Rassemblés devant la Maison du peuple, plusieurs centaines de travailleurs syndicalistes ont exigé le départ du patron de la Centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd. Très en colère contre Sidi Saïd, les protestataires ont dénoncé son comportement hors-la-loi, ainsi que celui de ses proches. Pour eux, il est temps de mettre un terme à la corruption qui règne à l'intérieur de la Maison du peuple depuis quelques décennies. Drapés de l'emblème national, les manifestants ont brandi des slogans hostiles contre le SG de l'UGTA. «Sidi Saïd dégage !», «Sidi Saïd traître de la cause des travailleurs», «Vous n'échapperez pas à la Justice». Dès les premières heures de la journée d'hier, les travailleurs, décidés à faire valoir leurs revendications, ont tenu un sit-in à l'entrée de la Centrale. Malheureusement, les syndicalistes ont été interdits d'accès par un cordon de policiers formé à la porte de l'UGTA. Aux alentours de la Maison du peuple, un extraordinaire dispositif policier a été déployé, pour éviter tout débordement des travailleurs en colère. Depuis sa nomination à ce poste en 1998, Sidi Saïd règne en maître absolu à l'intérieur. Sans aucun contrôle, les agissements de ce dernier ont fini par faire éclater une révolte au sein même de la Centrale. Pour les syndicalistes révoltés, Sidi Saïd fait partie des figures du système Bouteflika, il doit rendre des comptes, comme Ouyahia, Ali Haddad, Tahkout. «Il a profité de son poste pour faire des affaires, et placer des personnes de son entourage dans des postes en Algérie et à l'étranger», a dénoncé l'un des manifestants. Issus de plusieurs fédérations et d'unions locales du centre du pays, ces syndicalistes exigent «le départ immédiat de Sidi Saïd», tout en déniant à la direction actuelle le droit d'organiser un congrès extraordinaire. En effet, ce nouveau rassemblement survient alors que la Direction de l'UGTA s'attelle à la préparation du Congrès extraordinaire prévu les 21 et 22 juin, en application de la décision de la dernière CEN qui s'est réunie le 27 avril aux Andalouses à Oran. Dans ce sens, il y a lieu de préciser que certaines fédérations sont contre l'organisation de ce Congrès extraordinaire qui se tient sous l'égide de la CEN. Ils proposent le limogeage de la Direction actuelle et son remplacement par un directoire qui doit préparer un Congrès de «refondation», en dehors des cadres actuels. Depuis le 22 février dernier, les travailleurs n'ont pas cessé de se mobiliser contre le SG de l'UGTA. Pour les manifestants, ces sit-in ont pour objectif d'exprimer le rejet de tous les travailleurs vis-à-vis de la ligne anti-populaire et anti-travailleurs de l'actuel secrétariat national de l'UGTA. Ils veulent également afficher leur adhésion à la mise en place du Comité national de réappropriation de l'UGTA par les travailleurs. Avec une détermination inébranlable, ils ont décidé de ne plus se laisser faire devant les agissements du patron de l'UGTA. Les syndicalistes avaient traité leur représentant de traître et de voleur. Les postures contradictoires du chef de l'UGTA ont créé de gros malaises dans les rangs des syndicalistes qui ne reconnaissent plus les directives de leur leader. Désormais, ils sont déterminés à faire valoir leurs revendications et ce, malgré les obstacles qui entravent leur chemin. Par ailleurs, précédemment Abdelmadjid Sidi Saïd, dont le mandat doit s'achever en janvier 2020 avait annoncé qu'il ne briguerait pas un nouveau mandat.