La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a entamé hier une tournée diplomatique au Proche-Orient et en Europe dans le but d'instaurer une nouvelle approche diplomatique de coopération avec ces deux régions et promouvoir les efforts de paix. Cette visite au Proche-Orient, la première du genre pour la secrétaire d'Etat américaine depuis sa prise de fonction fin janvier au sein de la nouvelle administration de Barack Obama, vise à mettre en œuvre un esprit de "coopération" avec ces deux régions souhaité par le nouveau président, et faire oublier l'ère de l'ancien président George Bush. Ce périple, la conduira en Egypte, en Israël et dans les territoires palestiniens, à Bruxelles, Genève et Ankara, a précisé un porte-parole du département d'Etat, Robert Wood. Yasser Abed-Rabbo, un des principaux collaborateurs du Président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, avait affirmé de son coté que l'ancien président américain Bill Clinton se rendra également en Cisjordanie. Mme Clinton participera aujourd'hui à Sharm el-Sheikh, en Egypte, à la conférence des donateurs pour la reconstruction de la bande de Ghaza, où elle devrait annoncer plus de 900 millions de dollars d'aide à la reconstruction de ce territoire dévasté par les agressions de l'armée d'occupation israélienne, durant 22 jours (27 janvier-12 février). En marge de cette conférence, le processus de paix israélo-palestinien sera évoqué, ce qui donnera l'occasion à Hillary Clinton d'avoir de nombreux entretiens bilatéraux avec les responsables égyptiens ainsi qu'avec les dirigeants et les chefs d'Etat de la région. Cependant, le directeur exécutif de Human Rights Watch, Kenneth Roth, estime que "toutes les promesses auxquelles cette conférence devrait donner lieu ne serviront pratiquement à rien si les donateurs n'exigent pas d'Israël l'ouverture des frontières aux biens commerciaux et aux denrées humanitaires de première nécessité". Mardi et mercredi, la chef de la diplomatie américaine se rendra respectivement à El Qods occupée et Ramallah, pour s'enquérir de la situation à la suite des nouveaux développements qu'a connu cette région marqués par la prise de pouvoir par la droite israélienne dirigée par leLikoud de Benjamin Netanyahou lors des dernières élections. A ce propos, la responsable américaine aura des entretiens avec le Premier ministre sortant Ehoud Olmert, le président Shimon Peres, la chef de la diplomatie Tzipi Livni et le chef de l'opposition Benjamin Netanyahou, chargé de former un nouveau gouvernement. Mais la mise en place de ce cabinet piétine. Faute de coalition avec le parti centriste Kadima, dirigé par Livni, Netanyahou devrait se tourner vers une probable union avec l'extrême droite, arrivée en troisième position lors des dernières législatives. Ce qui risque selon les analystes d'amener à un blocage dans les négociations de paix entre les Palestiniens et les israéliens. Ce périple intervient également au moment où le dialogue entre les différentes factions palestiniennes dont le Fatah et le Hamas est entamé au Caire afin d'aplanir les différends et mettre en place un gouvernement d'union nationale. C'est dans ce contexte que la chef de la diplomatie américaine devra peser de tout son poids afin de ramener à nouveau israéliens et palestiniens à la table des négociations ce qui n'est pas une mince affaire surtout avec le futur gouvernement israélien dirigé par Benjamin Netanyahu. Elle devra notamment réitérer le soutien d'Obama à l'idée de deux Etats voisins indépendants et sa disposition à s'engager à l'application des résultats de la conférence d'Annapolis pour la relance des négociations de paix. "Nous sommes en ce moment uniquement focalisés sur le volet israélo-palestinien", avait déclaré Mme Clinton fin janvier dernier. Or Netanyahu est opposé à la création d'un Etat palestinien disposant d'une réelle souveraineté, thème au cœur des négociations de paix israélo-palestiniennes depuis leur reprise en novembre 2007 aux Etats-Unis, mais arrêtées après les agressions militaires israéliennes contre la bande de Ghaza. En réaction, le président de l'autorité palestinienne a réitéré ses conditions pour tout futur dialogue entre Palestiniens et Israéliens, en déclarant qu'il "doit être précédé par un arrêt total de la colonisation, la levée des barrages et le retour des forces israéliennes à leur position d'avant le 28 septembre 2000", date du début de l'Intifada.