Le Syndicat national algérien des pharmaciens d'officines (SNAPO), qui se plaint depuis des mois de la pénurie des médicaments, tire la sonnette d'alarme face aux actes de violence dont font l'objet les officines, de la part des personnes dépendantes des psychotropes. En effet, le Snapo compte recourir à l'organisation, le 20 mai, d'une journée de protestation devant le ministère de la Justice, puis à une grève le 29 du même mois, et enfin à l'abandon définitif de la vente de psychotropes. Dans un communiqué rendu public hier, le Snapo appelle «les ministères et services concernés à prendre des mesures urgentes, à même de garantir aux pharmaciens l'exercice de leur fonction en toute sécurité, et les protéger contre les actes de violence émanant de personnes dépendantes aux psychotropes». Il a estimé que «ces mesures sont susceptibles de mettre les pharmaciens à l'abri des agressions auxquelles ils peuvent être sujets du fait de la vente de psychotropes, de l'insécurité, et du vide juridique dû à la non-actualisation des textes relatifs à ces psychotropes». Le syndicat a demandé par ailleurs, la publication dans le journal officiel, de toutes les listes des médicaments classés comme substances psychotropes, et la re-publication du décret ministériel relatif au classement de ces substances, dans le respect des articles 2 et 3 de loi relative à la santé. Le syndicat exige qu'aucun pharmacien ne doit être déféré devant la justice, avant l'établissement d'une expertise juridique de classification officielle des substances pour lesquelles il est poursuivi, une expertise devant être menée par un laboratoire médico-légal, une source accréditée ou une instance professionnelle agréée, représentant les pharmaciens. Le syndicat des pharmaciens a demandé également de ne pas poursuivre en justice, ni condamner les pharmaciens, pour des affaires de vente de produits non-classés officiellement en tant que substance psychotrope. Le syndicat a déploré par ailleurs, les actes de violence subis par plusieurs pharmaciens, à cause des psychotropes destinés à une catégorie bien particulière de malades. Contacté hier, Messaoud Belambri déclare qu'une équipe du bureau national du syndicat a été reçue hier, au ministère de la santé pour examiner la situation considérée alarmante. Le président du Snapo affirme que des engagements ont été pris concernant la publication des tableaux des psychotropes au journal officiel, et aussi sur la re-publication de l'arrêté portant classification de ces produits. Par ailleurs, il ajoute que le projet du décret exécutif finalisé concernant «la gestion technique des psychotropes» a été officiellement approuvé par le ministre de la santé, «en attendant son adoption par le gouvernement et sa publication au Journal officiel». Le ministre de la santé s'est engagé à saisir le ministre de la justice, pour la prise en charge des problèmes soulevés par le Snapo. Pour ce qui est des actions de grèves annoncées par son syndicat, Belambri affirme que le bureau national a décidé de maintenir la mobilisation, tout en gardant le contact avec la tutelle pour le suivi de l'évolution de la situation, et voir la réaction du ministère de la justice. Les problèmes des pharmaciens ne se résument pas seulement à la vente des psychotropes et ses dangers. La pénurie des médicaments figure parmi les grands maux auxquels font face les officines, ces derniers temps. Pas moins de 244 médicaments ont été annoncés en rupture de stock, il y a à peine 20 jours, par le président du Snapo. Belambri a aussi averti que 370 médicaments nécessaires pour le traitement de différentes pathologies seront en rupture, car les stocks seront épuisés à la fin du mois de juin 2019. Une rupture causée par un retard dans les programmes d'importation. Cette pénurie touchera, à en croire Belambri, au minimum quelques 11.000 officines sur le territoire national.