Le caractère pacifique du mouvement populaire qui dure depuis le 22 février dernier, a dévié de sa trajectoire habituelle, et à fait place à des scènes d'accrochage très violentes entre les policiers et les manifestants. La répression des forces de l'ordre, notamment des policiers anti-émeute, a battu son plein et a provoqué la révolte des Algériens. Depuis mardi dernier, le «pas de pitié» des policiers a causé plusieurs blessés parmi les protestataires pacifiques. A cause du jet anarchique des grenades à gaz lacrymogène et l'utilisation des canons à eau, plusieurs accidents ont été signalés dans les grandes artères de l'Algérois. A travers des vidéos publiées sur les réseaux sociaux, les protestataires ont dénoncé le regain de violence, dont ont fait preuve les agents de forces anti-émeute envers eux. Coups et blessures, attaques à la matraque, grenades à gaz lacrymogène, canon à eau et balles en caoutchouc… Tous les moyens étaient bons pour disperser la foule qui, depuis les premières heures de la journée du vendredi, ne faisait que s'accroître, pour exiger le départ du pouvoir et ses plus anciennes figures. Les témoignages sur les violences policières sont nombreux et beaucoup de commentaires négatifs sur le recours aux GOSP (unités d'élite de la police), en fin de manifestations, ont été contestés. Face à cette succession rapide des faits et le changement radical du comportement des agents de police, les manifestants maintiennent le cap des marches pacifiques jusqu'à l'aboutissement de leurs revendications. Dans ce remue-ménage, la DGSN fait part de 108 personnes arrêtées et de 83 policiers blessés. Elle a relevé dans un communiqué, que ces policiers ont été victimes d'agression au jet de pierres et aux objets contendants par des voyous. Suite à ces dérapages, poursuit-t-elle, «les services de police ont interpelé 108 personnes parmi les casseurs». Il y a certes, des «casseurs» et des voleurs parmi les protestataires, mais rien ne justifie pour beaucoup, l'usage excessif du gaz lacrymogène. Cette tournure tragique des évènements a été qualifiée par plusieurs parties d'une «répression injustifiée». De son côté, le Syndicat national des médecins résidents (SNMR) n'a pas hésité à charger la DGSN. Il a affirmé avoir été «témoin», par le biais des équipes de médecins bénévoles présents sur les lieux des manifestations et des points d'urgences, des agissements violents et illégitimes des forces de l'ordre, en dépit du caractère pacifique de la marche. Déplorant cette répression injustifiée, le syndicat a dénoncé une utilisation excessive et sans réserve des canons à eau, du gaz lacrymogène contre des manifestants pacifiques, au niveau de la place Maurice Audin. Face à cette situation, le SNMR a salué le civisme exemplaire et la mobilisation pacifique hors du commun des Algériennes et des Algériens, dans ce tournant décisif que vit notre pays. Par ailleurs, la mobilisation des forces spéciales de polices au niveau de la capitale ce vendredi, était sans précédent. Plusieurs centaines de policiers avaient déjà barricadé toutes les entrées d'Alger-Centre, dès les premières heures de la matinée. Tout au long de cette journée, la répression des policiers envers le peuple ne faisait que s'accroître.