Le secteur de la santé vit de sérieuses difficultés accentuées par une pandémie mondiale dont les conséquences risquent de perdurer. Les insuffisances recensées sont toujours renvoyées à un manque de moyens. Pourtant, le secteur constitue le 4e budget public et une refondation globale du système de santé est engagée. Elle devrait tracer la nouvelle politique sanitaire et 2022 s'annonce une année de concrétisation de plusieurs projets du secteur à en croire ses responsables. Le volume de réalisations de structures sanitaires est de près de 40 hôpitaux de moyenne capacité (60 à 240 lits), dont certains spécialisés (brûlés, psychiatrique, anti-cancer, mère-enfant...). En 2021, il est prévu aussi un volume similaire de réalisation pour 2022. La réforme du secteur engagée depuis plusieurs années devrait s'accélérer cette année avec la mise en œuvre des outils de la réforme hospitalière, notamment le processus de décentralisation de l'acte de gestion et de simplification des procédures pour lutter contre la bureaucratie, compte tenu de son impact néfaste sur la vie quotidienne et l'activité professionnelle des usagers. Ces mesures porteront sur l'installation des praticiens spécialistes en cabinet privé et l'authentification des documents de santé. En 2022, il est prévu l'engagement du processus de contractualisation tant attendu, et qui consiste à responsabiliser les acteurs de la santé en passant d'une culture des moyens à une culture des résultats mesurables sur la base d'un arrangement contractuel entre les bailleurs de fonds et les prestataires de soins. Il est à préciser que cette contractualisation a été retardée à cause de la pandémie, mais vers le deuxième trimestre de la nouvelle année, elle sera effective selon des sources proches du dossier car « tout est fin prêt pour son lancement » dans sa première étape c'est-à-dire : la mise à jour de l'application «Dossier patient», et l'actualisation de la nomenclature des actes de soins. Il est attendu aussi l'initiation du processus de renforcement de la numérisation du secteur de la santé. Les premières missions viseront à identifier les sources de données, les outils de collecte, ainsi que les méthodes de traitement des données et de développement des comptes nationaux de la santé avec la constitution du comité intersectoriel chargé des comptes nationaux de la santé. L'année 2022 connaîtra le lancement d'une étude prévue initialement en juillet de l'an dernier, sur la faisabilité de la couverture sanitaire universelle dans notre pays et la finalisation des termes de référence de cette étude. Sur un autre plan, les revendications socioprofessionnelles des personnels de la santé attendent toujours une concrétisation. Plusieurs syndicats du secteur ont alerté la semaine dernière sur l'épuisement professionnel, le stress, l'anxiété et la fatigue dont souffre le personnel médical qui attend l'amélioration des conditions de travail en termes de «moyens de protection, de diagnostics, de prise en charge des malades au sein des structures de santé». Ils exigent également une augmentation substantielle des salaires pour faire «face à l'importante érosion du pouvoir d'achat et à une inflation non maîtrisée», aux dires de leurs représentants qui demandent l'application des mesures annoncées par le président de la République en « faveur des travailleurs avec revalorisation substantielle du point indiciaire et l'accélération de la révision des statuts particuliers des différents corps de la santé, des régimes indemnitaires y afférent». Ilhem Tir