Comment sortir la Tunisie de la grave crise économique où elle s'est enlisée ? Najla Bouden, nouvelle cheffe du gouvernement en Tunisie, face aux défis dans un pays dont l'instabilité chronique freine les ardeurs des investisseurs et des bailleurs de fonds. La sexagénaire est une scientifique de formation, diplômée d'un doctorat de géologie. «C'est une femme rigoureuse, exigeante et très investie dans ce qu'elle fait, avec un fort sens de l'éthique, et c'est sûrement pour ces raisons qu'elle a été choisie par Kaïs Saïed», estime-t-on. Najla Bouden aura la tâche difficile de prendre un poste aux pouvoirs considérablement affaiblis par les «mesures d'exception» imposées par Kaïs Saïed. Comme le Président Saïed, Najla Bouden est originaire de la ville de Kairouan, et comme lui lors de son élection, elle est novice en politique et inconnue du grand public. La sexagénaire est une scientifique de formation, diplômée d'un doctorat de géologie. Elle a intégré le ministère de l'Enseignement supérieur avant la révolution de 2011 où elle a fini par prendre la direction d'un projet de réforme de l'enseignement supérieur. Ça urge... «C'est une femme rigoureuse, exigeante et très investie dans ce qu'elle fait, avec un fort sens de l'éthique, et c'est sûrement pour ces raisons qu'elle a été choisie par Kaïs Saïed», estime Elyès Jouini, professeur d'économie à l'université Paris Dauphine-PSL et ancien ministre tunisien en charge des Réformes économiques et sociales en 2011. Cette crise constitutionnelle intervient en effet sur fond de profondes difficultés économiques et financières. Au ralenti depuis dix ans, l'économie tunisienne a subi un coup d'arrêt avec le choc du Covid-19. Le pays a enregistré l'an dernier une récession historique de 8,8%. L'Etat tunisien continue, lui, de vivre au-dessus de ses moyens, avec un nombre de fonctionnaires quasiment doublé en dix ans. Le déficit budgétaire atteint 11,5 % du PIB et la dette de l'administration centrale près de 87% du PIB, selon le FMI. Mais Kaïs Saïed semble donner la priorité à son projet d'amender la Constitution, sans jamais évoquer de réforme économique. Ça urge pourtant pour le président et sa nouvelle Première ministre. R. I.