Le général à la retraite, Khaled Nezzar, a révélé hier dans un témoignage, que Said, le frère cadet de Bouteflika, était prêt à tout pour que «le clan» reste au pouvoir, y compris en instaurant un «état de siège». Avouant qu'il a rencontré Said Bouteflika, et avoir échangé avec lui deux fois, Nezzar affirme : «Pour l'histoire, j'aimerais apporter un témoignage, pour dire jusqu'où était décidé à aller cet homme qui ne voulait pas comprendre, qui ne voulait pas imaginer, que le rideau était définitivement tombé». Khaled Nezzar soutient, dans son témoignage publié sur le site Algérie Patriotique appartenant à son fils, que «jusqu'à la dernière minute, le porte-parole du président – son frère Saïd – s'est accroché au pouvoir, multipliant les tentatives de diversion, les manœuvres, les manigances désespérées, pour garder la haute main sur les affaires du pays». Décrivant Said Bouteflika comme étant un «homme en désarroi», l'ex-ministre de la défense dit l'avoir conseillé de répondre favorablement aux revendications populaires, et lui a même fait deux propositions de sortie de crise. «Je lui dis : étant donné que le peuple ne veut pas d'un cinquième mandat, qu'il veut aller à une deuxième République, et qu'il rejette les membres de la classe politique en charge actuellement de responsabilités, j'estime qu'il faut répondre à ses demandes», écrit Nezzar. «La première proposition : – Prendre comme base de travail la lettre du président, qui parle de conférence nationale, la compléter en précisant les délais quant à sa durée de vie ; – Donner la date exacte du départ du président, qui ne devrait pas excéder 6 à 9 mois : – Remplacer l'équipe gouvernementale actuelle par un gouvernement de technocrates», poursuit Khaled Nezzar. «La seconde proposition, la plus raisonnable : – Que le président se retire soit par démission, soit par invalidation par le Conseil constitutionnel ; Parallèlement : – Désignation d'un gouvernement de technocrates ; – Création de plusieurs commissions indépendantes, qui seraient compétentes pour préparer les futures élections, et mettraient en place les instruments pour aller vers la deuxième République», ajoute l'ancien ministre de la Défense, qui poursuit : «Je suggérais également à Saïd la démission du président du Conseil constitutionnel et ceux des deux chambres du Parlement. Le nouveau président constitutionnel assurerait la vacance du président de la République et légiférerait par ordonnances. Inconvénient : une maîtrise moins aisée du processus du changement. Avantage : cette solution aurait toutes les chances d'être acceptée par l'opinion publique, du moment que la décision serait entre les mains d'une instance de transition crédible, parce qu'indépendante». Selon lui, Said Bouteflika a rejeté la deuxième proposition, la jugeant «dangereuse pour eux». «A la question : Et si cette énième lettre était rejetée, que feriez-vous ? il me répondit : Ce sera l'état d'urgence, ou l'état de siège ! J'étais surpris par tant d'inconscience», confie Nezzar, auquel Said Bouteflika aurait dit, lors de leur deuxième entrevue par téléphone, que l'Armée «pouvait agir contre Zéralda d'un moment à l'autre», et qu'il était peut-être temps de «destituer le chef d'état-major».