Pour célébrer les 20 ans de l'instauration de la Journée nationale de l'artiste et par la même occasion, les 60 ans de disparition de l'artiste martyr Ali Maâchi, une conférence a été animée, hier, à cette occasion au forum de la mémoire du quotidien El Moudjahid à Alger par Mustapha Sahnoun, Amar Belkhodja et Abdelhamid Rabia. «L'artiste martyr, Ali Maâchi a grandement contribué à la guerre de Libération nationale, en combattant le colonialisme français par sa plume, sa voix et sa musique. Il était le meilleur ambassadeur de la révolution algérienne à travers ses paroles et ses compositions», dira d'emblée le musicien Mustapha Sahnoun, ami de Ali Maâchi et membre de la troupe artistique du FLN. Sahnoun qui s'est remémoré sa rencontre avec Ali Maâchi à la radio nationale, dira que ce dernier au même titre que Abderahmane Aziz, était un chanteur à la voix exceptionnelle qui pouvait atteindre toutes les gammes. «C'était aussi un brillant technicien et sonoriste. De Meriem Fekkai à Khelifi Ahmed en passant par Ahmed Wahbi et Blaoui El Houari, la plupart des artistes ont tenu à enregistrer des chansons sous la direction d'Ali Maâchi. C'était aussi un très bon musicien qui excellait sur le jeu du Oud», a-t-il mentionné. Mustapha Sahnoun est revenu par la suite sur le premier morceau qu'il avait enregistré avec Ali Maâchi, à savoir «Taht Sama El Djazair» tout en mettant l'accent sur l'énorme amour que portait Ali Maâchi pour sa patrie. La révolution De son côté, Amar Belkhoudja, est revenu sur les conditions d'arrestation et de mort d'Ali Maâchi. «Soupçonné par le colonialisme français de travailler pour la cause nationale, Ali Maâchi et son ami Djamel Mohamedi sont Arrêtés et jetés dans une centre de transit (centre de torture provisoire), en guise de représailles dans le but de semer la terreur au sein de la population... Par la suite, le 08 juin 1958, alors que je suivais une formation en dactylographie, des amis à moi sont venus me chercher pour me dire et me monter une scène atroce, celle de la pendaison d'Ali Maâchi, et deux autres de ses camarades, Djilali Bensotra et Mohamed Djahlene, arrêtés, torturés et lâchement assassinés... Ce fut un spectacle macabre. Ils étaient criblés de balles et accrochés par leurs pieds et leurs torses dans la cour de Carnot à Tiaret (appelée aujourd'hui Sahat Echouhada). A 76 ans aujourd'hui, je suis toujours profondément touché et bouleversé par cette scène. C'est un réel traumatisme de guerre que je grade, ainsi que d'autres personnes ayant vécu et connu les affres de la guerre...». L'art pour défendre la patrie Pour sa part, Abdelhamid Rabia qui est revenu sur le parcours d' Ali Maâchi dira que ce dernier a donné sa vie pour une Algérie libre en soutenant la cause nationale à travers son talent de parolier et de compositeur. «De par l'impact de ses œuvres tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, l'artiste martyre, qui a incarné le combat pour l'indépendance de son pays est né le 12 août 1927 à Tiaret. Ali Maâchi a fait des études primaires qu'il abandonne rapidement pour aider son père agriculteur. Il fera partie des Scouts Musulmans Algériens (SMA) dans sa jeunesse, ce qu'il lui vaut très tôt une conscience nationaliste. Par la suite en 1949, il rejoint les forces navales de l'armée française dans la ville de Bizerte (Tunisie) pour accomplir son service militaire. Et c'est dans cette ville, que Maâchi rencontre de grands maîtres du chant, comme Kaddour Srarfi. Il fera aussi de nombreux déplacements dans les capitales arabes qui lui permettent de perfectionner ses connaissances sur le chant et la musique arabe. Mais ce sont ses voyages en mer qui ont forgé le futur poète lui inspirant des vers aussi puissants et gracieux que "Angham El Djzaïr" (Mélodies de l'Algérie) et "Tahta sama'e El djazaïr" (sous le ciel de l'Algérie)... En 1953, il fonde une troupe musico-théâtrale qu'il nomme "Saffir Ettarab", après quoi, il se rend à Alger où il suit une formation qui lui permet de travailler en tant que technicien du son à la radio. Ali Maâchi rejoint les rangs de la guerre de libération en 1957. Il est chargé de faire le tirage et la distribution du texte de l'hymne national... ». La journée nationale de l'artiste a été instaurée en grande partie pour rendre un éternel hommage à ce poète, compositeur, chanteur et martyre.