La salle de délibérations du siège de la mairie de Tizi Ouzou abritera, aujourd'hui, une rencontre qui sort un peu de l'ordinaire. Elle sort de l'ordinaire dans le sens où la capitale du Djudjura – connue jadis sous l'appellation de la Petite Suisse tant il y faisait bon vivre, et qui est devenue au fil des ans une ville à fuir, insalubre, sale, pour ne pas dire lugubre – abritera, donc, une journée un peu particulière qui sera au concept de ville intelligente connue aussi sous l'appellation «smartcity». «Tizi-ouzou ville intelligente : pour un meilleur lendemain», tel donc le thème sous lequel est placé cet événement qui se déroulera sous la direction de M. Chouitene Mehdi, PDG de Datategy. La ville de Tizi Ouzou a tout sauf d'être une «smartcity». Elle en répond en effet à aucun critère qui pourrait lui conférer un tel statut. Les termes pour désigner la ville intelligente sont nombreux : smart city, ville numérique, green city, connected city, éco-cité, ville durable, etc. Or, la capitale du Djurdjura est aux antipodes de ces appellations. Selon Rudolf Giffinger, expert en recherche analytique sur le développement urbain et régional à l'université technologique de Vienne, «les villes intelligentes peuvent être classées d'après six critères principaux, liés aux théories régionales et néoclassiques de la croissance et du développement urbain et respectivement fondés sur les théories de la compétitivité régionale, l'économie des transports et des technologies de l'information et de la communication, les ressources naturelles, les capitaux humains et sociaux, la qualité de vie et la participation des citoyens à la vie démocratique de la ville ‘et que' Les changements organisationnels, technologiques et sociétaux des villes actuelles sont induits par leur volonté d'être une partie de la réponse au changement climatique. La ville intelligente cherche, ainsi, à concilier les piliers sociaux, culturels et environnementaux à travers une approche systémique qui allie gouvernance participative et gestion éclairée des ressources naturelles afin de faire face aux besoins des institutions, des entreprises et des citoyens». L'analyse des critères fait ressortir de prime abord qu'on est encore loin de parler de ville intelligente. Si l'on considère seulement le critère lié à l'économie des transports et des technologies de l'information et de la communication, on se rend compte qu'elle est aux antipodes de tout développement dans ce sens. D'aucun est loin d'ignorer que le secteur du transport constitue un point noir au niveau de la ville de Tizi Ouzou qui, malgré tous les réaménagements apportés, est restée otage de l'anarchie et des interminables embouteillages devenu un décor quotidien caractérisant cette étroite ville. Tout déplacement aussi bien en voiture qu'en transport de masse est synonyme de torture. L'anarchie est partout. Cette situation des plus déplorables, pénalise en premier lieu les voyageurs qui se trouvent otages d'un diktat de la part des transporteurs qui eux-mêmes n'arrêtent pas de se plaindre de cette situation dont ils se disent êtres victimes au même titre que les voyageurs en raison de longues heures d'embouteiller qui sont loin d'être rentables. Ceux qui travaillent légalement et qui paient leurs impôts se trouvent être otages des «clavons» qui sont du reste très nombreux. Ces derniers vont même jusqu'à «inventer» de itinéraires et du coup, c'est les transporteurs qui travaillent légalement qui en pâtissent. C'est pourquoi, les transporteurs de la wilaya, notamment ceux qui assurent les lignes urbaines, exigent des responsables à mettre de l'ordre dans le secteur. De multiples raisons allant du manque de préparation à l'urgence et la précipitation dans la réforme de ce secteur stratégique en passant par la «passivité» des services concernés par sa réorganisation et son contrôle, sont à l'origine de graves dysfonctionnements dans ce secteur névralgique. Un nouveau plan de circulation qui tarde à voir le jour Attendu depuis plusieurs années, la ville des Genêts peine à voir mise en place d'un nouveau plan de circulation au grand bonheur des automobilistes. Ainsi donc, pour venir à bout des éternels embouteillages et de l'anarchie qui règnent dans le secteur du transport au niveau de la capitale du Djurdjura, un nouveau plan de la circulation est entrain d'être élaboré par un bureau d'étude spécialisé en la matière, avons-nous appris auprès de la direction du transport de la wilaya. Ainsi, le secteur du transport est une nouvelle fois, mis sous la loupe des spécialistes afin de trouver une solution et mettre fin à la cacophonie qui le caractérise. Dans le but de réorganiser la circulation au sein de la ville de Tizi Ouzou caractérisée par l'étroitesse de ses ruelles, tout doit être revu, à commencer par les points noirs de la circulation, les stationnements etc, et ce, dans le but d'aboutir à un réaménagement au niveau des carrefours et des axes principaux des artères de la ville. Le calvaire des gares intermédiaires Plusieurs années après leur mise en service, les gares intermédiaires sont toujours conçues comme un véritable calvaire pour les dizaines de milliers de voyageurs qui y transitent quotidiennement. Ces gares intermédiaires réalisées à l'effet de désengorger la ville de Tizi Ouzou, ont produit presque l'effet opposé. Les voyageurs vivent le martyre. Parmi elles la station intermédiaire de Timizart Loghbar qui englobe les lignes menant du chef-lieu de la wilaya à quelques communes côtières. Une autre gare, celle dite de Béni Douala, implantée à proximité de la rocade sud, sous un viaduc, est à elle seule un supplice. Son emplacement est très mal réfléchi. Isolée, situé e à proximité d'un maquis, elle devient source de danger pour tout voyageur qui dépasse une certaine heure. Dès que le soleil décline, le lieu devient presque lugubre, pour ainsi dire.Un climat d'insécurité y règne. Des voyageurs en retard, préfèrent attendre de longues heures au niveau du lieudit La Tour dans l'attente d'un hypothétique taxi. Celle de Oued Aissi est un véritable cauchemar. Non seulement elle est devenue un immense dépotoir, mais aussi est aussi réputée pour son insécurité. Notons qu'en ce qui concerne cette dernière, et pour cause de manque d'une assiette foncière à même de la recevoir, c'est le port sec de la ligne ferroviaire qui été transformé en gare intermédiaire, en attendant le permis de transfert des terres agricole situées en face de l'entreprise ENIEM. Mal aménagée, connaît de multiples manques. Les voyageurs de différentes localités à savoir Larbaâ Nath Irathen, Fréha, Azazga, Mekla, Irdjen, Ain El Hammam et Tizi Rached, y vivent un supplice quotidien depuis sa mise en service en raison de l'insécurité et du manque d'infrastructures d'accompagnement au niveau de ce site qui se transforme en une immense piscine durant la saison hivernale. Est-il donc possible de parler de ville intelligente quand toujours dans le secteur des transports, le projet de réalisation d'un téléphérique est à la traîne depuis des années, quand les routes, même en ville, sont défoncées et sont impraticables, quand une ligne de voie ferrée contourne la ville alors que de par le monde ce sont les villes qui se construisent autour de la voie ferrée et non le contraire ? Si tel est le cas rien que pour le secteur des transports que dire alors des autres critères de ville intelligente ? L'environnement à lui seul est un critère qui lui ôterai ce qualificatif. L'environnement à Tizi Ouzou, et tout le territoire de la wilaya, est tout le temps agressé. L'insalubrité est partout. La Nouvelle ville, ou ce qui est appelé ainsi, est à elle seule l'exemple de l'insalubrité galopante. Des ordures aux eaux usées qui parfois ruissellent sur les trottoirs, tout est là pour faire de cette ville un lieu où il ne fait pas bon vivre. Que dire alors du reste des critères ?