Porté le 20 mars 2017 à la tête de la FAF à la place de Mohamed Raouraoua qui a payé cher l'élimination précoce et sans gloire de l'EN à la CAN 2017 ainsi que ses erreurs de casting pour le poste de sélectionneur national (Rajevac et Leekens), Kheireddine Zetchi boucle ce mardi sa première année aux commandes de la balle ronde algérienne. Cette première année a été tumultueuse, parsemée d'embûches et riche en événements. Les débuts ont été laborieux. Les premières décisions de l'ancien patron du Paradou AC sur le plan technique, à savoir le recrutement de l'Espagnol Lucas Alcaraz au poste de sélectionneur national et la nomination de Fodil Tikanouine comme nouveau Directeur technique national (DTN), ont soulevé un tollé général et elles ont été contestées au sein même du Bureau Fédéral. Alcaraz et Tikanouine n'ont pas fait de vieux os à la FAF et ils ont été rapidement remplacés par Rabah Madjer et Rabah Saâdane respectivement. Le retour de Madjer aux commandes des Verts n'a pas fait l'unanimité, car l'homme à la talonnade a connu une longue traversée du désert au cours de laquelle il s'est contenté du rôle de consultant technique sur des plateaux TV. Alcaraz, Tikanouine et Madjer, des choix controversés Epaulé par Meziane Ighil et Djamel Menad, l'ancienne star du FC Porto, dont l'objectif est la CAN 2019, a tout de même connu des débuts encourageants avec un nul face au Nigeria et une victoire contre la Centrafrique, qui a redonné le sourire aux camarades de Mahrez, après leurs trois revers de suite face à la Zambie (aller et retour) et le Cameroun, sous la direction d'Alcaraz dont la page n'est pas définitivement tournée. En effet, l'ancien entraîneur de Grenade, qui a vite rebondi chez lui en Espagne où il a pris les destinées d'Almeria, a décidé de saisir la FIFA pour être régularisé au dernier centime. Affaire à suivre. Le retour de Saâdane sur la scène a fait également des mécontents, mais l'artisan de la mémorable qualification des Verts au Mondial 2010 a quelque peu cloué le bec à ses détracteurs en présentant un projet plus au moins ambitieux pour la relance du football national, en compagnie de ses assistants ; Boualem Charef, Ameur Chafik et Abdelkrim Benaouda. Des centres techniques régionaux et une DTN digne de ce nom La FAF est dotée enfin d'une DTN digne de ce nom. Les sélections nationales de jeunes n'ont pas tardé à être relancées par Charef, nommé directeur des équipes nationales et entraîneur des Olympiques. Charef a même créé une EN U15, une première depuis très longtemps, et ce en prévision des Jeux africains qu'abritera notre pays l'été prochain. Zetchi veut de la continuité dans le travail et il ne compte pas dissoudre ces sélections de jeunes en cas de précoces éliminations dans les qualifications aux CAN U17 et U20. Il tient à rompre avec les pratiques de son prédécesseur, Mohamed Raouraoua, qui n'avait d'yeux que pour la première sélection nationale. Et le projet qui tient vraiment à cœur au nouveau patron de la FAF est la réalisation de quatre centres techniques régionaux, en appoint au CTN de Sidi Moussa, retapé par l'ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, Yahia Guidoum, puis modernisé par Raouraoua, après avoir été cédé à la FAF par les pouvoirs publics. Zetchi veut construire ces quatre centres régionaux à la place de l'hôtel de la Fédération que Raouraoua tenait à bâtir à Dely Brahim. Il faudra toutefois avoir l'aval des membres de l'assemblée générale, qui avaient validé le projet de l'hôtel que le nouveau Bureau Fédéral a décidé d'annuler. Si l'AG de la Fédération y adhère, les deux premiers centres techniques régionaux seront établis dans les wilayas de Saïda et d'El-Tarf. Les Walis de Saïda et d'El-Tarf ont dégagé des assiettes de terrain pour la réalisation de ces centres techniques. Tout va s'éclaircir lors de l'AG ordinaire de la Fédération prévue le mois prochain. Guerre ouverte et première victoire contre Kerbadj L'an 1 de Zetchi à la tête de la FAF a été, d'autre part, marqué par cette regrettable guéguerre avec le président de la LFP, Mahfoud Kerbadj, un membre influent du clan de Raouraoua que les présidents de clubs ont maintenu contre vents et marées aux commandes de la Ligue. Le litige entre les deux parties a connu récemment son dénouement. Kerbadj et son équipe ont été déboutés par le Tribunal du Sport Algérien qu'ils avaient saisi pour contester la dissolution du Conseil d'administration de la LFP par le Bureau Fédéral de la FAF qui a mis en place un directoire pour gérer les affaires courantes de la Ligue et les deux championnats professionnels de Ligues 1 et 2 Mobilis. La FAF et Zetchi ont eu gain de cause, mais le clan de Kerbadj compte sérieusement saisir le TAS de Lausanne, tout en menant une autre bataille pour destituer la nouvelle direction de la Fédération lors de la très attendue AG ordinaire où les premiers bilans de la nouvelle équipe dirigeante de la FAF seront présentés. Si ces bilans seront adoptés, ce sera la victoire finale pour Zetchi et son équipe. Premières enquêtes sur les ligues L'autre fait marquant de l'an 1 de Zetchi à la tête de la FAF est les enquêtes lancées au niveau des ligues, après les plaintes et requêtes reçues de la part de nombreux acteurs (arbitres, entraîneurs et présidents de club) des quatre coins du pays. Depuis le départ de Raouraoua, les langues se sont déliées au niveau de toutes les ligues, ce qui a incité Zetchi à mettre sur pied une commission d'enquête, composée de trois membres du Bureau Fédéral, Amar Bahloul, président de la commission de coordination avec les ligues, Rachid Gasmi, responsable de la Direction nationale de contrôle de la gestion (DNCG), et Mohamed Ghouti, nouveau président de la commission centrale d'arbitrage, et d'un membre de la division médias, Hamouche Benslimane. Deux présidents de ligues, Mohamed Dehamchi de la LRFCNE (ligue régionale de Constantine) et Kamel Mahindad de la LFWB (ligue de wilaya de Béjaïa), ont démissionné. «Le rapport final et définitif de ces enquêtes sera présenté au bureau fédéral et la commission d'éthique de la FAF prendra par la suite le relais. On ira jusqu'au bout et on saisira la justice s'il le faut», dira Amar Bahloul, le membre fédéral le plus actif. Le président de la ligue d'El-Tarf qui préside le directoire provisoire de la LFP, tout en intégrant la commission de la Coupe d'Algérie, est sur tous les fronts et il a même déjoué la tentative de destitution de la nouvelle direction de la FAF, menée par de pros-Raouraoua à Constantine lors de la finale de la super coupe d'Algérie. Relance de la DNCG Zetchi a décidé, par ailleurs, de remettre sur pied la Direction nationale de contrôle de la gestion (DNCG), qui n'a cependant pas encore entamé sa mission. Cela a d'ailleurs déplu à Mohamed Mecherara, engagé par Zetchi comme conseiller. Mecherara s'est retiré sur la pointe des pieds et c'est une grosse perte pour la FAF. La réorganisation du football professionnel et l'instauration du fair-play financier est le grand défi qui attend Zetchi, préoccupé pour le moment par cette très attendue AG ordinaire au cours de laquelle il présentera les premiers bilans moral et financier de son mandat. Si ces bilans seront adoptés par la majorité écrasante des membres de l'AG, ce sera le coup de grâce pour ses adversaires qui lui ont empoisonné la vie depuis son élection à la tête de la FAF.