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LES ALG�RIENNES DANS L��CRITURE
Entre tabous et autocensures
Publié dans Le Soir d'Algérie le 07 - 03 - 2010

L��criture f�minine est une d�livrance qui s�encombre pourtant de lignes de d�marcation. Le pseudonyme permet de transgresser tous les �houdoud�.
Est-ce que la femme qui �crit, qui s�est appropri� l�espace public s�est r�ellement lib�r�e par la plume ? Est-ce qu�en usant de cet outil qui est l��criture, elle s�est affranchie non pas des doutes, mais des limites visibles et invisibles dress�s autour d�elle depuis des si�cles ? Peut-elle donc �crire sur tout, absolument tout, sans tabou sans honte, sans pr�jug�s, � l��gal, dans l��criture, de l�homme ou des �crivaines d�autres pays. Doubl�e d�une culture complexe, arabo-berb�ro-musulmane, elle baigne dans un milieu de non-dits, de limitations et d�interdits m�me si sa culture et son environnement socioculturel sont autant d��l�ments constructeurs qui lui ont permis d�aller de l�avant, vers l�affirmation, apportant aux autres une voix engageante. L��criture est-elle venue la lib�rer de certaines entraves ? Est-elle r�ellement lib�r�e comme sujet �crivant. La question est pos�e, car face � la page blanche dans la solitude de l��criture, peut-elle �crire noir sur blanc tout ce qui puisse l�inspirer, des mots qui peuvent choquer, �crire les fantasmes, le sexe sans avoir peur du regard des autres, du jugement des autres. Ecrire ses exp�riences sans �tre tax�e d�exhibitionniste. Certaines r�ponses puis�es dans des �crits de femmes �clairent sur ce sujet. Certes, l��crivaine alg�rienne a fait beaucoup de chemin dans l�affirmation de son identit� et dans sa construction, mais parfois des contradictions sont � relever. La plupart des �crivaines ont eu recours � un pseudonyme, la peur de l�engagement, du nom familial, celui du mari ou du p�re, la peur d��tre reconnue, de ne pouvoir �crire librement, une lutte contre l�autocensure, et un masque qui permet de dire des v�rit�s. Zohra Imalayen a opt� pour Assia Djebar s�inqui�tant des r�actions de son p�re en d�couvrant qu�elle a �crit un livre. Un p�re pourtant qui lui a ouvert les portes du savoir. A�cha Chabi connue sous le pseudonyme d�A�cha Lemsine disait qu�elle voulait prot�ger sa vie priv�e et ne pas s�exposer aux �jugements� de la sph�re dans laquelle elle �voluait. M�me Leila Sebbar est prise de doute en se rendant compte que la plupart des �crivaines alg�riennes usent de pseudonymes et s��tait demand�e si elle ne faisait pas du tort � son p�re en �crivant sous son nom. L��criture d�voile donc, surtout quand l�auteur dit �je� et s�expose. En 1975, la Tunisienne Jalila Hafsia avait subi la foudre des journalistes � la sortie de son roman Cendres � l'aube qui l�ont accus�e de faire dans l�exhibitionnisme. Ma�ssa Bey dont le vrai nom est Samira Benameur, s�exprimant sur le sujet, avait dit : �Je sais que dans notre soci�t�, on peut vous brandir � tout moment ce spectre de la �hourma�, on peut rappeler � l�ordre un auteur, ce qui fait qu�il y a une censure, plut�t une autocensure d�s le d�part�� Le pseudonyme permet de transgresser tous les �houdoud�. La romanci�re F�riel Assima aurait-elle pu �crire son roman Roulhem ou le sexe des anges sans un nom d�emprunt, un roman d�une �criture si violente qu�elle est compar�e � Boudjedra et la g�n�ration des enfants terribles de la litt�rature alg�rienne. Certaines �crivaines comme Malika Mokkedem et Le�la Marouane ont pu se lib�rer de cette autocensure, du fait qu�elles vivent dans un pays �tranger, un pays occidental o� le poids de la soci�t� (alg�rienne sous-entend) est si loin. Mes Hommes de Malika Mokkedem lui a permis de se lib�rer des entraves en usant d�un �je� sans �quivoque. On peut aussi citer le cas de Nina Bouraoui ou Yasmina Bouraoui qui dans La Voyeuse interdite qui relatait les tourments d�une adolescente musulmane avait dit : �Le fait d�avoir utilis� le �je� m�a jou� un mauvais tour.� Ainsi, le �je� narratif est rarement employ�, parfois l�auteure use de pr�cautions et se cache derri�re une voix (celle de la narratrice) et s�en sert comme d�une voix de substitut, telle Ahlem Mostaganemi qui a pr�t� sa voix � celle d�un homme pour lui faire dire de tout ce qu�elle d�sire. �Moi j��cris en arabe, dans une langue sacr�e�.� et �le lecteur arabe devient juge. Vous n�avez pas uniquement un probl�me avec la censure�. En conclusion, �crire dans une certaine limite des �houdoud�, �crire sur certaines choses (le sexe, le libertinage ou l��rotisme) est-il permis ?

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