure la direction qui évoque également des problèmes de trésorerie. « Toutes les démarches effectuées par l'entreprise auprès de la Banque extérieure d'Algérie (BEA), et de la tutelle pour débloquer la situation financière de l'entreprise afin d'assurer les approvisionnements nécessaires à l'activité production, demeurent à ce jour sans suite et ce, malgré le plan de charge ambitieux présenté par l'entreprise », explique la direction de l'Eniem qui ajoute avoir introduit de nombreux recours et frappé à plusieurs portes des institutions financières, en vain. L'entreprise privée Condor Electronics ne connaît pas de sort meilleur. Spécialisée dans la fabrication d'équipements électroniques et électroménagers, elle annonce être contrainte de mettre au chômage technique près de 40% de son effectif. Une mesure qui touchera environ 1 000 employés exerçant au sein d'unités de montage de téléphones mobiles et d'articles électroménagers. Raisons invoquées : des difficultés liées à l'approvisionnement en matières premières ainsi que des retards dans la délivrance des licences d'importation. Le sort que connaissent ces deux entreprises interpelle aujourd'hui le gouvernement qui ne peut rester spectateur face à la faillite de tout un secteur. N. I.