Je sais d�avance que cette mise au point a peu de chance d�avoir un effet sur un personnage, comme vous. Imbu de certitudes et d�arrogance, vous ignorez le doute, le regard des autres et vivez avec l�id�e que vous serez toujours prot�g� et que vous continuerez � s�vir dans un pays que vous �tes convaincu d�avoir d�finitivement priv� du droit de demander un jour des comptes � ses dirigeants. Que vous le sachiez donc, mon �crit est destin� simplement � prendre date devant les Alg�riennes et les Alg�riens. Votre campagne pour l��lection du 10 mai est abjecte et indigne d�un responsable politique qui, de surcro�t, est Premier ministre. Depuis l�ouverture de cette campagne, vous consacrez le plus clair de votre expression publique � accabler les Alg�riens qui se distinguent et s�opposent � vous, vous vous �vertuez � distiller la peur. J�avoue que pour ce qui est de susciter des peurs et de semer la haine, vous avez des concurrents locaux et des mod�les audel� de la M�diterran�e. Abdelaziz Belkhadem et Louisa Hanoune font mieux en mena�ant les Alg�riens d�une invasion �trang�re s�ils ne votent pas le 10 mai et en France le Fran�ais Sarkozy joue du spectre du danger de l��migration pour se faire r��lire. A vous entendre, tous ceux qui n�iront pas voter sont des tra�tres � la nation ; les patriotes sont ceux qui se pointeront dans les bureaux de vote que avez marqu�s par un d�shonneur, particuli�rement obsc�ne depuis 1997 car, s�il est vrai que vous n�avez pas invent� la fraude �lectorale, vous vous faites un devoir d�en �tre le produit officiel et l�artisan le plus cynique. Pour sauver nos �mes de la tra�trise, vous agitez l��pouvantail de l�arriv�e des islamistes au pouvoir pour nous obliger � nous rendre aux urnes et vous donner nos voix. Je vous ai aussi entendu glorifier le combat des patriotes ; c�est votre gouvernement qui a d�sarm� et jet� dans la mis�re ces milliers d�Alg�riens qui �taient pr�ts au sacrifice supr�me et certains d�entre eux sont handicap�s � vie. Vous le savez, ces Alg�riens sont pour la plupart sans ressources, sans travail et sans logement. Ceux qui vous connaissent savent que vous �tes toujours prompt � envoyer les Alg�riens � la boucherie, ils savent aussi que dans les rangs de ces patriotes, il n�y a aucun membre de votre famille. S�il faut faire couler du sang, autant que ce soit celui des autres ! Avec cette indignit� politique qui est votre marque de fabrique, vous poussez l�ind�cence jusqu�� �voquer le Printemps berb�re, comme une r�f�rence pour les luttes d�mocratiques en Alg�rie. Nous sommes de la m�me g�n�ration, vous et moi. Avec d�autres camarades j�ai particip� au Printemps 1980 pour lutter en faveur des droits de l�Homme, du pluralisme, des libert�s d�associations� Personne ne vous connaissait � cette �poque. Je sais personnellement que les valeurs d�Avril 1980 vous sont �trang�res. Mieux, elles sont l�exact contraire de ce que vous avez commis ou dit tout au long de votre longue, trop longue carri�re. Et � chaque fois qu�il faut donner des gages contre tout ce qui peut rappeler vos origines, vous n�avez jamais �t� avare d�imagination ou de z�le. C�est vous qui avez mis un point d�honneur (si je puis dire) � bloquer un projet du Pnud destin� � la Kabylie et qui devait permettre le traitement des ordures m�nag�res. Engagement tenu. Chaque village de Kabylie vous doit une d�charge qui pollue l�environnement et menace la sant� des citoyens. Pour rester sur le registre de l�identit�, vous aviez impos� la g�n�ralisation de l�utilisation de la langue arabe avec un canevas de sanctions pour les contrevenants contre l�avis du gouvernement que vous dirigiez. Naturellement, la promotion de la langue de votre m�re n�a pas eu droit � une telle attention. Camus avait dit, et Dieu sait comment cela lui fut reproch�, �entre la justice et ma m�re, je choisis ma m�re�, toujours plus soumis, vous avez choisi la servilit� � la langue de votre m�re. Pour le reste, vos enfants sont � l�abri de l��cole alg�rienne, ils sont pris en charge dans les �coles d�outremer loin des indig�nes de Benbouzid. Dans la foul�e, vous saluez Octobre 1988. Il n�y a pas si longtemps, � la suite de votre actuel mentor, vous condamniez cette r�volte des jeunes qui a pr�cipit� la chute du parti unique. Vous connaissant et sachant que votre idole c�est Boumedi�ne, je ne doute nullement que c�est cette derni�re d�claration qui refl�te votre vraie pens�e. Mais il y a pire ou mieux, c�est selon, vous avez eu, vous et Bouteflika, l�indignit� de comparer le 10 mai 2012 au 1er Novembre 1954. L�injure que vous faites aux martyrs qui ont lib�r� le pays et qui ont sonn� le glas de l��re coloniale dans toute l�Afrique et au-del� ne peut pas �tre mise simplement sur la panique et la d�mesure. Il y a une volont� de d�grader et confisquer tout ce qui peut constituer pour l�Alg�rien une source de fiert� pouvant donner une force permettant de contester le contestable. Cette comparaison et les silences ou l�indiff�rence qui l�ont suivie d�notent que le d�litement et la d�liquescence �pargnent peu de corps sociaux. Sauf � croire que la port�e historique du 1er Novembre 1954 ne constitue qu�un artifice destin� � l�gitimer le d�tournement du destin alg�rien, cette op�ration n�est pas seulement une faute politique, elle est une insulte � notre m�moire qui devra �tre port�e un jour ou l�autre devant la justice. Que vous le sachiez, � vouloir faire du m�pris et de la peur un mode de gestion politique de la soci�t�, vous ne faites qu�affranchir de celle-ci des Alg�riens d�sormais insensibles aux �lucubrations officielles auxquelles, jusque-l�, vous devez l�ensemble de vos �r�ussites�. Vous ne pouvez plus tromper grand monde, Monsieur Ouyahia. La menace que vous exhibez � longueur de campagne sur l�arriv�e des islamistes au pouvoir est tourn�e en d�rision par les citoyens. Vous avez pass� tout votre temps au gouvernement entour� par des Aboudjerra Soltani et autre Belkhadem. M�me lorsque le premier nomm�, repr�sentant des fr�res musulmans en Alg�rie, a formellement d�nonc� et quitt� votre gouvernement, vous n�aviez pas eu le courage de demander la d�mission des ministres de son parti. Personne n�est dupe sur votre versatilit�. En ce qui me concerne, je l�ai, une fois de plus, mesur�e le jour de la pri�re de l�A�d o�, pour faire plus islamiste que les islamistes, vous vous �tes d�guis� de l�accoutrement de circonstance. Je sais qu�un jour vous porterez la barbe et exhiberez tous les accessoires n�cessaires � votre reconversion pour peu que l�air du temps le dicte. Vous avez derni�rement d�clar� � Tizi-Ouzou que le terrorisme a �t� vaincu partout sauf en Kabylie. J�avoue que, de votre part, l�aveu semble surprenant. Ceci �tant dit, vous et ceux de votre esp�ce aviez tout fait pour que subsiste �une dose utile� de terrorisme ; disant, en invoquant le registre sismique, 3 � 4 degr�s sur l��chelle de Richter qui en compte, comme vous le saviez, 9 de sorte � ce qu�il ne constitue pas un danger pour vous et vos biens mais qu�il garde suffisamment de nuisance pour terroriser le peuple. Je vous l�affirme, le terrorisme ne sera jamais �radiqu� tant que vous et vos semblables disposerez du pouvoir d�Etat tout d�di� � la r�pression des forces d�mocratiques qui, � l�inverse des fondamentalistes, ne peuvent et ne veulent d�un pouvoir agissant en dehors de la l�galit� r�publicaine. Sinon comment pouvez-vous expliquer qu�une arm�e aussi forte, aussi nombreuse, dot�e des moyens les plus modernes et d�un budget sans limites ne soit pas venue � bout d�une poign�e d�activistes durant 15 ann�es. Sept ann�es de d�termination et de combat ont suffi pour une poign�e de moudjahidine pour mettre en d�route la quatri�me arm�e du monde. C�est cela le Premier Novembre. Oui M. Ouyahia, le 1er Novembre est l�inverse de ce que vous dites et faites. Monsieur Ouyahia, vous ne faites peur � personne en annon�ant l�arriv�e des islamistes au pouvoir, ils y sont d�j� par votre gr�ce et celle de vos semblables. Quant � traiter de tra�tres ceux qui refusent de vous suivre dans un processus �lectoral � faire rougir Naegelen lui-m�me, cela confirme votre image d�homme le plus opportuniste de l�Alg�rie ind�pendante. Vous auriez pu jouer le r�le de commis aux sales besognes et vous taire, ne pas vous en vanter ou, pire, pr�tendre donner des le�ons. Vous avez jet� en prison les meilleurs cadres de notre pays pour des motifs de vils r�glements de comptes. Dans cette op�ration, des hommes, � l�instar d�Abdelhamid Taright, cadre d�envergure mondiale, ont perdu sant� et enthousiasme, privant le d�veloppement national de comp�tences qu�il ne retrouvera plus. Et pendant qu�on est dans le registre �mains propres�, pourriez- vous nous dire qui s�est accapar�, comme un vautour attaquant une proie agonisante, de la r�sidence de l�ambassadeur de l�ex- Yougoslavie au moment o� ce pays explosait sous l�effet d�un des plus violents conflits d�apr�s-guerre mondiale ? Mais l�ind�cence a �t� atteinte lorsque je vous ai entendu d�clarer que sous Zeroual, l�Alg�rie �tait faible et mal g�r�e et que, par comparaison, sous Bouteflika l�Alg�rie a retrouv� force et stabilit� forte ! En attendant, si pour notre malheur vous s�vissez encore, de glorifier le prochain pacha et de trucider celui que vous servez aujourd�hui. Sans exon�rer Zeroual de sa responsabilit� dans la purge des cadres soulev�e plus haut, vous auriez pu avoir au moins la reconnaissance du ventre. C�est lui qui vous avait fait ; chez nous on dit que Zeroual irebba-d azrem siri-s (Zeroual a �lev� un serpent dans ses flancs). Dois-je vous rappeler que vous aviez couvert, en tant que ministre de la Justice, l�assassinat de 126 jeunes en Kabylie. Ces jeunes n�ont pas �t� assassin�s par le GIA mais par la Gendarmerie nationale. Quand on n�a pas le courage de d�noncer ses propres crimes on doit avoir la d�cence d��viter de parler de ceux des autres. Je ne peux terminer cet �crit sans revenir � votre jeu pr�f�r� et que j�ai �voqu� plus haut : jouer le �ray-ray� avec la vie des autres. La situation des populations touar�gues, de part et d�autre de la fronti�re, est un fait de non-assistance � personnes en danger. Non seulement votre gouvernement ne fait rien mais la gestion du dossier malien est de votre ressort depuis longtemps. A se jouer de tout le monde, vous avez marginalis� le pays dans une r�gion et sur un dossier o� sa voix �tait pr�pond�rante. Vous n�avez m�me pas �t� capable d��pargner le consul d�Alg�rie et ses collaborateurs � Gao, malgr� les appels pour leur rapatriement. Vos combines donnent froid au dos � tous les patriotes alg�riens. Je ne m�attarderai pas sur vos manigances et celles de votre gouvernement lors des crises libyenne et tunisienne pour finir t�te basse et � genoux devant le Qatar. En ce 50e anniversaire de l�Ind�pendance, vous avez r�ussi l�exploit de faire de l�Alg�rie un pays perturb� et perturbant pour son entourage. Voil� Monsieur Ouyahia ce que j�avais � vous dire, non pas pour vous demander de changer ou susciter un quelconque remords en vous mais pour vous avertir que dans notre Alg�rie, la censure et la corruption qui vous procurent ce sentiment d�impunit� ne peuvent et ne valent rien devant les traditions d�honneur et de v�rit� qui ont fa�onn� une nation que beaucoup, partageant votre opportunisme, avaient exclue de l�Histoire. Quant � nous, patriotes d�Alg�rie, nous continuerons � nous battre jusqu�au changement qui vous hante tant. Nous prot�gerons l�Alg�rie des martyrs et d�truirons celle des tra�tres d�hier et des ren�gats d�aujourd�hui. Vive l�Alg�rie d�mocratique et sociale. Nordine A�t Hammouda, militant du RCD