Voulant aider un justiciable, il se retrouve derrière les barreaux. Il s'agit de D. M., responsable au niveau de la cour de Tizi Ouzou, chargé du service d'exécution des jugements. D. M. a comparu hier devant le tribunal de Rouiba pour abus de pouvoir, menaces et corruption. L'affaire en question remonte au mois de décembre 2008 quand la victime T. M. s'est rendue à la cour de Tizi Ouzou afin de retirer un jugement sur une affaire de chèque sans provision. L'employé inculpé a alors correctement accompli sa mission , mais la victime a voulu avoir le chèque en question, ce qui est formellement interdit par la loi. Et c'est à partir de ce moment que la victime a voulu corrompre l'accusé. Ce dernier, fonctionnaire du ministère de la Justice, et donc assermenté, n'a rien voulu savoir malgré l'insistance de la victime. Néanmoins, le malheureux employé a promis d'aider la victime, mais par la voie légale. T. M. ne jure que par la vengeance depuis ce refus. Il a laissé son numéro de téléphone à l'employé de la cour de justice pour qu'il le tienne au courant de l'évolution de son affaire, les coups de fil se sont alors accentués entre les deux parties, beaucoup plus de la part de la victime, manière de créer une certaine amitié et de mettre en confiance D. M., le temps de lui «arracher» le chèque. Mais D. M. est intraitable : en fonctionnaire honnête, il ne s'est pas laissé influencer par T. M., démontrant ainsi qu'il ne mange pas de ce pain-là. La vengeance comme dernier recours De guerre lasse, T. M. a pensé à un plan qui pouvait nuire d'une manière ou d'une autre à D. M. et c'est ainsi qu'il l'a invité à déjeuner ; au cours de ce déjeuner, il lui a proposé la somme de 2 000 DA dans un premier temps pour le tester. L'accusé refuse. Un deuxième plan est alors mis en place par la victime, mais cette fois il avise les éléments de la police judiciaire pour prendre D. M. en flagrant délit. La victime a mis son jeune fils sur l'affaire, le chargeant de remettre la somme de 9 000 DA au fonctionnaire bienfaisant. Les deux parties se sont donné rendez-vous chez la victime, apportant avec lui le dossier complet pour le remettre à T. M. puisqu'un jugement définitif a été rendu par la Cour suprême. Donc D. M. ne peut plus rien faire. Un fait important qu'il faut signaler, c'est que le dossier de la victime ne contenait pas le chèque, motif de complot. A peine arrivé sur les lieux du rendez-vous, le fils de la victime remet la somme de 9 000 DA à l'accusé sous le regard des éléments de la police judiciaire embusqués. Pour la deuxième fois, D. M. n'a pas pris l'argent, et c'est la panique générale. Le fils de la victime a voulu coûte que coûte entraîner l'accusé dans une affaire de corruption en lui remettant de force une enveloppe contenant de l'argent. Les policiers arrivent et embarquent le malheureux fonctionnaire et le fils de la victime au commissariat pour un interrogatoire avant de les présenter au procureur de la République, qui place à son tour D. M. sous mandat de dépôt afin de poursuivre l'enquête. Les contradictions qui font défaut Hier, devant une assistance composée essentiellement de collègues du fonctionnaire venus soutenir leur camarade, qui selon eux «a un parcours exemplaire, est très serviable, et a toujours fait plus que son travail», l'inculpé fait au magistrat la même déclaration qu'à l'interrogatoire, contrairement à la victime et son fils qui ont eu du mal à s'exprimer, ce qui renseigne sur leur mauvaise foi. Des contradictions ont caractérisé les déclarations de la victime et de son fils, appelé à la barre comme témoin. Les avocats de la défense ont apporté des preuves tangibles qui disculpent leur client, à savoir les appels téléphoniques entre les deux parties où il n'y a pas de demande d'argent ou autre privilège de la part de l'inculpé. Néanmoins, le représentant de la société civile a requis une peine de 7 ans de prison et une amende de 1 million de dinars à l'encontre de l'inculpé. Le verdict sera connu dimanche prochain.