Par Kader Bakou Alexandre Soljenitsyne, né le 11 décembre 1918 à Kislovodsk, en Russie, aurait eu 95 ans aujourd'hui. Longtemps encensé par l'Occident et considéré comme un des symboles de la résistance intellectuelle à «l'oppression soviétique», Alexandre Soljenitsyne (1918-2008), prix Nobel de littérature en 1970, a fini par «décevoir» ceux qui le portaient aux nues. Après la chute du communisme, ses prises de position pour «une période autoritaire de transition» lui valurent de sévères critiques. En fait, l'auteur de L'Archipel du Goulag n'est pas hostile à la démocratie en général, mais il ne croit pas que la Russie puisse passer du jour au lendemain d'un régime totalitaire à un régime de type occidental. En outre, à la démocratie représentative à l'occidentale, qu'il perçoit comme génératrice d'une classe politique corrompue, coupée du peuple et soucieuse avant tout de ses propres intérêts, il oppose son souhait, pour la Russie, d'un pouvoir présidentiel fort, et d'une forme de démocratie locale constituée par un tissu d'associations gérant les affaires indépendamment du pouvoir qui ne devrait s'occuper que des affaires nationales telles que l'armée ou la politique étrangère. Les ouvrages et interprétations historiques de Soljenitsyne sont souvent dénoncés comme «réactionnaires». Durant sa longue carrière littéraire, il avait été accusé successivement (ou simultanément) d'être nationaliste, tsariste, ultra-orthodoxe, antisémite ou favorable à Israël, traître, complice objectif de la Gestapo, de la CIA, des francs-maçons, des services secrets français et même du KGB. Dans son autobiographie, Le grain tombé entre les meules, et plus tard dans un article de la Litératournaïa Gazeta, intitulé «Les barbouilleurs ne cherchent pas la lumière», Soljenitsyne a répondu à ces accusations en les juxtaposant pour montrer leur incohérence. Tout simplement ! K.B.