C�est un v�ritable si�ge qu�a v�cu le centre-ville de Bouira durant les journ�es de mercredi et jeudi. Les habitants de plusieurs haouchs ont exprim� leur col�re en barricadant les rues � l�aide de pneus enflamm�s pour exiger leur recasement imm�diat. Yazid Yahiaoui - Bouira - (Le Soir) - A l�origine de cette r�volte citoyenne, somme toute l�gitime, la d�cision de l�APC de Bouira, qui vient de r�ceptionner 64 logements construits dans le cadre du programme de RHP, de recaser certaines familles habitant des haouchs. Selon un �lu � l�APC que nous avons rencontr� � la rue A�ssat-Idir, lieu de la protestation, mercredi soir, l�APC a contact� les habitants de cinq haouchs pour les recaser mais apr�s plusieurs semaines, seules cinq familles ont fourni un dossier en r�gle. L�APC a d�cid� de recaser ce jeudi quatre autres familles habitant un bidonville situ� sous le pont de l�autoroute d�Oued Dhous, ainsi que trois autres familles dont l�APC a d�moli les maisons il y a trois ans sans les avoir recas�es. D�s que ces familles oubli�es ont vent de l�op�ration, elles ont occup� la rue pour r�clamer leur recasement dans l�imm�diat. Selon l�un des jeunes rencontr�s sur les lieux, au milieu des pneus br�l�s, les services de l�APC et ceux de la da�ra leur avaient promis lors d�une r�union tenue le mois de mars dernier de reloger toutes les familles, sans exception, avant la premi�re quinzaine du mois d�ao�t. La protestation a dur� toute la journ�e et m�me la nuit apr�s le f�tour. Le lendemain jeudi, et n�ayant pu rencontrer le wali, les habitants de ces haouchs ont r�cidiv� en barricadant la rue, au grand dam des citoyens indispos�s par la fum�e qui rentrait jusque dans leurs maisons. Pendant la soir�e de jeudi, m�me sc�nario. La ville est en quelques minutes devenue toute noire de fum�e, d�gag�e par les pneus br�l�s � travers plusieurs art�res ainsi que le boulevard menant vers la wilaya. A un officier de police, Kamel, l�un des repr�sentants de ces familles, dira : �Si tu n�approuves pas ce que nous venons de faire, je t�invite � passer 24 heures chez nous et apr�s, tu me diras si tu ne ferais pas autant.� �Pendant que ces menteurs de responsables se la coulent douce dans leurs bureaux, sache que la nuit de lundi � mardi, je l�ai pass�e � l�h�pital. Sais-tu pourquoi ? Parce que mon petit fils venait d��tre mordu par un rat ; une tobba !� dira, presque en pleurs, le p�re de Kamel � cet officier de police qui ne savait plus quoi r�pondre. Un autre p�re de famille ajoutera : �Nous sommes l�s�s, �mahgourin� ; je vis dans une seule chambre avec mon fils de 20 ans.� Un autre dira : �Si les responsables savaient que des familles, pour certaines de plus de douze membres, faisaient leurs besoins dans un seau d�eau faute de toilettes, ils feraient tout pour nous reloger le plus vite possible. Mais ils ne le savent pas. Pis, ils ne peuvent m�me pas l�imaginer. Le luxe et le faste dans lesquels ils vivent les ont depuis longtemps aveugl�s.� Apr�s toutes ces v�rit�s crues lanc�es � la figure du policier, celui-ci leur rappellera que son r�le est d�assurer la s�curit� publique. Un compromis a �t� trouv� : d�gager une d�l�gation de cinq p�res de famille qui sera conduite par l�officier de police vers la wilaya afin de rencontrer qui de droit, dans l�espoir d�un d�nouement heureux. Pendant ce temps, les dizaines d�enfants de ces familles d�sh�rit�es, qui ont grandi dans la mis�re, jurent par tous les saints qu�ils ne se taireront pas jusqu�� ce que les autorit�s les recasent tous et convenablement, avec un logement pour chaque enfant mari�. Ces familles ont trop souffert et ont droit, aujourd�hui que l��tat a construit 64 logements dans le cadre du programme de RHP, � une vie d�cente.