Abderrahmane Sahouli, qui aurait fêté hier ses 103 ans, était un monument de la peinture et de la miniature algérienne. Alger et la Casbah qu'il a si souvent dessinées dans ses tableaux devraient lui rendre hommage en lui consacrant un musée ou une galerie d'art. Abderrahmane Sahouli, qui était par ces Kesbadji dont la vie et la démarche sont discrètes et timides, n'a vécu que pour l'art et n'a aimé que les belles images de son entourage qu'il étalait sur ses toiles avec les plus belles couleurs et la plus grande finesse dont seuls les grands artistes avaient le secret. L'artiste qui a consacré toute sa vie à l'art s'était retiré les dernières années de sa vie dans son atelier sis en son domicile à Bainem pour se livrer en solitaire à la peinture afin de laisser derrière lui les ultimes œuvres pour enrichir sa valeureuse collection. L' homme et l'artiste qu'était Sahouli savait au fond de lui qu'il allait un jour partir, mais savait aussi qu'il devait laisser des tableaux éternels pour dire ce qu'il pensait et ce qu'il ressentait. Abderrahmane Sahouli qui est né à la Casbah d'Alger, s'est mis à l'apprentissage du dessin à l'âge de 8 ans en s'inscrivant aux cours de la société des Beaux arts qui continue à ce jour à former des artistes- peintres et des musiciens. Les années d'or de la Casbah A cette époque, la Casbah vivait au rythme de la chanson andalouse, Hawzi et Meghrabi qu'on appellera plus tard le Chaâbi. C'était la période des premiers enregistrements de disques 78 tours avec Maâlma Yamna, Bachtarzi et El Anka, d' un côté et l'émergence des frères Omar et Mohamed Racim, de Mustapha Bendebagh, Mohamed Temmam, Mohamed Issiakhem et Cheikh Sfaxi qui reste irremplaçable dans la décoration des anciens meubles tels que le coffre des mariées (Sendouq El ârais). Au milieu des années 1940, il deviendra membre de la société des beaux arts que dirigeait l'artiste Camille Leroy en tant qu'artiste peintre confirmé. Il ouvrira en parallèle son propre atelier de miniature et décoration. Il ne quittera cette association centenaire qu'après des dizaines d'années durant lesquelles, il ne lésinera pas sur les moyens pour transmettre son savoir faire et son art à plusieurs générations de jeunes artistes. Il continuera d'enseigner au sein de cette association dont il deviendra le directeur. Au lendemain de sa retraite et son retrait dans son atelier de Bainem, c'est son élève Belkahla qui le remplacera. Le jubilé Durant sa longue carrière consacrée exclusivement aux arts plastiques, notamment la miniature, la décoration et la céramique, Abderrahmane Sahouli a exposé en Algérie et à l'étranger. Sa dernière grande exposition remonte à 1999 et s'est tenue au palais de la culture Moufdi Zakaria à Alger. Pour cette ultime exposition de Abderrahmane Sahouli, les visiteurs avaient eu le privilège de voir les meilleurs œuvres de l'artiste, notamment des peintures sur verre, des aquarelles, des miniatures et des toiles. Les visiteurs se souviennet de ces tableaux représentant Alger, son port et sa Casbah, les paysages de Biskra, de Tala Guilef et Tikjda. Pour ce jubilé, l'artiste exposa également son autoportrait. Abderrahmane Sahouli, tout comme le miniaturiste Mustapha Bendebagh, a choisi la discrétion en ne s'exprimant que par le bout du pinceau. Il restera parmi les grands peintres qu'a connus l'Algérie.