Bien qu'il y a un petit retour des activités théâtrales, notamment au niveau de la capitale, on est encore loin des années d'or du 4e art. Le festival du théâtre universitaire qui s'est tenu à Sétif a pris fin, avant-hier soir. Un festival qui n'a pas eu d'échos à cause du manque de communication et de médiatisation. L'ère où on se cachait derrière les effets de la décennie noire doit être oublié car cette époque est bien révolue et donc le problème est ailleurs. Si certains gestionnaires font tout leur possible pour la relance du théâtre en Algérie, d'autres préfèrent se contenter de leurs salaires. On se demande pourquoi la direction du théâtre national qui active nettement mieux à la salle Mahieddine Bachtarzi bien qu'on est encore loin de faire une comparaison avec les années 1970-1980, ne penserait pas à ces théâtres régionaux (à l'image de celui de Batna) qui n'arrivent pas à tracer un programme. En famille Les gestionnaires de notre théâtre et de notre culture devraient se rappeler que les algériens ont toujours aimé le théâtre autant que la musique. En famille, on parlait beaucoup plus de théâtre dans les années 1940 qu'aujourd'hui. Dans les années 1930 alors qu'il n'y avait que quelques troupes dont les sièges se trouvaient notamment à Alger, Constantine et Laghouat, les gens étaient informés de l'arrivée de telle ou telle troupe quelques jours d'avance et ne rataient pas le spectacle. Aujourd'hui, on organise un festival national universitaire alors que des professeurs d'université spécialisés dans le théâtre tel que Ahmed Cheniki ne sont ni invités ni informés comme si c'était une manifestation clandestine. Dans les années 1960-1970, les algériens ne rataient pas l'émission française «Au théâtre ce soir» qui passait tous les mardis à la télévision. Les pièces qui passaient à la radio algérienne étaient également très suivies alors qu'aujourd'hui, il y a le vide. Au moment où le théâtre algérien n'avait que quelques années d'existence, les pionniers Allalou et Dahmoune enregistraient deux sketchs sur disque 78 tours. Un disque qui a eu beaucoup de succès puisque les collectionneurs le gardent jalousement. Dans les années 1930, le grand comédien (le Molière algérien) Rachid Ksentini avait pratiquement enregistré tous ses sketchs qu'il présentait sur scène aux côtés de sa compère Marie Soussan sur disques. Les deux artistes très doués n'hésitaient pas à terminer la plupart de leurs spectacles par des chansons. Il faut rappeler que Rachid Ksentini, qui est reconnu comme le plus grand comique algérien de tous les temps, était un artiste complet. Il écrivait ses pièces, s'occupait de la mise en scène composait ses musiques et jouait aussi bien à la guitare qu'au banjo. D'autres comédiens ont suivi sa voie en ne se privant pas de chanter. C'est le cas de Sid Ali Fernandel, Rouiched, Djafer Beck et Mohamed Hilmi qui a réussi de belles comédies musicales à la télévision. Rouiched avait enregistré au moins deux 45 tours dont L'anisette alors que Djafer Beck s'est défoulé au lendemain de l'indépendance dans son disque «Eddinaha» et «La Ilaha Illa Ellah» en se moquant des colons français obligés de prendre leurs valises. Le bon vieux temps A lendemain de l'indépendance, le grand duo du théâtre comique Hassan Hassani et Tayeb Abou El Hassan avaient également fait un tabac avec leurs disque 45 tours. Ils ont même enregistré un 33 tours. C'est dire que le théâtre était l'égal de la musique. Ce qui n'est pas du tout le cas aujourd'hui. Côté pratique théâtrale et intérêt pour cet art, l'Algérie a bien reculé. Autrefois, on pratiquait le théâtre dans les écoles et lycées et au moment où on croyait que la femme devait rester à la maison, l'opéra d'Alger (TNA) affichait tous les lundis après midi dans les années 1960, complet durant la séance pour femmes dont une bonne partie venait en portant le fameux Haïk Mremma (voile). Y a-t-il quelqu'un pour nous faire revivre ce bon vieux temps ?