A Bruxelles, le quartier Schuman a une fois de plus été quadrillé pour raison de sécurité, à l'occasion du sommet européen qui s'y est tenu jeudi et vendredi. Au cœur des sempiternels embouteillages, les Bruxellois ne s'étaient sans doute pas rendu compte du douloureux accouchement auquel ont dû faire faceles 27 ! Et pour cause ! L'éléphant européen a accouché d'une… souris ! Ni plu ni moins, car les dirigeants européens qui se félicitent d'avoir trouvé un accord, dès jeudi soir, sur le volet communautaire de leur plan de relance, n'ont pu que s'entendre sur une enveloppe de… 5 milliard d'euros ! C'est beaucoup me direz-vous et vous auriez raison, n'était le fait que ce budget est destiné aux infrastructures énergétiques et… au développement de l'internet rapide dans les zone rurales ! Ce qui permet d'ores et déjà à ces deux secteurs de se frotter les mains. La crise n'en sera que plus douce pour eux… Mai si on parle d'un accouchement difficile, c'est que les autres pays fraîchement arrivés dans le Club, particulièrement les nouveaux venus de l'ex-bloc soviétique, se trouvent être parmi les plus «pauvres». Ils aimeraient obtenir une part du gâteau, ce qui est normal. Normal aussi que les autres pays en attente d'obtenir leur visa au sein de l'Europe, comme c'est le cas de l'Ukraine, lorgnent Bruxelles. Les ex-pays de l'Est veulent une part du gâteau Ce n'est donc pas sans raison si le vice-Premier ministre ukrainien Hrihoriy Nemyria a appelé l'Union européenne à faire preuve de créativité et à élargir à son pays et d'autres pays frontaliers «la possibilité d'accorder des prêts d'urgence face à la crise», soulignant que «30% du système bancaire ukrainien appartiennent à des banques ouest-européennes». M. Nemyria a estimé qu'il y avait là «une interdépendance de facto». Il semble plutôt que l'Ukraine fasse ici un chantage qui ne dit pas son nom, sachant que ce pays est attendu pour jouer un rôle aux confins de l'actuelle Europe, aux frontières de l'ancienne URSS… Un rôle de «garde frontière». 5 milliard d'euros donc, afin d'octroyer des prêts d'urgence à l'Europe de l'Est, confrontée à de sérieuses difficultés financières. Mais certains pays se sont quand même fait tirer l'oreille avant d'accepter. C'est que la crise touche tout le monde ! Qu'en dira Obama lors du G20 ? Par ailleurs, en prévision du G20, le 2 avril à Londres, les dirigeants européens devront faire bonne figure devant l'Oncle Sam ! Barack Hussein Obama a, en effet, mis la barre très haut et «exigé» des Européens qu'ils augmentent de façon substantielle leur contribution à la relance budgétaire mondiale. A Bruxelles, les 27 ont réagi de façon désordonnée. Ainsi, Jean-Claude Juncker, l'indéboulonnable Premier ministre luxembourgeois, se dit «tout à fait opposé à ce que nous, Européens, suivions le souhait américain d'avoir des programmes de relance encore plus massifs». D'autres divergences de vue par rapport aux exigences US ont émaillé le Conseil de Bruxelles, dont les membres ont estimé en avoir déjà fait assez, avec des plans de relance qu'ils évaluent à 3,3% du PIB européen, soit 400 milliards d'euros pour les plans de relance nationaux en 2009 et 2010. Le FMI en rajoute pour avoir plus de sous Ce qui ne convient ni aux Américains et encore moins au FMI qui voudrait que le G20 en fasse davantage pour la croissance. Le FMI explique, en effet, que le PIB international connaît un net recul, estimé entre 0,5% et 1%, soit une première depuis la Seconde Guerre mondiale ! Et donc recevoir davantage de contributions. Pas facile de délier les cordons de sa bourse, même si, au demeurant, tous les pays membres de l'UE peuvent piocher dans cette cagnotte… Le 2 avril, nous verrons bien si Obama accepte cette situation, lui qui a avancé 1000 milliards de dollars pour le plan de relance américain face aux malheureux 400 milliards de relance européens… Un Obama remonté, qui a créé, de son côté, l'événement avant le jour J. En effet, il a pris à contre-pied pratiquement toute la communauté internationale et même les… Iraniens qui ne s'y attendaient pas. A l'occasion de la fête iranienne du printemps de Norouz, le Président américain s'est tout simplement adressé, au travers d'une vidéo sous-titrée en farsi, aux dirigeants et au peuple iraniens. Un message de paix et une main tendue, à l'occasion de la fête iranienne, qui grandit davantage le jeune président américain. Une page sera-t-elle désormais tournée après trente années de relations tendues et tumultueuses ? Obama et sa main tendue à Téhéran Si l'on en juge par le redéploiement stratégique de la politique US, tel que voulu par Obama, il est permis d'espérer, d'autant que l'Iran, par la voix d'Ali Akbar Javanfekr, le conseiller de presse du président Ahmadinejad, a déclaré que son pays «accueille favorablement la volonté du président américain de mettre de côté les différences passées». Avant d'ajouter que «le moyen d'y arriver n'est pas de demander à l'Iran d'oublier unilatéralement l'attitude agressive des Etats-Unis par le passé : les Etats-Unis doivent reconnaître leurs erreurs passées et les réparer afin de mettre de côté les différences entre les deux pays». M. Javanfekr a tenu également à préciser que «les problèmes ne pourraient pas être réglés si les Etats-Unis continuent à apporter un soutien aveugle au régime usurpateur d'Israël, à commettre des actions violentes, notamment l'arrestation de musulmans ou le soutien à des groupes terroristes à travers le monde». Comme on peut le voir, le chemin des amours est encore long, mais il faut saluer l'initiative d'Obama qui peut paraître comme une révolution chez l'Oncle Sam, tant ses prédécesseurs avaient surtout des attitudes belliqueuses ! Les Européens ne veulent pas être en reste D'ailleurs, les Européens ne s'y trompent plus, face à ce «revirement, réajustement ?» de la politique américaine. Ce n'est pas un hasard, en effet, si le Madrilène Javier Solana, diplomate en chef de l'Union européenne, a émis aussitôt, vendredi, l'espoir «qu'un nouveau chapitre puisse s'ouvrir dans les relations avec l'Iran», après la main tendue d'Obama... Solana sait mieux que quiconque ce qu'il convient de faire en pareille circonstance. Il a été de 1995 jusqu'à 1999, date du cinquantenaire de l'Alliance Atlantique, son secrétaire général. Dix années auparavant, en 1989, rappelez-vous, c'était la chute du mur de Berlin, la perestroïka de Gorbatchev, la politique de Jean-Paul II qui fait des clins d'œil à Lech Walesa, le Pacte de Varsovie qui vole en éclats… La rébellion des Etats satellites… Une année chargée d'histoire... que cette année 1989 ! Dix ans plus tard, en 1999, l'Otan célébrait son jubilé, et le sommet de Washington fixait les buts stratégiques et les objectifs politiques de l'Alliance pour le 21e siècle… Débarrassé du bloc soviétique et de la guerre froide… Alors que vingt ans auparavant, en 1979, il y eut en Iran cette fameuse prise d'otages des diplomates de l'ambassade des Etats-Unis à Téhéran par les étudiants islamiques qui exigeaient l'extradition d'un certain Shah, appelé Mohamed Reza Pahlavi, et qui s'était réfugié aux USA. Un événement qui est intervenu juste après que l'ayatollah Khomeiny, revenu de son exil, ne fasse de l'ancienne Perse une République islamique… De décennie en décennie, l'histoire enregistre de faits marquants… Aujourd'hui, en 2009, l'Iran est au bout du chemin. Mais quel chemin ? That is the question !