Parlant de certains «historiens algériens», Abderrahmane Berrouane, nom de guerre «Saphar», écrit dans son livre Aux origines du Malg. Témoignage d'un compagnon de Boussouf, paru chez Barzakh : «Pourquoi les historiens algériens ne s'intéressent-ils pas à ces exactions, innombrables, commises par l'armée coloniale dans leur pays, au lieu de nourrir des controverses inutiles sur telle out telle ‘‘dérive'' de notre Révolution ? Certains crimes contre l'humanité ne sont-ils pas plus importants à dénoncer que les ‘‘divisions'' et ‘‘divergences'' entre chefs du FLN ?» Dans la partie intitulée «l'intox érigée en système», Abderrahmane Berrouane, qui fut le premier étudiant algérien à rejoindre l'ALN en Wilaya V, répond à ceux qui, en France, veulent encore «se venger de l'histoire». Mais à la limite, c'est «de bonne guerre» que l'ennemi d'hier continue par d'autres moyens la guerre contre notre Révolution. Ce qui est incompréhensible, c'est de voir cette intox avoir de farouches adeptes ici. Dans le chapitre «L'histoire revisitée», l'auteur donne son témoignage sur certaines «affaires» dont celle relative à la mort dans les maquis du colonel Amirouche et du colonel Si El-Haouès : «Déclarer et écrire que Amirouche a été ‘‘donné'' par les siens, lors de son déplacement, lorsqu'il voulait rejoindre la Tunisie en mars 1959, relève de ceux qui ne connaissent pas l'ALN et Amirouche, chef maquisard de premier ordre, et surtout, ont une connaissance déformée de notre histoire de Libération nationale, histoire arrangée peut-être à leur convenance», lit-on à la page 264. «Le colonel Amirouche, dans les premiers mois de 1959, fut destinataire d'une convocation à partir de l'état-major/Est pour rejoindre la Tunisie (...) Les messages furent transmis au travers de la Wilaya II, qui était dotée de radio, au travers de la Wilaya I, qui elle aussi en était dotée, les deux missives devant être remises en personne à Amirouche par estafette (...) Le colonel reçut sa missive en février 1959. L'accusé de réception de Amirouche à la Wilaya I, vu les distances, ne lui parvint qu'en retard, le colonel Amirouche était déjà tombé au champ d'honneur (...) à djebel Thamer, près de Bou-Saâda (...). Ni le colonel Amirouche ni le colonel Si El-Haouès n'avaient de radio. Ils ne pouvaient donc ni recevoir, ni émettre de messages radio, ni pendant leurs déplacements, ni pendant les combats. Dans tous les cas donc, ils ne pouvaient pas être repérés par gonio et triangulation.» A la page 265, on peut aussi lire : «Amirouche a donc pris la décision de se rendre à Tunis accompagné du colonel Si El-Haouès, chef de la Wilaya VI. Il faut sur ce point préciser que le colonel veillait personnellement au secret des itinéraires qu'il allait prendre à chacun de ses déplacements dont il ne dévoilait jamais la date exacte, itinéraires jalonnés en outre de djounoud aguerris. Pour rallier Tunis, c'est lui qui opta pour la voie sud de la Wilaya III en passant par Bou-Saâda. Le hasard a voulu que cette région soit en cours d'encerclement de deux compagnies de l'ALN en Wilaya VI. Les deux colonels sont tombés dans un accrochage quand toute la zone a été bouclée, sans que l'armée française sache même, à ce moment-là, à qui elle avait affaire. Ce n'est que plus tard qu'ils ont été identifiés.» En ces temps où certains plongent les yeux fermés sur les «témoignages» et autres «révélations» d'obscures personnages étrangers inconnus au glorieux bataillons de l'ALN, Si Abderrahmane Berrouane Saphar estime que «pour l'écriture de l'Histoire de l'Algérie par les Algériens, principalement par ceux qui l'ont vécue, la réappropriation des témoignages de tous les moudjahidine est indispensable». Frantz Fanon a dit : «le siècle dernier a été celui de l'agression et de l'occupation de l'Algérie. Les français ont écrit l'histoire de la colonisation. Il appartient aux Algériens durant ce siècle d'écrire l'Histoire de la libération de l'Algérie. C'est leur droit et leur devoir.»