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Tamanrasset : c�t� cour, c�t� jardin
Reportage r�alis� par Nawal Im�s
Publié dans Le Soir d'Algérie le 05 - 01 - 2005

Ville cosmopolite, carrefour des civilisations, Tamanrasset a m�rit� d'�tre le premier h�te d'un festival d�di� au tourisme saharien. Ses sites aux appellations berb�res, sa population tol�rante ont fait d'elle une destination pris�e. Mais Tamanrasset, c'est aussi une population qui souffre avec r�signation des affres de la pauvret�, des clandestins qui r�vent de rejoindre l'autre rive de la M�diterran�e. Plong�e dans la capitale de l'Ahaggar…
Premi�re escale : Tagmart, au pied de l'Atakor. Majestueux, le pic offre un paysage � couper le souffle. L'activit� volcanique a donn� naissance � des roches aux formes inou�es. A 25 kilom�tres du chef-lieu, ce site tr�s visit� est situ� � quelques m�tres de deux villages d�nomm�s Tagmart1 et Tagmart 2. Le contraste entre la beaut� du site et la mis�re de ses habitants est saisissant. Mass�s aux abords de la piste, des enfants en guenilles font des signes aux touristes mass�s dans les 4x4. Les femmes, plus r�serv�es, se contentent d'entrouvrir les portes de leurs maisons pour observer ces intrus venus perturber leur tranquillit�. V�tues de l'habit traditionnel des Touaregs, elles esquissent de timides sourires ou font des signes de la main. Habitu�es � voir transiter r�guli�rement des touristes, elles ne sont pas impressionn�es par ces citadins en mal d'exotisme. Le village est laiss� aux mains des femmes toute la journ�e. Les hommes s'occupent de faire pa�tre les ch�vres, seule activit� possible dans cette r�gion aux reliefs abruptes. De quoi vivent-ils ? De lait de ch�vre, de pain et rarement de viande, r�pond Gmama, notre chauffeur et guide. Il r�torque que les Targuis sont des gens r�sign�s, capables de se contenter de tr�s peu et non encore atteints du syndrome de la soci�t� de consommation. Une affirmation qui vaut aussi bien pour les habitants des lointains villages que pour ceux r�sidant au centreville. Les autochtones, d'une nonchalance l�gendaire, ne sont pas des contestataires dans l'�me : ils ne revendiquent ni logements, ni plus de postes de travail. Ils vivent essentiellement du commerce et de la contrebande. Les fronti�res avec le Mali et le Niger sont en effet un filon auquel tr�s peu de personnes r�sistent. L'app�t du gain est souvent plus fort que la crainte des repr�sailles. Ce sont des milliards qui sont brass�s par les barons et dont une infime partie profite aux chauffeurs qui acceptent de prendre le risque. Lorsqu'ils n'emm�nent pas des touristes � travers le grand d�sert, ils le sillonnent � toute vitesse, transportant cigarettes, carburant ou b�tail. Ces chauffeurs sont d'une tr�s grande utilit� aux contrebandiers : ils connaissent parfaitement le Sud et peuvent le sillonner de jour comme de nuit sans jamais s'y perdre. Dans leur folle course, ils ne pr�tent aucune attention � la beaut� des paysages.
Des sites surprenants
Ilamane, Idekel, Tihifest, Iharene et Assekrem pour ne citer que ces cinq sites constituent une attraction pour tous les touristes. Les paysages sont � couper le souffle. L'homme s'y sent comme un intrus et se surprend presque � marcher � pas de loup pour ne pas d�ranger ces montagnes qui semblent converser sans jamais se lasser. L'agencement des pierres, les formes sont d'une originalit� que m�me les artistes les plus contemporains et originaux n'ont pu encore imaginer. Le parc national de l'Ahaggar renferme des tr�sors. C'est un v�ritable mus�e � ciel ouvert, institu� par d�cret le 3 novembre 1987 et g�r� par l'Office national du parc de l'Ahaggar (ONPA). Ses responsables ont la lourde t�che de faire barrage aux pilleurs de tous bords qui sous couvert du tourisme pillent le patrimoine national. Pour circonscrire les risques, onze postes de contr�le sont mis en place et servent de passage oblig�. La r�alit� est tout autre : l'insuffisance de moyens, l'incapacit� de couvrir l'immense territoire rendent difficile le contr�le de toutes les personnes qui transitent par le parc. Il n'est d'ailleurs pas rare que les douaniers de l'a�roport d'Aguenar fassent des d�couvertes dans les bagages des touristes. Sous pr�texte d'ignorer la r�glementation locale, ils ramassent des pi�ces rupestres ou des ossements qui sont imm�diatement r�cup�r�s, souvent sans que l'auteur de la collecte soit poursuivi. Le d�cret 87-232 est pourtant clair. Il y est stipul� que �Sont consid�r�s comme infractions � la l�gislation des monuments et sites : tout moulage, par quel proc�d� que ce soit, des peintures et gravures rupestres. Toute surcharge, grattage, graffitis ou inscription sur les peintures et gravures rupestres. Tout relev� de peinture ou de gravure. Tout sondage ou fouille sans autorisation. Tout ramassage de mat�riel arch�ologique. Tout d�tachement ou tentative de d�tachement ou destruction de parois portant t�moignages arch�ologiques. Toute d�tention d'objets arch�ologiques (fl�ches, meules, rondes, bosses …) Toute destruction ou pr�l�vement de fossiles. Toute destruction, arrachage, mutilation ou coupe de v�g�taux. Toute capture, par quel proc�d� que ce soit, transport, colportage, achat, vente d'animaux non domestiques, vivants ou naturalis�s. Toute chasse, avec ou sans arme � feu.� Une liste exhaustive de d�lits passibles de poursuites judiciaires. Un arsenal qui, par manque de moyens, ne r�pond pas toujours aux attentes des amoureux du patrimoine.
Dans l'attente d'investissements
Ces derniers ne sont pas les seuls insatisfaits. Des op�rateurs int�ress�s par la r�gion ont fait part de leur d�ception ; � l'image de ce propri�taire d'une agence de voyage qui, apr�s l'acquisition d'un terrain, a vu son dossier bloqu� au niveau d'une banque publique. Le cr�dit � faible taux d'int�r�t qu'il esp�rait obtenir ne lui a jamais �t� octroy�. Pourtant, la r�gion souffre d'un manque d'infrastructures h�teli�res. La loi N� 03-01 du 17 f�vrier 2003 relative au d�veloppement durable du tourisme offre en th�orie des facilitations aux investisseurs potentiels. Il est ainsi pr�vu que l'Etat prenne en charge �les frais inh�rents � l'�laboration des �tudes et des travaux d'am�nagement et � la r�alisation d'infrastructures de ces zones� tandis que les zones d'expansion touristique b�n�ficient du r�gime d�rogatoire. La wilaya compte deux zones d'extension touristiques, d'une superficie totale de 68 hectares, r�serv�es exclusivement � l'investissement touristique mais peu d'op�rateurs ont pr�sent� des projets concrets. A l'occasion du Festival du tourisme saharien, des investisseurs potentiels venus essentiellement des pays du Golfe ont pu prendre connaissance des possibilit�s d'affaires. Les professionnels du secteur ont pu leur expliquer qu'en mati�re d'infrastructures, le Grand Sud n'�tait pas en attente de palaces mais d'h�tels proposant un minimum de commodit�s. Cet �tat de fait les poussera-t- il � regarder davantage du c�t� du sud du pays ? Il est encore trop t�t pour faire des pronostics.
Une destination pourtant d�conseill�e aux �trangers
Si l'Alg�rie reste aux premi�res loges des destinations d�conseill�es aux touristes, ces derniers ont brav� l'interdiction. Des Anglais, des Fran�ais et des Allemands ont fait le d�placement � Tamanrasset. Dans sa rubrique conseils aux voyageurs, le minist�re fran�ais des Affaires �trang�res consid�re que �� la suite de l'enl�vement de plusieurs groupes de touristes europ�ens en 2003, tout d�placement dans le Grand Sud alg�rien reste d�conseill�. Les d�placements touristiques dans cette r�gion sans un guide accompagnateur alg�rien agr�� par le minist�re du Tourisme sont interdits par les autorit�s alg�riennes�. Une mise en garde superbement ignor�e par des journalistes, �crivains et autres venus � la d�couverte de Tamanrasset. Ils r�pondaient � l'invitation du minist�re du Tourisme. Peu de touristes alg�riens ont cependant pu profiter de cette vir�e. Le billet d'avion co�tant excessivement cher, les �ventuels touristes nationaux sont vite d�courag�s par les 50 000 DA n�cessaires pour pr�tendre � une place dans un vol d'Air Alg�rie. Cons�quence : seuls les �trangers, cours de l'euro oblige, peuvent s'offrir la destination. Une r�alit� qui se v�rifie, statistiques � l'appui. En 1999, ils �taient environ 700 � avoir fait le d�placement. Un chiffre qui est pass� � 6421 en 2004. Les Fran�ais viennent en t�te du classement, suivis des Allemands puis des Italiens, selon les statistiques de la Direction du tourisme et de l'artisanat de la wilaya de Tamanrasset.
Le festival, une aubaine pour les agences de tourisme
A l'occasion de la premi�re �dition du Festival du tourisme saharien, les agences de voyage ont repris leur activit�. Leurs g�rants ne cachaient pas leur satisfaction d'avoir �t� pleinement associ�s � son organisation. Ce sont eux qui ont mis � la disposition des nombreux invit�s les voitures n�cessaires aux d�placements. Une aubaine inesp�r�e m�me s'ils affirment �ne pas ch�mer�. Les chauffeurs ont confirm� cette r�v�lation. Ils avouent ne pas du tout se reposer car le flux des touristes est de plus en plus important. En dehors des manifestations organis�es par les organismes �tatiques, les �trangers viennent � Tamanrasset. Le festival a eu entre autres comme r�percussion imm�diate, la redynamisation du secteur. Tous les acteurs en ont ainsi profit� : restaurateurs, transporteurs et commer�ants ont vu accro�tre leurs activit�s. Tous en redemandent mais il n'est pas certain que la seconde �dition �lise domicile dans la capitale de l'Ahaggar car d'autres r�gions m�ritent �galement d'�tre mises en valeur.


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