Sans salaire depuis neuf mois, un millier de travailleurs de Digromed, soci�t� nationale de distribution de produits pharmaceutiques, ne comptent pas mettre fin � leur mouvement de gr�ve illimit�e, entam� depuis le 22 d�cembre 2008. Ils demandent le respect des engagements pris dans le cadre d�un protocole d�accord sign� avec leur responsable et avalis� par l�Inspection du travail et les autorit�s judiciaires. Ly�s Menacer - Alger (Le Soir) - Le protocole d�accord en question permet en fait, selon le syndicat de l�entreprise affili� � l�UGTA, le d�part � la retraite des salari�s et celui volontaire �galement. La facilitation des d�marches administratives pour la reprise des unit�s de Digromed par ses propres travailleurs, en cas de privatisation, figure parmi les clauses dudit protocole d�accord. Les protestataires exigent aussi le r�glement des salaires impay�s depuis neuf mois ainsi que la pr�servation d�un semblant d�activit� pour assurer les salaires � venir. Hier encore et depuis le d�but de la gr�ve, le 22 d�cembre dernier, les locaux de l�unit� commerciale d�Alger grouillaient de monde. Des travailleurs en d�tresse, des responsables de famille pour la plupart, se sont rassembl�s devant le si�ge de l�entreprise. Dans des locaux quasi abandonn�s et sans �lectricit�, des syndicalistes, aux limites du d�sespoir, racontent, r�volt�s, le calvaire d�un millier de leurs coll�gues. �Notre P-dg a disparu depuis le d�but de notre mouvement de gr�ve alors que des familles sont expuls�es de chez elles parce qu�elles ne peuvent pas payer leur loyer. D�autres sont disloqu�es parce que le p�re n�a pas de quoi nourrir ses enfants. Certains travailleurs sont malades et leur �tat de sant� se d�grade de jour en jour. Pendant ce temps, des pratiques moyen�geuses visent � cr�er la zizanie au milieu des travailleurs qui ne demandent que la pr�servation de leurs acquis que les lois de la R�publique leur avaient assur�s�, explique, d�pit�, ce cadre en ressources humaines qui jure avoir fait le d�placement entre Sidi-Bel-Abb�s et Alger en autostop. �Digromed assure un excellent service en faveur du secteur de la sant� publique. Il est donc impensable que notre entreprise fasse faillite, d�autant qu�elle peut �tre relanc�e avec l�argent des cr�ances qu�elle peine � recouvrer aupr�s de nombreux organismes publics et priv�s. Mais nous savons qu�elle est victime de la mafia du m�dicament en Alg�rie�, d�nonce son coll�gue, p�re de six enfants. �Nous demandons l�application et le strict respect de la r�glementation�, insiste un autre syndicaliste qui se dit scandalis� par le m�pris dont sont victimes des travailleurs qui subissent les cons�quences de la politique du b�ton et de la carotte. Les protestataires restent toutefois imperturbables devant les rumeurs persistantes sur l��ventuelle dissolution de leur entreprise ou sur son transfert sous une autre tutelle. Ne manifestant aucune opposition � une possible privatisation, les travailleurs gr�vistes rappellent qu�ils sont pr�ts � reprendre � leur actif Digromed. La loi le leur permet, disent-ils. Par ailleurs, les syndicalistes affirment qu�aucune n�gociation officielle n�a �t� entam�e avec les responsables de l�entreprise. L�intervention du patron de l�UGTA, Abdelmadjid Sidi Sa�d, pour mettre fin � leur calvaire, est rest�e au stade des promesses, ajoutent-ils, appelant ainsi � l�intervention personnelle du pr�sident de la R�publique Abdelaziz Bouteflika. �Il est inconcevable d�envoyer des millions de dollars dans d�autres pays alors que plus de 1 000 familles n�ont m�me pas de quoi s�acheter une baguette de pain�, d�noncent des travailleurs qui ne savent plus � quel saint se vouer pour �viter � leurs enfants de devenir d�linquants ou migrants clandestins. Enfin, les employ�s de Digromed, qui compte 14 unit�s r�gionales et des succursales dans l�ensemble des wilayas du pays, sont d�cid�s � aller jusqu�au bout de leur mouvement de gr�ve. �Sans la satisfaction de nos revendications l�gitimes, nous maintenons notre gr�ve et nous continuerons � lutter pacifiquement pour pr�server nos acquis�, concluent les membres de la section syndicale.