Quarante-six ans après le lâche assassinat, le 8 juin 1958, par les militaires français, d'Ali Maachi et de ses deux compagnons d'infortune que sont Djillali Bensotra et Mohamed Djahlène, les Tiarétis ne voudraient pour rien au monde oublier leur enfant terrible et l'artiste émérite, celui-là même qui a composé «Angham El Djazair» resté pour la postérité inscrit dans le registre de la musique moderne nationale. L'espace d'un anniversaire, Tiaret, d'où est partie l'idée de l'institutionnalisation de la Journée nationale de l'Artiste, du temps de Hamraoui Habib Chawki, reste fidèle à l'homme et à son combat par l'engagement militant, par la plume et par la parole qui résonnait aux quatre coins du pays. Dimanche, l'occasion a été donnée aux officiels et anonymes citoyens de déposer des gerbes de fleurs au carré des martyrs en hommage au sacrifice des trois chahids assassinés par la horde colonialiste et pendus au pied du célèbre bicentenaire platane à l'ex-place Carnot (actuelle place de l'Indépendance). Avec l'avènement de la fondation Ali Maachi, on croyait, localement, que toute la lumière serait faite sur le combat de Ali Maachi et surtout pour retrouver son cadavre enfoui quelque part dans les bois de la région. Il existe néanmoins un prix national attribué chaque année à des lauréats de plus en plus nombreux à s'inscrire dans le registre du patrimoine culturel immatériel. Il faut savoir qu'avec le peu d'amis de Maachi encore vivants, on continue à entretenir la mémoire et toujours à évoquer le parcours de Ali. «Après des années passées à la Marine, il fonde, en 1953, une nouvelle troupe musico-théâtrale qu'il nomme «Saffir Ettarab» et qu'il dirigera avec brio. Cette troupe comprend des éléments de l'orchestre El Andaloussia qui a eu de belles années de gloire à cette époque. La troupe de Maachi chanta très souvent, à diverses occasions, l'amour de la patrie, le sacrifice, l'amour, l'éloignement et célèbrera en présence de Ferhat Abbas en mars 1954, le XIe anniversaire du Manifeste algérien. On reconnaît alors à Ali Maachi de nombreux talents de parolier, compositeur, instrumentiste et interprète, et sa troupe a atteint une célébrité nationale de renom, notamment avec des chants patriotiques et du terroir dont «Angham El Djazair» fut l'apogée. Son répertoire, partiellement enregistré à la Radio algérienne, comprend, entre autres : Ziaret Sidi Khaled, Hadhak el youm fel achia, Wassit el goumri, Trig Wahran et autres morceaux», écrira son biographe attitré, notre ami et collègue Amar Belkhodja dans son livre «Ali Maachi : Art et combat». «Ô gens, quel est mon amour affectant ? Ô gens, quel est mon amour le plus grand ? Si vous me le demandez, je sauterai de joie à la féérie et je dirai : mon pays c'est l'Algérie».