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JEAN EL MOUHOUB AMROUCHE
L'�ternel Jugurtha
Publié dans Le Soir d'Algérie le 10 - 12 - 2011


Par Kamal Guerroua, universitaire
�L'�criture a ceci de myst�rieux qu'elle parle.�
Paul Claudel (1868-1955), �crivain fran�ais
D�poussi�rer les m�moires et les rafra�chir est un travail de longue haleine plus particuli�rement dans des zones, r�gions ou pays o� le dogmatisme tous azimuts ne cesse de construire des forteresses tout autant inatteignables qu'inaccessibles � la reconqu�te de �la reconnaissance�. Celle-ci selon le philosophe allemand Hegel (1770- 1831) est le plus inestimable des capitaux qu'attend l��tre humain de son entourage, de sa soci�t� et de son pays. Ce petit pr�ambule nous permet une comparaison avec le parcours atypique et la vie tourment�e de l'une des ic�nes de la litt�rature alg�rienne, en l�occurrence Jean Mouhoub Amrouche.
Ecrivain et po�te de renomm�e internationale, Jean El Mouhoub Amrouche (1906-1962) demeure aux yeux de la majorit� des Alg�riens une l�gende peu connue ou totalement ignor�e. Le monolithisme qui a caract�ris� la p�riode post-ind�pendance aurait jou� au d�triment de la connaissance de cette grande figure de la litt�rature maghr�bine d'expression fran�aise. Pont entre deux mondes, Jean El Mouhoub Amrouche a su, par la force de son style et la coh�rence de son engagement en faveur de l'autonomie des cultures et de l'ind�pendance des esprits, redynamiser le fonds culturel de ses anc�tres, au demeurant fort n�glig� et compl�tement m�pris� aussi bien par les colons que par �les indig�nes� durement touch�s par une un g�nocide culturel et civilisationnel des plus monstrueux que l'humanit� ait connus de la part du colonialisme fran�ais. Le destin de ce grand amusnaw (sage et connaisseur en berb�re) rel�ve � la fois du g�nie litt�raire et d'engagement politique ainsi qu'intellectuel dans la mesure o� Amrouche, en exorcisant ses d�mons identitaires, religieux et politiques, aurait forc� l'admiration dans les deux rives de la M�diterran�e par ses positions �pacifiques� courageuses en faveur de l'ind�pendance de l'Alg�rie, les �crivains (Robbl�s, Claudel et Sartre) en furent tr�s �mus, �cette guerre, �crit-il en 1957, tire son caract�re de son absurdit� m�me, elle fait plus que de tuer des hommes vivants, elle d�truit les sentiments les plus saints, elle ronge les liens les plus sacr�s [�] Les musulmans d'Alg�rie ne veulent plus qu'on parle d'eux � la troisi�me personne, ils veulent parler d'eux-m�mes � la premi�re personne�. Le po�te est un �claireur de son peuple et la po�sie est, pour reprendre les termes de l'autre alg�rien oubli�, le po�te Jean S�nac (1926-1973), un guet-apens. Amrouche l'avait senti dans sa chair et dans son esprit, � cet effet, il �crit dans son ouvrage L'�ternel Jugurtha ce qui suit : �Je suis un hybride culturel. Les hybrides culturels sont des monstres tr�s int�ressants, mais des monstres sans avenir. Je me consid�re donc condamn� par l'histoire. Le Jean Amrouche qui existe aujourd'hui, alg�rien � cent pour cent par le sang, n� de p�re et de m�re kabyles, appartenant � la famille musulmane et cependant �lev� dans la religion catholique [�] ce Jean Amrouche n'a aucun avenir. � Mais le po�te a-t-il r�ellement de l'avenir ? N'est-il pas en effet cette bougie qui se consume esp�rant illuminer les voies et les cervelles du monde environnant ? Le po�te est la conscience du peuple, son �me parlante, sa voix que la plume retranscrit sur le papier et la m�moire. Il est on ne peut plus le t�moin des consciences meurtries. N'est-ce pas d'ailleurs le po�te allemand Goethe (1749-1832) qui, sur le lit de sa mort, d�clara � l'assistance �Mehr licht !!� (plus de lumi�re), mot qu'il l�gua comme un valeureux testament � la post�rit�, aux g�n�rations montantes et � l'humanit� transcendantale. C'est immanquablement ce destin de r�sistant, de �d�fricheur� et de phare que Amrouche, l'exil� du c�ur, de langue et d'esprit s'�tait, � son corps d�fendant, octroy�. Lui qui aurait avou� ne plus pouvoir pleurer et r�ver qu'en �berb�re� m�me si sa langue d'adoption et de plume fut �la langue fran�aise�. En v�rit�, le regard colonialiste, r�ducteur et d�pr�ciatif � plus d'un titre, n'a heureusement pas pu cerner et asphyxier cette litt�rature maghr�bine fluide, r�veuse et combattante dans le goulot �troit de l'exotisme cher aux ethnographes orientalistes et aux plumitifs de la m�tropole parisienne. A l'instar du grand Kateb, son cadet de plus de 20 ans, qui aurait march� dans son sillage bien plus tard et qui dit �parler en fran�ais pour dire aux Fran�ais qu'il n'�tait pas fran�ais�, Amrouche aurait invent� un langage hors pair aux consonances purement alg�riennes. Ce qu'il avait �crit dans son recueil de po�sie Etoile secr�te en t�moigne, notamment, ce vers �mouvant dans lequel il porte aux nues son �tre int�rieur tout en s'interrogeant sur la substance et la s�ve des flots de paroles qui l'envahissent �je n'ai rien dit qui f�t � moi, je n'ai rien dit qui f�t de moi, ah! Dites moi l'origine des paroles qui chantent en moi�. Le po�te cherche la beaut�, le bonheur et l'harmonie en ses mots. Ceux-ci sont seul support et son unique arsenal pour r�sister � la duret� de la vie et parer aux foudroyants regards qui le forcent � la retenue et � la r�serve. En se posant au-dessous de la m�l�e, Jean Amrouche aurait accept� volontiers son statut de marginal qui lui avait permis de jouir de l'observation avis�e de sa soci�t�, de la contemplation de son panorama mythique, et de la d�couverte de ses origines et de ses appartenances multiples. Son s�jour au �pays du Jasmin� (la Tunisie) l'avait profond�ment marqu�. Mais cette �transhumance po�tique� � la recherche du souffle n'�tait-elle pas le fait de ce double exil int�rieur et ext�rieur dont il avait souffert sa vie durant ? L'Alg�rie, cette terre aux origines obscures et aux cultures confluentes, n'est certainement pas �trang�re � cette flamme inspiratrice qui a submerg� l'�me du po�te. L'Alg�rie pour Amrouche est l'�me de son esprit, le c�ur du c�ur et par-dessus tout, elle est le destin qu'il a choisi et qu'il l'a choisi. Mais pourrait-on choisir son destin lorsque l'on est partag� et �cartel� entre deux univers diff�rents, entre Orient spiritualis� et Occident mat�rialis� ? C'est en ce sens que le fils prodige et prodigue d'Ighil Ali, petite r�gion enclav�e de Petite Kabylie, en lucide visionnaire avait �crit en 1961 dans une lettre � un ami, avec un brin de d�senchantement pr�coce face � l'av�nement de l'�re de l'ind�pendance : �Je suis le pont, l'arche qui fait communiquer deux mondes mais sur lequel on marche et que l'on pi�tine, que l'on foule. Je le resterai jusqu'� la fin des fins, c'est mon destin.� Il est certain que cette m�taphore de l'Arche dont il intitule par ailleurs sa revue litt�raire en 1943 n'est pas d�nu�e de charge symbolique car elle est cette barque qui aurait sauv� le proph�te No� et ses adeptes du grand d�luge ; ne pouvons-nous donc pas voir en ce jeu stylistique et en cette circonvolution langagi�re une mani�re d'affirmer �une destin�e de sauveur � ? C'est peu dire et ce serait vraiment injuste si on n'y fait pas la part des choses. Car quelques ann�es auparavant, Jean Amrouche fut l'interm�diaire et le m�diateur auto-d�sign� et auto-proclam� entre le FLN rebelle et r�sistant et de Gaulle (1890-1970), le g�n�ral �Messie� de la IVe R�publique d�j� au bord de la banqueroute face � une Alg�rie ravag�e par une guerre sans nom et sans visage pour reprendre les termes fort lucides de l'historien Benjamin Stora, n'est-ce pas l� donc le pont auquel il avait fait r�f�rence ? N'est-ce pas l� une pr�vision en r�trospective d'un futur qui ne ferait que le marginaliser davantage, lui et sa famille ? Le po�te n'est-il pas cet �tre � la fois mi-soumis mirebelle, aux mille et une facettes obscurcies du destin ? Jean El Mouhoub Amrouche aurait port� l'�criture comme un corps porte l'�me. A l'instar du philosophe existentialiste Sartre (1905-1980), il croit que le destin est ce que l'on fait et non pas ce que l'on veut faire de nous-m�mes. Tout au plus la po�sie l'a-t-elle habit� et lui l'avait habit� � son tour, c'est dans ce contexte que cet aghrib (exil�) de l'�criture aurait puis� �norm�ment dans la tradition familiale le mat�riau n�cessaire � son imagination, � son inspiration et � sa cr�ativit�. Son subconscient en fut enti�rement touch� et le destin pour Amrouche se forge et se construit mais ne se choisit pas car il est notre parcours, notre d�marche, et notre attitude face aux remous de la vie. Le destin, en fait, nous transcende et nous porte comme une oriflamme sur ses bras pour nous guider vers le salut. C'est dans cet esprit qu'il aurait magnifi� l'attachement du paysan kabyle � sa terre, � ses origines et � sa culture. La r�volution alg�rienne de novembre 1954 a, de par son caract�re purement agraire, remu� la sensibilit� du po�te en �veillant chez lui ce d�sir de se la r�approprier, de s'appartenir, et d'appartenir � la m�re-nation dont le leader nationaliste Ferhat Abbas (1899-1985), quelques ann�es auparavant, au temps o� il �tait journaliste, aurait ni� l'existence m�me dans les cimeti�res. Mais qu'est-ce qu'une nation si ce n'est cet amour sans faille de la terre maternelle, de cette patrie que nos a�eux nous ont l�gu�e, et de cette identit� mill�naire enracin�e en chaque olivier, chaque palmier et chaque empan de notre terre ? Le paysan kabyle, selon Jean Amrouche, est fascin� par deux choses, deux ph�nom�nes distincts de par leur nature mais semblables, pourrait-on dire, de par leur dimension symbolique, la terre et la mort. La peur de mourir et d'�tre enterr� en terre �trang�re forme dans la cosmogonie berb�re une crainte presque r�v�rencielle. Le paysan kabyle, tr�s li� � son almanach, � la nature et vivant en parfaite symbiose avec elle ne peut pas la quitter d'une semelle, il y est li�, imbriqu� et en est �pris. L'�crivain alg�rien Mouloud Feraoun (1913-1962) avait, lui aussi, d�velopp� dans son roman La terre et le sang cette transe psychique et inconcevable qu'�prouve l'�tre humain au moment de quitter sa terre, son bercail et les siens pour un ailleurs inconnu et incertain. A dire vrai, tout l'imaginaire social et cr�atif �pr�-r�volutionnaire� des auteurs alg�riens (Dib, Kateb, Mammeri, Feraoun, Haddad... etc.) s'est focalis� sur le triptyque fort symbolique de �la terre-le sang-la mort�. En sus, la grande figure h�ro�que de Jugurtha (160-104 av. J.-C) aurait, elle aussi, submerg� de son �clat et de ses exploits l'�uvre enti�re de Amrouche. R�sistant farouche aux envahisseurs romains, le Numide Jugurtha avait engrang� en lui cette force motrice qui se r�sume en le diptyque patience-courage dont s'�tait largement servi le po�te. Par ailleurs, le mod�le de �maghr�bin� auquel s'assimile Amrouche aurait �t� impressionn� et fascin� depuis la nuit des
temps par les rites, les us et les coutumes. Le polyth�isme ne fut gu�re l'apanage de la Gr�ce ancienne, il fut �galement �une r�f�rence-phare� dans la Berb�rie ancienne, tislit ounzar ( la d�esse de la pluie), lghola, teriel (l'ogresse), Djoha (personnage l�gendaire de l'Anatolie ayant anim� l'imaginaire nord-africain) sont � n'en point douter des rep�res incontestables dans la tradition populaire et la repr�sentation mythique des habitants de l'Afrique du Nord. Taos Amrouche, sa s�ur, dans son livre Le grain magique et � travers ses chants liturgiques qui plongent l'auditeur dans un semblant de transe avait c�l�br� et explor�, � sa mani�re, ce gisement in�puisable du patrimoine culturel immat�riel de la Berb�rie. En v�rit�, la famille Amrouche a propuls� par le biais de sa marginalit� sa sp�cificit� religieuse et culturelle au-devant du panorama socioculturel de l'Alg�rie. Celle-ci fut jadis foyer de tol�rance, de respect et de cosmopolitisme, juifs, chr�tiens et musulmans y ont v�cu en bonne intelligence. Les tentatives de l'�vang�lisation de la Kabylie par le Cardinal de Lavigerie depuis 1868 et le travail des missionnaires de l��glise ainsi que des S�urs-Blanches qui s'en est suivi ont conquis, effets collat�raux de mis�re obligent, l��me de la Kabylie aride et enclav�e. Le reportage publi� en 1939 dans le journal Alger-R�publicain et intitul� �Mis�re de Kabylie� que le philosophe Albert Camus (1913-1960) avait r�alis� et r�dig� en est � cet �gard fort instructif. C'est dans ce climat qu'avait eu lieu l'entr�e en chr�tient� de Fathma Ait Mansour-Amrouche (1882-1967), la m�re du po�te qui, n�e � Tizi Hibel, s'�tait d�plac�e par la suite aux Ouadhias apr�s avoir subi de plein fouet l'opprobre familial en raison de sa naissance ill�gitime. Fathma A�t Mansour fut la premi�re femme �crivain de l'Afrique du Nord, elle a retrac�, non sans �motion, ce destin d'une �b�tarde� que la foi et l'�criture ont l�gitim� dans son r�cit autobiographique Histoire de ma vie, �l'�criture, dirait le philosophe Platon (427-346 av. J.- C.), est un acte parricide�. C'est par le biais des mots que Fathma Ait-Mansour �tait arriv�e � soulager son traumatisme interne en effa�ant les s�quelles de �la honte paternelle � qui se sont coll�s � sa peau depuis l'enfance. Certes, cette image de �vengeance symbolique� contre l'autorit� paternelle infamante ne lui �tait pas particuli�re, car elle se retrouve �galement bien mise en �vidence dans le roman Pedro P�ramo de l'�crivain mexicain Juan Rulfo (1917-1986) o� le personnage principal Juan Preciado �tait parti � Comala, son village d'origine, afin de r�clamer ses droits et sa revanche sur son p�re. En effet, c'est sans doute par le pouvoir de la po�sie que Jean Amrouche avait tir� du n�ant cette longue et profonde souffrance familiale en lui permettant l'immersion dans sa culture d'emprunt �fran�aise et chr�tienne �.Cette civilisation �additive� � laquelle il avait assimil� son identit� �alg�rienne� naturelle et cong�nitale. C'est ici que l'on pourrait �galement faire appel et allusion � cette �identit� narrative� dont a parl� si souvent l'�crivain argentin Luis Borges (1899-1986) dans son essai philosophique Les fictions et l'historien et philosophe fran�ais Pierre Nora dans ses diff�rents �crits historiques. Le po�te ou l'�crivain construit son �soi-m�me� dans ce qu'il cr�e, invente ou imagine. Son �criture lui survit et le p�rennise par-del� le temps et l'espace alors que lui est d�j� mort ou englu� dans une d�marche de �mise en ab�me� philosophique. C'est dans ce contexte que l'�crivain fran�ais Andr� Malraux (1901-1976) argumentant sur l'utilit� de la cr�ation dirait que �l'art est un anti-destin�. La transmigration et �la multi-appartenance� de l��uvre �amrouch�enne� est en ellem�me un acte d'identification identitaire, de revendication religieuse et de patriotisme national. Recoller des fragments de vie et des morceaux de sens �parpill�s �� et l� en Alg�rie, Tunisie et France, critiquer ces facettes d�risoires et ironiques du destin, se donner et s'inventer une identit� collective et �transindividuelle�, voire un mythe d'appartenance �bi-religieux et bi-national� n'est-il pas un souffle incompressible de progr�s et de modernit� avant l'heure ? �Ecrire, dirait l'�crivain et philosophe Gilles Delleuze (1925-1995), c'est prendre des lignes de marges, c'est devenir n�gre, devenir femme, oiseau...� En quelque sorte, l'�criture pour le po�te Amrouche fut une sorte de translitt�ration d'une douleur personnelle et une rupture avec un pass� plus que sombre. En un mot, l'�criture est tout autant une invention qu'une red�couverte de soi et l'identit� est une br�lure qui s'exprime en po�sie. Ces vers tir�s de son recueil Les cendres c�l�brent � merveille cet arrachement et cette d�chirure de l'adieu � la m�re patrie : �Aujourd'hui, aujourd'hui ; j'abandonne ce lieu o� j'ai cru si longtemps que mes pieds poseraient pour jamais. Ces s�pulcres offerts au soleil d�vorant/ Ces femmes ravin�es dont les mains sont tendues [...] vers le pays de l'or et du travail facile.� A dire vrai, la famille Amrouche en entier a fait ce long p�lerinage de l'exil spatial (Alg�rie, Tunisie, France) et spirituel (christianisme-islam et vice-versa). Ce qui s'apparente dans leur vie � un long apprentissage de souffrances proches les unes des autres. En un certain sens, �le mythe de Sisyphe� propre � la Gr�ce ancienne est en bien des points applicable au parcours amrouch�en. �Le sort des Amrouche, disait l'�crivain Mouloud Mammeri (1917- 1989), a �t� une fuite harcel�e, hallucinante, de logis en logis, de havre jamais de gr�ce en asile toujours pr�caire. Ils sont toujours chez les autres, �trangers o� qu'ils soient.� Quelle triste destin�e que celle o� l'on se sent souvent comme apatride, exil� et d�racin� de notre terre, notre c�ur et notre foi. Cette douleur est si intense, si aigu� et si am�re qu'elle provoqua chez le po�te Amrouche cette nostalgie envahissante qui l'avait transport� vers sa prime enfance. Pour l'�crivain marocain Tahar Ben Jelloun, Jean Amrouche traverse par moment le verbe biblique pour s'enraciner dans une terre m�diterran�enne acquise depuis des si�cles � l'islam. Il est permis en derni�re analyse de dire que Jean Amrouche aurait � la fois b�n�fici� et souffert de cette belle et laide image de coexistence des communaut�s religieuses et de leur d�chirement sur fond de d�fense d'une identit� sp�cifique au d�triment d'une autre.


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