C'est toute une symbolique que le choix du lieu et de la date de la tenue du premier congrès constitutif du Mouvement national des gardes communaux libres, le MNGCL, un mouvement né de la dissidence de la coordination nationale des gardes communaux qui avait maintenu la pression sur les pouvoirs publics pendant plus de deux ans, avant que le pouvoir n'arrive à diviser leur rang et à récupérer une partie de ce mouvement appelé couramment l'aile Chouaïb, alors que l'autre aile, dirigée par Aliouat Lahlou, a refusé tout compromis, surtout celui de faire l'impasse sur la reconnaissance de la mémoire des gardes communaux, une reconnaissance qui passe par un statut dont l'aile de Aliouat, qui a créé le mouvement national des gardes communaux libres, considère comme un serment aux 4 668 martyrs de ce corps, des gardes communaux tombés au champ d'honneur alors qu'ils se sont engagés pour la sauvegarde de la République. Aussi, c'est sur ce point que l'actuel porte-parole de ce mouvement insiste, en précisant que le congrès constitutif qui aura lieu à Ifri Ouzellaguen, dans la wilaya de Béjaïa, dans le même lieu où s'était tenu le congrès de la Soummam le 20 août 1956, et le 1er novembre, qui correspond au déclenchement de la révolution qui finira par rendre sa souveraineté au peuple algérien, est un signal fort aux décideurs et à tous ceux qui essayent depuis des années à minimiser l'apport de ces gardes communaux dans la sauvegarde la République. «Ce congrès aura lieu le 1er novembre prochain à Ifri Ouzellaguen et sera axé sur la nécessité de reconnaître un statut à notre corps qui s'est mobilisé, non pas pour travailler, mais pour sauver la République des mains des intégristes qui voulaient anéantir le caractère républicain de l'Algérie», dira le porte-parole du MNGCL, Aliouat Lahlou, que nous avons joint par téléphone ce vendredi. Un caractère républicain pour lequel 1,5 million de chouhada se sont sacrifiés pour le mériter et l'arracher des mains du colonialisme français. Aussi, lorsque les gardes communaux s'étaient mobilisés, le pays était à feu et à sang et était menacé dans ses fondements. Les gardes communaux s'étaient alors engagés corps et âmes pour la sauvegarde de la République et aujourd'hui, les services de Belaïz veulent réduire ces sacrifices à une simple formalité, celle d'éléments qui ont été recrutés comme cela se fait pour les agents d'administration et autres fonctions administratives. «Nous refusons ces amalgames. Et c'est pour cela que nous maintenons notre combat jusqu'à la reconnaissance de notre corps et pour la noble mission qui lui a été échue en ces années noires du terrorisme, durant lesquelles nous avions fait face au terrorisme et avions réussi, aux côtés des autres corps de sécurité, à gagner la guerre mais avec un lourd bilan : 4 668 martyrs tombés au champ d'honneur, 9 000 gardes communaux blessés dont la majorité handicapés à vie, 15 000 malades chroniques dont la majorité souffrent de maladies mentales après les horreurs et les multiples tragédies qu'ils ont vécues durant ces longues années noires, avec, pour beaucoup, la perte de collègues lors des combats contre les terroristes ; tous ces sacrifices ne peuvent être réduits à une simple fonction. Nous refusons cela et nous continuerons le combat jusqu'à la reconnaissance de nos sacrifices», dira en substance Aliouat Lahlou. Cela étant, rappelons que toutes ces questions ont été débattues ce jeudi lors d'un conclave tenu à Ahnif, à 40 kilomètres à l'est de Bouira, en présence de représentants de 39 wilayas du pays, précise Aliouat Lahlou. A l'issue de ce conclave, outre la date et le lieu du congrès constitutif arrêté à l'unanimité, un rassemblement national des gardes communaux libres aura lieu jeudi prochain, le 23 octobre à Bouira. Par ailleurs, outre les questions liées aux problèmes que vivent les gardes communaux et leurs ayants droit, débattus lors de ce conclave, notre interlocuteur dira qu'il a été également question des événements qui ont lieu actuellement, surtout les protestations des policiers. Sur ce point, Aliouat Lahlou est catégorique : «La sortie de ces policiers en est la parfaite illustration de la gestion chaotique du ministre de l'Intérieur, qui n'a cessé de mentir aux Algériens et de se montrer incapable de résoudre quoi que ce soit, à commencer par les événements de Berriane et Ghardaïa, qui ont engendré des morts mais pour lesquels Belaïz s'était montré incapable de régler ; puis celui des gardes communaux pour lesquels il n'a cessé de jouer aux divisions plutôt que de répondre à leurs revendications justes et légitimes et enfin, celui des policiers qui en ont marre de jouer au tout répressif alors qu'ils sont eux-mêmes marginalisés et lésés dans leurs droits». Aussi, face à toutes ces défaillances, et tout en exprimant son entière solidarité avec le combat des policiers dont celui d'avoir un syndicat qui les défendrait et les représenterait, Aliouat Lahlou exige «le départ de Belaïz, qui a échoué sur tous les plans».