Faire le trajet d�Adrar � B�char vous conduit � parcourir 600 km � d�couvrir toute une r�gion pleine de richesses et de paysages f�eriques. Foum Lekhneg marque la limite des fronti�res des deux wilayas que traverse un oued appel� Oued Messaoud et qui pouvait couler jusqu�� Reggane. Mais pour le projet de tenir l� sa premi�re bombe atomique en 1960, le lit de l'oued fut carr�ment stopp�. Des blocs de plusieurs tonnes ont �t� utilis�s par les Fran�ais pour le d�vier. Aujourd�hui, lorsque la crue se d�cha�ne, la route reliant ces deux villes (Adrar et B�char) se retrouve coup�e � la circulation. Certes, des travaux sont en cours pour la r�alisation d�un pont, mais en attendant son inauguration, les usagers de la route demeurent tributaires du d�bordement de cet oued indomptable. Apr�s avoir parcouru 250 km, vous atteignez Kerzaz, da�ra qui rel�ve de la zone territoriale de B�char. Ce qui frappe le passager, c�est la masse d��l�ves qui se regroupent des deux c�t�s de la chauss�e et sans h�sitation, ils la traversent r�guli�rement avec tous les risques encourus. Rien ne les prot�ge du danger qui les guette � chaque instant, car au moindre faux pas, c�est le drame garanti. On laisse faire ! Une fois, au c�ur du centre-ville, les s�quelles des derni�res pluies sont encore visibles. En effet, l�oued est sorti de son lit et une partie de la ville s�est retrouv�e paralys�e, coup�e au sud par Foum Lekhneg et au nord par l�oued de Abadla. D�ailleurs, � une cinquantaine de kilom�tres de Kerzaz, la commune de Ouled Khode�r est toujours coup�e du reste du monde et ses habitants continuent pour leurs d�placements �ventuels de traverser ce cours d�eau � pied. Une situation qui perdure. De part et d�autre de l�art�re principale qui scinde l�agglom�ration de Kerzaz en deux, des magasins vous offrent la possibilit� de faire ses emplettes et une station d�essence, heureusement ! Les montagnes qui l�entourent permettent difficilement son extension. Avant de la quitter, vous �tes oblig� de passer par un contr�le de s�curit�, un contr�le permanent. Puis � une soixantaine de kilom�tres plus loin, la da�ra d�El-Ouata, qui poss�de quand m�me un coll�ge et un lyc�e. La nouvelle petite ville co�ncide avec l�ancien ksar dont les habitants conservateurs attachent une importance particuli�re � leurs traditions ancestrales et � leur culture. D�ailleurs beaucoup de maisons, bien qu�elles soient v�tustes, � cause du mat�riau de construction ( toub ou pis�) utilis� conservent encore le cachet architectural typique � cette vaste r�gion qui n�a pas fini de nous �tonner. Nous reviendrons en d�tail sur ses valeurs intrins�ques. Le coll�ge d�El-Ouata en pr�fabriqu� accueille une multitude d��l�ves avides de savoir qui sont parvenus � percer dans divers domaines. La nouvelle petite ville est beaucoup plus anim�e, par ses caf�s, restaurants et magasins qui connaissent une affluence non n�gligeable gr�ce aux nombreux arr�ts et escales des bus qui assurent la liaison Adrar-B�char. Cependant, des efforts restent � faire pour la sortir de cette enclave. A 30 km d�ici, la da�ra de Beni-Abb�s est surtout connue pour la c�l�bration de Mawlid ennabaoui. Un �v�nement religieux qui attire de nombreux visiteurs et touristes venus assister � cette parade o� les fusils font parler la poudre. Un spectacle envo�tant ! B�ni-Abb�s est connue pour la qualit� de son eau, une eau vieille de 5000 ans et qui rec�le de nombreuses particularit�s qui apportent un bienfait � l�organisme. Mais ceci contraste avec la ville elle-m�me. Un silence abyssal vous surprend � l�entr�e de la ville et le vide vous enveloppe. B�ni-Abb�s n�a pas beaucoup chang� par rapport aux ann�e 1980. Certaines constructions et arcades en pis� menacent de s��crouler. Heureusement pour ses habitants, la ville est construite sur les hauteurs en forme de scorpion et n�a pas eu � subir les caprices de l�oued qui a caus� des d�g�ts �normes lors des derni�res intemp�ries dans les villes de B�char, Kerzaz, Abadla... La voirie aurait besoin d�une bonne r�fection pour mettre fin aux cavasses et nids-de-poule, v�ritable cauchemar des automobilistes. Son histoire m�rite d��tre mieux relat�e avec plus de d�tails, ce que nous ferons lors de nos prochaines �ditions. Ici point de klaxons assourdissants, ni de paroles obsc�nes prof�r�es sans retenue. Les traditions, les valeurs et le respect humain obligent les citadins � plus de rigueur. Une fois hors de B�ni-Abb�s, sur la Nationale 6, une plaque vous indique que vous pouvez utiliser ce raccourci afin de rejoindre le ksar d�Igli. A l�entr�e, la route a subi des dommages des eaux tr�s importants et vous �tes oblig� de prendre la d�viation. Igli est surtout connu pour son usine de lait en sachet, ses l�gumes et surtout pour le savoir-faire de ses habitants qui demeurent ma�tres incontestables dans la construction. Ils accomplissent des travaux remarquables et sont tr�s sollicit�s par le priv�. D�Igli, la route se dessine en bon enrob� pour rejoindre Taghit, ville l�gendaire connue surtout pour son immense dune de sable o� le ski se pratique faisant la joie des bambins et autres curieux. Notre visite co�ncide avec la tenue du Festival du film international le Taghit d�or. Le chapiteau, une immense tente ( khe�ma), est dress� et sert de lieu de projection. Beaucoup de touristes et de nationaux sont pr�sents. Sa palmeraie offre une vue imprenable et panoramique qui vous coupe le souffle. Cette vue est tellement fascinante qu�elle vous fait douter de la r�alit�. On dit souvent �Voir Venise et mourir�, mais ici nous devrions dire voir Taghit est revenir. Ses habitants sont simples et modestes et vivent en parfaite harmonie avec les visiteurs. Mais ce qui surprend le plus, c�est son entr�e o� se dresse une immense arcade, signe de bienvenue, mais comble de l�ironie, compl�tement fissur�e, elle menace de s�effondrer et d�figure enti�rement la belle image de cette ville envo�tante. Pourtant, elle n�cessite peu de moyens ; il faudrait simplement y penser... La liaison entre Taghit et B�char est dangereuse � cause des nombreux virages qui sont parfois � l�origine de nombreux accidents. Enfin, on parvient � B�char, ville h�t�roclite, aux nombreuses facettes o� s�vit un brassage de populations. A l�entr�e, vous avez droit � un spectacle d�solant, un tas de sachets en plastique multicolores accroch�s � des broussailles d�figurent ce paysage vide. Et nous retrouvons l�ind�tronable poste de contr�le de s�curit� qui op�re non pas des contr�les syst�matiques mais �� l��-peu-pr�s� selon la t�te peut-�tre du conducteur. Dans le m�me contexte, interrog� � propos de ces personnes qui cherchent � quitter le pays par n�importe moyen, parfois au p�ril de leur vie, un jeune s�exprime et explique que �chez nous, il y a beaucoup de harraga parce qu�il y a des hagara�. Une fois � l�int�rieur de la ville de B�char des dos d��ne sont install�s n�importe o� et la circulation repr�sente un vrai casse-t�te pour les conducteurs. Une seule et unique voie pour se rendre au centre-ville. Un v�ritable tohu-bohu o� les pi�tons irrespectueux faisant fi du code de la route, traversent quand et o� ils veulent. C�est la loi du plus audacieux. Il faut avoir les nerfs solides et beaucoup de patience. Si des travaux on �t� entrepris pour l'embellissement de la ville (�clairage, p�riph�riques), ils demeurent encore timor�s et m�ritent un suivi r�gulier et permanent. C�est une ville qui promet et qui est vou�e � un avenir radieux si on en prend soin. C�est l� le r�cit d�un voyage duquel il faudrait retenir cet adage : �Les voyages forment la jeunesse.� Alors � vos agendas.