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Le Dernier des Livres de Kamal A. Bouayed
Une odyssée riche d'émotions et d'enseignants
Publié dans Le Soir d'Algérie le 20 - 06 - 2015

Avec Le dernier des livres, Kamal Bouayed signe une deuxième œuvre romanesque étonnamment riche par son contenu et d'une composition esthétique complexe, déroutante. De quoi provoquer une sensation de vertige.
Mais le lecteur s'accroche, il désire aller jusqu'au bout de cette histoire mouvementée, vivante et qui se décline comme une vaste fresque en divers tableaux. On se souvient que le premier roman de Kamal Bouayed, Les Sans-Destin, préfigurait un auteur de talent. Etait-ce un en-cas ? Un simple exercice d'échauffement ? Car, cette fois-ci, le romancier a manifesté ses qualités sur une plus longue distance (470 pages). Une course de fond pour laquelle il a su se ménager, dosant ses efforts et ses effets pour ne jamais donner l'occasion au lecteur de reprendre son souffle. Son originalité, c'est notamment cette façon de conduire à faire des sauts dans le passé, à travers les siècles, tout en déroulant une histoire (une intrigue) des temps présents. Arrimée à une réalité spatio-temporelle très contemporaine, la machine à remonter le temps rend le voyage bien plus agréable et instructif. Des découvertes, des péripéties, du suspense, des rebondissements et un contenu informationnel vraiment dense retiennent l'attention du lecteur. Intérêt sans cesse relancé grâce à une harmonieuse combinaison entre réalisme et imaginaire : ici la fiction et les faits s'interpénètrent, se confondent, se séparent, se retrouvent, s'interpellent... Parce que Le Dernier des livres est tout à la fois un roman historique, d'aventure, biographique, fantastique, fresque et saga, et même un peu policier. Une pièce à tiroirs !
Le balancement entre réel et irréel marque, en tout cas, «l'incroyable odyssée de Mushaf Uthman, et le récit de contes autour de ce Coran, à travers les terres et le temps».
L'histoire commence à Alger, avec les manuscrits de Dellys (titre du chapitre premier). Ce 10 janvier 2009, Tarik, jeune journaliste au quotidien Le Bled, prend connaissance d'une lettre de son ami Hamid Lacheraf. Le paléographe, spécialiste en manuscrits arabes anciens, l'informe d'un don de vieux manuscrits qu'une vieille femme de Dellys avait fait à la Bibliothèque nationale d'Algérie. «Parmi eux, écrit le paléographe, un livre, ou plutôt un recueil de plusieurs histoires qui raconte l'odyssée d'un manuscrit de Mushaf Uthman, le troisième calife, à travers l'Arabie, l'Espagne et le Maghreb.
Le vieux manuscrit, assez bien conservé d'ailleurs, semble avoir été écrit vers 1350 apr. J.-C., 755 de l'Hégire, par un certain Mahmoud al-Tilimçani, un personnage dont on n'a trouvé aucune référence ni la moindre information sur lui dans les archives. Dans son introduction, al-Tilimçani affirme qu'il a connu le dernier homme qui fut en possession du manuscrit d'une des copies de Mushaf Uthman, le sultan mérinide Abû El-Hassen.
Ce dernier lui aurait raconté l'incroyable histoire de ce livre sacré et ses péripéties et puis, bien plus tard, fasciné par ce qu'il avait écouté, il décida de coucher sur papier toutes ces aventures dont lui fit part le sultan de Fès. 
Etant lui-même marchand de livres et un homme friand de savoir et de littérature, il écrivit un histoire romancée des tribulations de ce manuscrit d'une des copies de Mushaf Uthman.
 Il composa ainsi des récits parallèles qui acompagnèrent ce Livre à travers les terres et les siècles. Le paléographe lui fait part également du grand danger qu'il court depuis qu'il a le manuscrit entre les mains. Il a peur pour sa vie. Parce que, confie-t-il au reporter sur un ton énigmatique, il a «fait la découverte de quelque chose d'extraordinaire, d'unique». Personne n'est encore entré en scène, et pourtant le lecteur a déjà là le synopsis du récit à venir. Le rideau monte comme dans un décor de théâtre et, grâce à cette technique d'écriture (épistolaire), l'auteur esquisse les procédés de mise en abyme et de jeu de miroir qui vont donner de la dimension et de la profondeur à son roman. Quelques scènes vivantes constituant le premier chapitre donnent un peu plus de relief à la perspective, le tout surligné par l'action et le dialogue des personnages qui commencent à investir la scène.
En plus de Tarik Bendib, le lecteur fait connaissance avec Marta Zara, expert en manuscrits anciens. Elle vient de Madrid et elle a une personnalité fascinante. Il y a aussi Monsieur Benaïssa, chargé de la conservation des manuscrits à la Bibliothèque nationale... Kamal Bouayed ébauche une composition littéraire dont l'éclat sera rehaussé par une juxtaposition de réalisme et d'histoires fabuleuses.
Les deux héros font d'ailleurs penser au sultan Shahriyar et à la sultane Schéhérazade des contes des Mille et Une Nuits, sauf que le journaliste joue le rôle de Schéhérazade. En effet, à la fin du chapitre, «Tarik se trouvant complément sous le charme de la jeune Espagnole». Raison pour laquelle il lui proposa de voyager ensemble, de faire un «grand saut dans l'Histoire». 
Une version moderne de Schéhérazade : «Avant chacun des cinq contes que je vais te lire, tu me donneras un bref aperçu sur le contexte historique. Après, je te dirai volontiers chacun des histoires. On les découvrira ensemble.» Mahmoud al-Tilimçani entame ainsi son ouvrage à partir du deuxième chapitre intitulé Mushaf Uthman (Le Livre à Médine). Structurellement, le roman ne va certes pas se limiter à épouser la structure gigogne du célèbre conte oriental, ni à jouer aux boîtes chinoises. La stratégie de narration, plus complexe, emprunte également à l'art pictural. 
Parmi les quinze chapitres qui composent le livre (dont seulement cinq illustrent le périple romancé de Mushaf Uthman), le septième, intitulé Les Ménines, semble indiquer que l'auteur a aussi puisé son inspiration du portrait le plus célèbre de  Diego Velasquez pour donner forme à son œuvre romanesque. Tout cela renvoie à des enjeux intellectuels et de création littéraire. 
Sans nul doute, Kamal Bouayed a voulu rassembler ici sa conception de l'écriture romanesque, tout en livrant ses réflexions d'ordre moral, spirituel, social et même politique. Pour le lecteur, le plaisir est d'autant plus grand qu'il voyage dans le temps et dans l'espace tout en s'instruisant. Le voyage onirique alterne récit fantastique et événements immédiats, histoire ancienne et action continue dans le présent, réalisme et imaginaire. Dans un tel jeu d'ombre et de lumière, le noyau fondamental (le personnage principal) ne peut être, à l'évidence, que le manuscrit de Mushaf Uthman. Une histoire extraordinaire, «celle d'un Livre réel qui fut durant des siècles l'orgueil de plusieurs peuples, la cause d'innombrables tragédies et l'objet de convoitises de souverains célèbres.
Aujourd'hui, un reporter en suit les traces dans un chemin parsemé d'embûches, de péripéties et d'aventures vivantes» (extrait de la quatrième de couverture). L'odyssée commence à Médine, en l'an 29 de l'Hégire (650 apr. J.-C.).
Dans ce deuxième chapitre inaugurant les cinq contes, le lecteur voit entrer en scène Uthman Ibn Affan, le troisième calife... Après une escale à La Casbah d'Alger (chapitre suivant) avec Tarik et Marta, il découvre le Mushaf à Cordoue (an 384 de l'Hégire), et ainsi de suite jusqu'à ce que le Livre se retrouve à Fès avec le souverain mérinide Abû al-Hassan (an 746 de l'Hégire, 1345 après J.-C.). Naturellement, le Livre a été l'hôte de la cité des Beni-Ziyane et de Yaghmorassen (roi de Tlemcen de 1303 à 1307).
Tlemcen à qui Kamal Bouayed consacre pratiquement les derniers chapitres du roman. Il en revisite l'histoire tout en tenant le lecteur en haleine.
L'intrigue est si bien construite que la série d'événements vécus par Tarik et Marta débouche sur une fin à tout le moins renversante. C'est dire combien le réalisme magique aura opéré jusqu'au bout.
Hocine Tamou
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Kamal A. Bouayed, Le Dernier des Livres, ENAG Editions, Alger 2014, 470 pages.


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