La wilaya de Ghardaïa a été évitée hier par les candidats à l'élection présidentielle du 17 avril 2014. Aucun meeting ni rassemblement n'a, en effet, été organisé au premier jour de la campagne électorale. Chose qui n'a pas été forcément du goût de nombreux habitants de la Vallée du M'zab qui auraient souhaité que leur ville soit choisie pour le premier jour comme «symbolique» puisque cela illustrerait une certaine solidarité envers les victimes des affrontements inouïs ayant endeuillé cette paisible région. L'attente était vaine en ce premier jour de campagne. Côté candidats, l'explication est d'ordre politique. Le Parti des travailleurs, qui devait initialement commencer sa campagne à partir de Ghardaïa, a finalement préféré donner le coup d'envoi de Annaba, précisant qu'en raison de la situation prévalant sur place et le nombre de victimes, «nous avons fait ce choix pour ne pas être accusés de récupération politique. Le déplacement aurait été vu comme une provocation, un défi lancé à la région», justifie Ramdane Taâzibt. Les Mozabites, encore sous le choc et endeuillés, qui attendaient un geste de sympathie et de solidarité, se sentaient «délaissés» ce qui a renforcé leur désintérêt face à ce rendez-vous électoral, selon des habitants de la région. Côté logistique, rien n'est en place. Contrairement aux précédentes élections, les panneaux devant accueillir les portraits des candidats retenus pour la course à El Mouradia sont presque inexistants. La ville demeure triste et les rideaux de la plupart des magasins baissés, les rues sont désertes, mis à part les policiers qui quadrillent la ville. La dernière vague d'affrontements a fait trois morts et plus 200 blessés. Ali Benflis promet de stabiliser la situation à Ghardaïa s'il est élu. Selon Lotfi Boumghar, responsable de la communication de l'équipe de campagne d'Ali Benflis, ce dernier s'engage à se rendre à Ghardaïa et à ne pas quitter les lieux tant qu'une solution n'est pas trouvée. Il a programmé un meeting dans cette ville le 28 mars. Il profitera pour exposer son programme dans un premier temps. Selon le même responsable, «dans les circonstances d'insécurité actuelles, les comités locaux de soutien à Ali Benflis rencontrent des difficultés à mener normalement la campagne, indique encore Lotfi Boumghar». Pour Abdelaziz Belaïd, candidat du Front el moustaqbal, il n'est pas question de commencer à partir de Ghardaïa, car, dit-il, «je ne veux pas utiliser ce problème pour collecter les voix». Selon lui, «la violence à Ghardaïa est directement liée à la montée du chômage chez les jeunes et le problème de logement». Il promet de se rendre dans la Vallée du M'zab et promet également un programme de développement de la région qu'il dévoilera ultérieurement.