Le strict respect des mesures barrières ordonné par le président de la République nécessite apparemment un peu de temps pour son application sur le terrain. Hier mercredi, au premier jour de ces instructions, la situation n'a pas globalement changé. Les commerces, les transports et autres lieux publics qui ont oublié le respect du protocole sanitaire, vont certainement attendre les premières contraventions pour se conformer aux mesures préventives. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - La courbe ascendante du nombre de contaminations, au Covid-19 en Algérie, alerte sur la dangerosité de la situation. Le risque d'une troisième vague de la pandémie qui plane, s'accentue. Les professionnels de la santé pointent du doigt le flagrant relâchement de la population quant au respect des mesures barrières. Ils ne cessent depuis des semaines de tirer la sonnette d'alarme sur l'abandon des gestes barrières par les citoyens. Selon eux, le laxisme des autorités chargées de veiller au respect de ce protocole sanitaire a favorisé ce relâchement. Une situation qui a interpellé le président de la République, qui a ordonné lors de la réunion consacrée à l'évaluation de la situation pandémique en Algérie, tenue mardi dernier, d'intensifier les campagnes de sensibilisation sur les mesures préventives à respecter dans tous les espaces et structures publiques, notamment les établissements éducatifs, les mosquées, les marchés, les commerces et les moyens de transport. Il a également insisté sur les contraventions qui «doivent être dressées avec rigueur, parallèlement à l'intensification du contrôle du respect des mesures préventives». Les services de sécurité et les agents chargés du contrôle de la qualité et de la répression des fraudes du ministère du Commerce, qui ont sommeillé ces derniers mois, vont-ils reprendre leur «service» après le rappel à l'ordre du président de la République? Au premier jour de ces instructions, hier mercredi 28 avril, les premiers effets ne se sont pas encore fait sentir sur le terrain. La situation n'a pas globalement changé. À Aïn-Benian, à l'ouest d'Alger, les bousculades dans les allées des marchés de fruits et légumes sont toujours d'actualité. Ouvert aux quatre vents, ce haut lieu du commerce a rompu avec la distanciation physique depuis des mois. Idem pour le port du masque qui est devenu accessoire. La plupart des clients n'en portent pas, et le reste se contente de le disposer sur le menton. Un petit «frémissement» dans le respect des mesures barrières a été, toutefois, constaté dans les boucheries de ce marché. Tous les bouchers portaient, hier, une bavette couvrant la bouche et le nez et parfois, uniquement la bouche. Face au monde fou qu'attirent les étals de viandes rouges en ce mois de Ramadhan, ces marchands semblent avoir été avertis. Les supérettes, les épiceries et autres commerces continuent à ignorer le protocole sanitaire. Vendeurs, caissiers, et clients, ont tous laissé tomber le masque et bafoué la distanciation physique. Seules quelques rares exceptions sont à noter. Situé juste en face du commissariat de Aïn-Bénian, le bureau d'Algérie Poste ne déroge pas à la «règle». À l'intérieur, les clients circulent sans bavettes à leur aise. Les files d'attente compactes et les masses humaines agrippées aux guichets sont de retour. Le vigile posté à l'entrée s'occupe de tout, sauf de rappeler aux usagers le respect des gestes barrières. Il est évident que le respect rigoureux des mesures barrières, oubliées par la majorité des citoyens durant des mois, nécessite un peu de temps. Le retour des contraventions sera, certainement, le déclic pour inciter la population, notamment les commerçants, à adopter, une nouvelle fois, les mesures préventives. Les pharmaciens «re-sensibilisés» Le Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine (Snapo) réagit de son côté. Il appelle ainsi tous les pharmaciens à maintenir et à renforcer les mesures de protection dans les officines. Soulignant la participation de ces professionnels de la santé à la sensibilisation des citoyens sur la propagation de la pandémie de Covid-19, il insiste sur l'affichage des règles à respecter dans les pharmacies, notamment le respect de la distanciation physique, le port obligatoire du masque par le personnel officinal et le public, la limitation du nombre de personnes dans la salle de vente, ainsi que la mise à la disposition du public du gel hydro-alcoolique. Ry. N.