La sc�ne est frappante. L�image est � la fois choquante et d�solante. Des travailleurs, ayant fait plus de 500 kilom�tres, ont investi hier la grande cour de la Maison du peuple. Ayant �emprunt� de l�argent pour �louer les quatre bus� qui les ont transport�s depuis Laghouat, les travailleurs de l�entreprise Coton Sud, relevant du groupe Texmaco, d�sesp�r�s, mais d�cid�s, se sont rassembl�s dans ce lieu symbolique, qui abrite la Centrale syndicale pour faire entendre leur voix empreinte de beaucoup de col�re. La sc�ne se d�roulait sous une haute surveillance polici�re. Adoss�s aux luxueuses voitures des responsables syndicaux, les travailleurs ont d�cid� de ne repartir chez eux qu�une fois leur probl�me r�solu. �On ne sait pas qui g�re notre pays et qui repr�sente qui ? Nous sommes sans salaires depuis seize mois. Nous avons laiss� nos familles dans une mis�re totale. Nous n�avons point de quoi subvenir � nos besoins. La maffia du coton nous pousse � abandonner notre entreprise. Cette maffia utilise l�argent de notre pays pour s�approprier notre usine. Quelle loi les autorise � agir de la sorte ? Pourquoi nos gouvernants admettent cette complicit� ? Nous voulons nos salaires pour �viter une mort collective�, s�interrogent des travailleurs de Coton Sud. Une entreprise implant�e dans le chef-lieu de la wilaya de Laghouat, employant plus de 500 travailleurs et consid�r�e comme l�un des fleurons industriels du Sud. Les travailleurs ayant fait hier le d�placement � Alger �taient au nombre d�une centaine de personnes. Ils pointent tous du doigt �le directeur ill�gitime se trouvant � l�ext�rieur, pris en charge par le groupe Texmaco pour servir les int�r�ts de la maffia du coton�. Une maffia, disent-ils, �qui a pour principal objectif d��vacuer les travailleurs de l�usine pour l�accaparer�. �La complicit� est �galement syndicale. Les gens de la Centrale syndicale sont autant responsables que ceux du groupe Texmaco�, s�est insurg� un syndicaliste qui n�a pas exclu de recourir au suicide que �de subir le diktat de la maffia. Cette maffia veut se venger des travailleurs qui ont d�fendu leur outil de production�. �Imaginez un peu la situation dans laquelle ils se trouvent. Le dernier d�entre eux a au moins trois ou quatre personnes � nourrir. Ils sont dans la mis�re totale...De nombreux travailleurs n�arrivent plus � vivre une telle situation. Ils ont des familles nombreuses � leur charge, et dans nos r�gions, le travail est une denr�e rare. Nous ne partirons pas d�ici tant que les autorit�s ne r�glent pas ce probl�me�, raconte un syndicaliste. Hier, une d�l�gation de syndicalistes a �t� re�ue au niveau de la chefferie du gouvernement. �Nous avons remis au secr�taire g�n�ral de la chefferie du gouvernement nos dol�ances et nous esp�rons qu�une r�ponse favorable rendra le sourire aux 500 travailleurs de notre usine et � leurs familles �, conclut-on. Pour rappel, le secteur du textile compte 5 000 employ�s relevant de quelque 90 soci�t�s nationales. Les salaires impay�s sont en revanche estim�s � 70 milliards de centimes, selon le responsable de la F�d�ration nationale des travailleurs du textile. Plusieurs rencontres ont regroup� les responsables charg�s de ce dossier. Une premi�re a eu lieu entre les membres du secr�tariat national de la Centrale syndicale avec les responsables des SGP d�tentrices de portefeuilles des entreprises en butte � des difficult�s dans le paiement des arri�r�s de salaires de leurs travailleurs. Une r�union qui a eu lieu, faut-il le rappeler, apr�s l'intervention du SG de l'UGTA aupr�s du chef du gouvernement. Il est � noter que l'annonce du d�nouement du dossier des salaires impay�s intervient dans le contexte des �lections l�gislatives. Abder Bettache