Durant l'absence d'Abdelmadjid Tebboune, dont on annonce le retour au pays, il a été beaucoup question d'ingérence étrangère. Et, une fois n'est pas coutume, ce n'est pas le pouvoir politique qui a accusé Emmanuel Macron d'ingérence — il avait qualifié Abdelmadjid Tebboune d'homme « courageux » — mais l'opposition démocrate et, à un degré moindre, le MSP. On a ainsi vu Mohcine Belabbas (RCD) et Karim Tabbou (UDS) fustiger vertement le Président français pour son soutien à son homologue algérien ! Un soutien que, paradoxalement, l'APS et les médias publics ont ignoré ou évité de commenter ! Cette affaire à peine tassée, voilà que le Parlement européen (PE) est cette fois-ci critiqué par le pouvoir politique et des partis ayant soutenu le 5e mandat, pour sa résolution sur la détérioration des droits de l'Homme en Algérie. Si le pouvoir politique, qui est dans son rôle, a vivement réagi parce que cette résolution – la seconde en moins d'une année – pointait directement l'Algérie, la réaction outrée des partis politiques et de leurs députés et sénateurs, qui avaient soutenu le 5e mandat avant de rallier opportunément le camp vainqueur, prête à sourire ! Avant de poursuivre, il est utile de rappeler que l'Accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne, signé en 2005, fait expressément mention du respect des droits de l'Homme et de la liberté d'expression et de la presse par l'Algérie. Bien plus, on a tendance à l'oublier, l'Algérie est signataire du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP). On peut arguer, à juste titre, que s'agissant des droits de l'Homme et des libertés, le PE fait montre de deux poids deux mesures. À l'égard d'Israël, il l'appelle à « la plus grande retenue » quand son armée ouvre le feu et bombarde les civils palestiniens. S'agissant des centaines d'enfants palestiniens détenus sans jugement en Israël, il demande à l'Etat hébreu de « réformer le système judiciaire appliqué aux enfants palestiniens » lesquels sont passibles de prison dès l'âge de 12 ans ! Quant au Maroc, il n'a que rarement fait l'objet d'une résolution concernant les violations des droits humains. Concernant le Hirak dans le Rif, le Parlement européen et les institutions européennes sont restés bien silencieux comme le constate le journal en ligne le Courrier du RIF du 9 février dernier ! Et ce, en dépit des lourdes condamnations de Nasser Zefzafi et de ses compagnons à des peines de 10 à 20 ans de prison ! Quant aux Sahraouis, ils comptent peu, comme en atteste le vote du 12 février dernier par le Parlement européen de l'accord de pêche UE-Maroc qui sera appliqué aux eaux du Sahara Occidental ! Pour autant, évoquer cette situation de « deux poids deux mesures » ne doit pas occulter ce qui se passe en Algérie, surtout après un Hirak aussi exemplaire. A-t-on oublié l'emprisonnement du général à la retraite Benhadid et du regretté commandant Lakhdar Bouregaâ pour des propos qui relèvent à la limite du délit d'opinion ! Et que dire de la situation du général Ali Ghediri ? Faut-il ajouter qu'il ne se passe pas une semaine sans qu'un activiste du Hirak soit condamné. Dernière en date, la condamnation à deux ans de prison de Dalila Touat, porte-parole du comité local des chômeurs, par le tribunal de Mostaganem. Et comme elle, ils sont nombreux à avoir été condamnés pour avoir exprimé avec leurs propres mots, leurs opinions sur les réseaux sociaux ou pour avoir pris part à des rassemblements. Ce sont ces faits-là qui nuisent à l'image du pays à l'étranger et attirent le regard des ONG de défense des droits de l'Homme, et rien d'autre ! Au lieu donc de s'étrangler d'indignation devant les réactions du Parlement européen, des ONG de défense des droits humains ou des médias européens, ne vaudrait-il pas mieux ne pas leur fournir le bâton avec lequel ils frapperont ? Le 12 décembre, Abdelmadjid Tebboune bouclera un an de mandat. Et face à la dégradation de la situation sanitaire et des indicateurs économiques, à quoi s'ajoute l'ouverture d'un troisième foyer de tension – le Sahara Occidental – en plus de la Libye et du Sahel, tout plaide pour un climat de détente, à savoir la libération des détenus d'opinion. Car en matière de respect des libertés et des droits de l'Homme, l'Algérie devrait être un exemple à suivre, comme elle l'a été dans les années 70 en matière de récupération de ses richesses énergétiques et de soutien aux mouvements de libération. H. Z.