Pas possible, cette capacité qu'ont nos vizirs à faire le buzz ! Sauf que c'est malgré eux, un peu comme ces types qui font rire malgré eux et que, par défaut, on finit par prendre pour des humoristes pros. Ce ne sont peut-être pas des flèches dans leurs domaines respectifs, mais s'agissant de faire parler d'eux, en bien ou en mal, en noir ou en blanc, en pal ou en secam, ce sont des as. Et puis, chacun sait que le buzz consiste à attirer l'attention, qu'importe le contenu qui mène à ça ! Cette histoire d'huile de table est réellement homérique. La façon dont elle est présentée fait complètement oublier le fond du problème. D'ailleurs, on a du mal à le saisir, ce fond du problème, ouallah ! C'est quoi, donc ? Le ministre nous en a donné à voir deux aspects peu ragoutants et accessoires. Le premier est la distorsion entre la pénurie actuelle et la promesse prométhéenne de l'Algérie d'inonder le marché africain de sa production. Pas une goutte now, et un océan demain ! Ça rappelle que quand quelqu'un raconte des salades, on dit, dans le parler populaire, qu'il fait frire pour nous des sardines. Et pour frire, il met de l'huile. Fatalement ! Notre vizir aurait gagné une médaille aux jeux intergalactiques du surréalisme. Le deuxième aspect est cette incompréhensible interdiction de vente d'huile aux mineurs. On a beau retourner la question dans tous les sens, point de réponse. C'est quoi, l'huile, pour être interdite aux mineurs ? Elle a été transportée dans le bateau de la cocaïne ou quoi ? Lui, il justifie cette interdiction par la lutte contre le trafic avec un argument... stupéfiant : les adultes envoient des enfants acheter de l'huile pour qu'on ne soupçonne pas le trafic. Et voilà, au lieu de débusquer les vrais trafiquants, démonter les mécanismes des pénuristes, on se contente d'interdire les mineurs d'acheter de l'huile. Mais au fond, on ne comprend pas le cœur de la problématique, comme dit mon pote, l'universitaire ! On nous dit que la production suffit ! On nous dit qu'on peut même en exporter ! Et on voit qu'il n'y a pas d'huile. Et on nous explique que c'est parce que des gamins l'achètent. Encore un peu d'eau, tonton, à défaut de mettre de l'huile ! A. T.