Les inondations, qui ont causé des pertes humaines et occasionné des pertes matérielles très importantes, mettent à nu les défaillances des pouvoirs publics dans la prévention et la gestion des catastrophes naturelles. En effet, les législateurs ont conçu une loi pour encadrer l'action de l'Etat après les catastrophes naturelles, dont les tremblements de terre, les inondations et les coulées de boue, les tempêtes et les vents violents, les mouvements de terrain. D'ailleurs, la loi 04-20 du 25 décembre 2004, relative à la prévention des risques majeurs et à la gestion des catastrophes, dans le cade du développement durable, stipule l'élaboration d'une carte nationale d'inondabilité, précisant l'ensemble des zones inondables, y compris les oueds, mais également les seuils, conditions, modalités et procédures de déclenchement des pré-alertes et des alertes pour chacun de ces aléas, ainsi que les procédures de suspension des alertes. Pourtant, quatorze ans après la promulgation de cette loi, M. Melizi, délégué national aux risques majeurs du ministère de l'Intérieur, a affirmé, la semaine dernière, que pour le moment, l'Algérie ne dispose pas de cartographie exacte des zones inondables, ajoutant qu'elle «est en train d'être réalisée et devrait être finalisé bientôt». Hormis la non-élaboration de la carte, les populations des régions sinistrées sont livrées à elles-mêmes, puisque la loi n'est pas appliquée, notamment dans le volet de l'indemnisation. Ne reconnaissant pas les zones sinistrées, l'Etat empêche l'indemnisation des citoyens de ces régions, qui ont perdu certains de leurs proches et leurs biens immobiliers. L'état de catastrophe naturelle est déclaré par un arrêté des ministres chargés des collectivités locales et des finances, n'impliquant pas la société civile. Pour rappel, ces dernières semaines, près de 28 wilayas ont été touchées par des inondations, qui ont causé de nombreux décès et provoqué des pertes matérielles très importantes. De nombreuses zones ont été inondées, suite à l'accumulation d'importantes quantités d'eau, dues aux pluies orageuses, provoquant la paralysie du trafic routier. Il a été constaté que de nombreux axes étaient entièrement sous les eaux, charriant les voitures et autres objets, causant des infiltrations dans les vieilles bâtisses. L'office national de météorologie avait émis plusieurs bulletins météo spéciaux, et signalé dans sa carte de vigilance, une alerte aux pluies orageuses sur ces wilayas, dont Tébessa, Khenchela, Oum El Bouaghi, El Bayadh, Batna, M'sila, Laghouat, Biskra, Djelfa, El Oued, Ouargla, Ghardaïa, Illizi et Tamanrasset. Enfin, le ministère de l'Intérieur a prévu l'actualisation des textes législatifs portant la gestion des risques majeurs «pour faire face aux nouveaux changements climatiques», et a programmé une conférence nationale sur les risques majeurs pour les 22 et 23 octobre prochain.