L'ex-président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderrazak Makri, reprendra la présidence du parti vendredi à l'occasion d'une réunion du conseil consultatif. Il reprend une place cédée au président de l'ex-Front du changement (FC), Abdelmadjid Menasra, un parti dissous dans le cadre de l'unification des deux partis. Il a été convenu que les deux chefs se succèdent à la tête du MSP dans une présidente tournante de 6 mois, avant d'organiser le congrès unificateur le printemps prochain. Ce congrès rassembleur sera la dernière étape de réunification des fils du parti du feu Mahfoud Nahnah, entamée l'année passée. Elle s'est d'abord matérialisée par l'élaboration de listes communes aux élections législatives du 4 mai dernier lors desquelles le MSP a récolté 35 sièges, se plaçant à la troisième position après le FLN et le RND. Comme signe de bonne intention, la liste du parti à Alger a été conduite par Abdelmadjid Menasra. L'union entre les deux partis, dont le divorce a été consommé en 2009 dans le sillage d'un conflit profond entre l'ancien président Aboudjerra Soltani et Menasra qui avait fondé sa propre formation, le FC s'est concrétisée surtout par l'octroi de la présidence du MSP à M. Menasra pour une période de six mois. Ce dernier a géré notamment la participation du parti aux élections locales du 23 novembre où le parti a laissé des plumes. Avec seulement une majorité au niveau de 49 communes sur les 1541 que compte le pays, il est déclassé, en matière de nombre d'APC gagnées, par le Front El Moustakbal (74), le FFS (64) et le PMA (62). Pour les APW, il vient juste après le FLN et le RND en matière de nombre de sièges avec 152 sièges obtenus grâce aux 650 000 voix exprimées en faveur de ses listes. Mais le MSP n'a gagné la présidence d'aucune APW sur les 48 du pays. En la matière, des partis comme le FFS (2), AHD 54, le PLJ et le MPA ont fait mieux que lui en arrachant une assemblée chacun. Quant à Abderrazak Makri qui reprendra la présidence ce vendredi, il s'occupera de la préparation du congrès où sera élue la nouvelle direction du parti unifié. Selon plusieurs observateurs, M. Makri a fait exprès de céder la présidence du MSP à Abdelmadjid Menasra durant les premiers six mois afin que lui échoie l'organisation du congrès durant les seconds six mois de transition. Voulant un autre mandat à la tête du parti, il aura la position de favori, étant le président, car, souvent, un chef de parti qui veut succéder à lui-même réalise son objectif sans trop se casser la tête. C'est une règle en Algérie. A l'étranger aussi, c'est la règle générale avec quelques exceptions. Si Abdelmadjid Menasra ne semble pas intéressé par la présidence du MSP, Abderrazak Makri pourra avoir pour rival et concurrent Aboudjerra Soltani. En tout état de cause, et quelle que soit l'issue du congrès du MSP, la réunification de ce dernier est une leçon pour les partis de la mouvance démocratique. Ces derniers qui se séparent avec leurs cadres ne peuvent envisager aucune démarche pour les réintégrer puisqu'une fois le divorce consommé, une relation d'adversité éternelle s'installe. Peut-on imaginer un jour le FFS se réunifier avec le parti de Karim Tabbou par exemple ? Ou le RCD réintégrer ses anciens cadres comme Ali Brahimi et Tarik Mira ou Djamel Ferdjellah ? Les islamistes, quant à eux, ont pu dépasser leurs divergences et nous offrent une leçon en or en la matière.