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Une Toussaint particulière
Publié dans Le Soir d'Algérie le 02 - 11 - 2020


Par Naoufel Brahimi El Mili
En France, malgré le confinement strict, une tolérance est silencieusement décrétée pour permettre aux vacanciers de rejoindre leurs domiciles. C'est le dernier week-end des rituelles vacances de la Toussaint. Fête religieuse qui n'est pas à l'abri d'attaques terroristes, hélas. De nouveau, Nice, ville française mais banlieue-nord d'Alger pour certains tenants de l'ancien et du très ancien régime algérien, est sauvagement frappée par un acte inqualifiable. La tension monte. Il en est de même en Algérie où un référendum est fixé à la date anniversaire de la geste historique des «Enfants de la Toussaint», ces grands héros de la première heure qui avaient donné le la de l'indépendance de notre pays.
Pour cette votation, les consulats algériens à l'étranger ont installé des urnes pour que leurs ressortissants puissent s'exprimer. A Paris, ville dans laquelle je suis confiné depuis quelque temps, les Algériens peuvent se déplacer pour voter en téléchargeant la dérogation du site du ministère de l'Intérieur qui autorise ce déplacement électoral en cochant la case «Convocation judiciaire ou administrative et rendez-vous dans un service public».
Ainsi, les Algériens de France étaient prévenus de cette disposition exceptionnelle par des SMS envoyés par leurs consulats respectifs. Ainsi, du moins à Paris, un impressionnant dispositif policier était déployé autour du consulat général. Plus de deux cents mètres de trottoirs réservés exclusivement aux détenteurs de la carte d'identité nationale algérienne.
Des gendarmes français reconnaissent ma CNI, sans la lire, au regard des lettres arabes, l'officier en faction me laisse passer avec un sourire rayonnant. Peut-être une façon de me dire que dans cette mission, les Algériens ne sont pas du tout la cible, mais ils sont à protéger. Pour une fois ? La France avait consacré des milliers de mètres carrés rien que pour nous. Je ralentis mes pas pour laisser exprimer mon algérianité si des riverains regardaient à travers leurs rideaux. Trop lentement, je me dirige vers notre consulat général, sous un soleil qui me fait oublier le confinement. Besoin est de préciser que, dans cette enceinte consulaire, le dispositif était réglé au millimètre-seconde.
Ma carte d'électeur perdue et inusitée sous Bouteflika est imprimée en quelques dizaines de secondes. Je suis invité à monter à l'étage. En montant, je croise des électeurs âgés qui se font aider dans leur descente par des contractuels consulaires. Une dame avec un sourire accueillant prend en main ma CNI.
Mon nom composé est assez vite retrouvé, peut-être à cause de la rareté d'homonymes. Muni de deux feuillets de couleurs différentes, je rentre dans l'isoloir. Je lance d'abord un coup d'œil appuyé à la poubelle où la couleur bleue est débordante. J'ai fait mon choix, je vais déposer mon bulletin dans l'urne. Une fois ce geste accompli, à ma grande stupéfaction, je me vois invité à signer avec mon index gauche plongé préalablement dans un encrier.
Ma CNI est numérisée avec une puce, mais je signe avec mon doigt. L'encre ne me dérange pas, elle m'encourage à faire la vaisselle entassée sur mon évier. Je sors. En foulant ce long trottoir, interdit, le temps d'une journée, aux Français de souche, je me dis par fainéantise intellectuelle que les relations franco-algériennes sont au beau fixe. Après qu'une ou deux neurones soient entrées en action, sous ma boîte crânienne, je pense tout à fait le contraire. Pourquoi ? Les réponses sont nombreuses et je tente grâce à d'autres neurones encore opérationnelles de les hiérarchiser. Tout d'abord, je pense à un record mondial battu par la diplomatie algérienne en faisant recevoir le nouvel ambassadeur de France accrédité à Alger, François Gouyette, par le président Abdelmadjid Tebboune, seulement trois jours après son arrivée. Un geste fort. Encore plus fort si je rappelle que de nombreux ambassadeurs étrangers avaient fini leur mission en Algérie en repartant avec dans leurs bagages l'original de la lettre de créance destiné à Abdelaziz Bouteflika, président du moment, un moment qui avait duré vingt ans. Et voilà que la diplomatie de l'Algérie nouvelle lance une balle neuve en direction de l'Elysée, en s'attendant à une réciprocité. Seulement la raquette du président français a des trous. Surprenant, non ? Candidat à la présidentielle de 2017, Emmanuel Macron a affirmé devant le journaliste algérien Khaled Drareni : «La colonisation, c'est un crime. C'est un crime contre l'humanité. C'est une vraie barbarie, et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l'égard de celles et ceux vers lesquels nous avons commis ces gestes.» Le candidat heureux à la présidentielle dernière se présente, par cette déclaration, face aux Algériens, notamment ceux de France, car ils votent. Il a la posture d'un impatient de l'histoire. Plus précisément vis-à-vis d'une guerre de Libération déclenchée la veille de la Toussaint 1954, il veut présenter ses excuses à l'Algérie.
Une fois ces propos connus en France, le plus virulent de ses détracteurs était un certain Gérald (Moussa) Darmanin. Il était alors directeur de campagne du candidat François Fillon, sa riposte aux propos algérois du candidat En Marche était sans appel : «Honte à Emmanuel Macron qui insulte la France de l'étranger !» Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts. Darmanin est ministre de l'Intérieur du même Macron qui lui faisait honte. Seules ou presque des neurones tordues comme les miennes rappellent ces faits.
Une fois ce décor d'ambiance générale planté, je reviens à mon sujet. Par une source française bien placée, je me suis entendu dire que le président Macron ne peut recevoir les lettres de créance du nouvel ambassadeur algérien avant janvier 2021. J'espère que l'Elysée va démentir mon informateur très fiable. Toutefois, ni la réciprocité ni la symétrie ne sont respectées sur ce registre des relations toujours sensibles entre Paris et Alger. La copie originale des lettres de créance algériennes sont toujours à la chancellerie, quelques semaines plus tard. Pour un impatient de l'histoire, c'est curieux.
Cependant, la Covid-19, un presque commode et invisible microbe, a bon dos. Un dos très large. Toujours est-il, malgré la bonne volonté d'Alger, je crois que les relations franco-algériennes sont atteintes d'un virus qui ne craint aucun masque car du côté de Paris, ils sont nombreux à tomber.
Choqué et à juste titre par un attentat horrible contre un professeur français, le ministre dénonce les rayons de cuisine communautaire dans les rayons des supermarchés. Bas les masques. Chacun sait que les fajitas mexicaines ne menacent pas la France, depuis Napoléon III, Second Empire.
Se développe un discours de séparatisme et qui a sa cohérence interne, mais qui ne sépare pas la haine des stigmatisations hâtives. Au moment où le recteur de la Mosquée de Paris cherche ses marques dans un contexte tumultueux et peu serein, voilà que le président Macron promet dix millions d'euros à la Fondation de l'islam de France dirigée par Ghaleb Bencheikh qui attaque en justice ce même recteur de la Mosquée de Paris. Pourtant, il est peu farouche aux recommandations (sur ma feuille, j'ai raturé avec ma plume et d'un trait ferme le mot injonction peut-être par souci d'exactitude). Double langage ou gestion calamiteuse de la confusion qui se veut savante ? L'un n'empêche pas l'autre, tant que les Algériens s'attaquent devant la justice française, les pouvoirs publics nous rappellent l'indépendance des magistrats à longueur de journée, j'en suis presque convaincu. Et quid du magistrat suprême ?
Mon inventaire à la Prévert sur les relations un peu heurtées entre les deux pays phares des deux rives de la Méditerranée serait incomplet si je ne parle pas d'une honteuse attaque dans la presse française dont Benjamin Stora est encore la cible. En date du 28 octobre dernier et sous la plume de Jean-Michel Weissgerber, sans doute un nostalgique de l'Algérie française, circule sur le Net un article à charge titré : «Macron doit se séparer de Benjamin Stora.». Encore un amalgame entre les questions mémorielles, le Pr. Stora a déjà rendu ses conclusions au président de la République. Pourtant, la question du terrorisme islamiste y reste quelque part associée.
À cette heure-ci, tard dans la nuit, en plein confinement, mes neurones me font peut-être écrire des amalgames et raccourcis hasardeux.
Les attentats condamnables et condamnés dressent en creux une similitude entre l'islam radical et les musulmans de France qui sont majoritairement algériens. Les ressortissants natifs de la Tchétchénie et la Tunisie n'ont rien à voir avec les Algériens de France. Et pourtant, ils sont insidieusement la cible et de par leur nombre et leurs divisions qui s'illustrent par un procès mené par un Algérien considéré comme un des représentants de l'élite musulmane; sur ce point, je conserve mon opinion pour moi contre le recteur de la Grande mosquée que je ne défends pas. Il est avocat et il défend bien même ses contradictions réelles ou apparentes.
Cela fait désordre quand des Algériens «bien nés», expression mise entre guillemets car je pense que tous les Algériens sont bien nés, mais ici, je tente de faire apparaître des conflits incompréhensibles, en dehors de considérations d'égos et d'autres sans doute, entre des élites désignées ou reconnues par les autorités françaises. Mon sujet n'est pas la Mosquée de Paris, encore moins son recteur au sujet duquel je m'étais interdit d'écrire, c'est trop tôt, attendons. Il est encore plus tard et je peux dire n'importe quoi. Je ne me retiens pas. La Mosquée de Paris dispose d'un budget de deux millions d'euros environ.
La Fondation de l'Islam de France sera dotée, selon la promesse d'Emmanuel Macron, de dix millions d'euros. Et comment vais-je croire en la neutralité de l'Elysée à l'égard de l'Algérie ? Le futur bénéficiaire du pactole élyséen est ou se présente comme l'héritier de la véritable association des Oulamas. Sujet que je pense connaître un peu au point où j'en ai fait récemment une chronique pour le Soir d'Algérie. Je ne vais donc pas me répéter ; pourtant, certains comportements me font «péter un plomb». Pardon du terme, je plaide spontanéité et colère à peine contrôlée. Je me calme. À mes yeux, la Mosquée de Paris est un domaine à préserver dans le giron de l'Algérie, seul pays à avoir connu une guerre terroriste menée à grande échelle et dans la durée par les islamistes radicaux les plus sanguinaires. Je m'élève contre une personnalité reconnue par les autorités françaises au point de lui accorder la promesse de dix millions d'euros ; et comme je connais ce monsieur, mon cri de colère reste mesuré. Je m'élève surtout contre les autorités françaises qui restent à la recherche «coûte que coûte» d'un représentant des musulmans de France.
A la place Beauvau, siège du ministère de l'Intérieur dirigé par le «Sarkozy du pauvre» ou quasiment en face, à l'Elysée, on doit penser que payer c'est contrôler. C'est la politique saoudienne pratiquée depuis plus d'un demi-siècle avec le succès que l'on sait.
Je termine cette chronique par une espérance, celle d'avoir tort. L'Elysée ne va quand même pas, sous prétexte de confinement, retarder à l'an prochain la réception des lettres de créance du nouvel ambassadeur d'Algérie en France. Je suis sûr qu'il portera un masque comme il le fait à chacun de ses déplacements.
Chers lecteurs, ne croyez pas que je roule pour lui. Je ne le connais pas et en plus, depuis une certaine chronique que vous m'avez fait l'amitié de lire dans ce même journal, je ne pense pas être en odeur de sainteté dans cet hôtel particulier aux abords du parc Monceau. Je roule pour une nouvelle Algérie en cette veille du 1er Novembre, de la Toussaint, ici, en France.
N. B. E. M.


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