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Quand l'art sert la conscience politique
Festival culturel panafricain d'Alger 2
Publié dans Le Temps d'Algérie le 25 - 03 - 2009

Désigné joliment sous le diminutif de "Panaf'" par les Algérois nostalgiques de cette époque épique, le premier Festival culturel panafricain restera assurément dans les annales. Et pour longtemps encore, comme un moment fort de l'Algérie contemporaine. Il fut un temps que les moins de quarante ans ne connaissent pas.
Alger était, disait-on, alors, la Mecque des révolutionnaires et Bouteflika le plus noir des Africains. Nombre d'Algériens ne savent pas que beaucoup de peuples sur terre jouissent aujourd'hui de leurs droits et de leur liberté un peu grâce à notre pays.
En fait, il n'y a pas trop à s'enorgueillir puisque tout ce que l'Algérie a entrepris en faveur des mouvements de libération venait tout simplement en droite ligne de son histoire, de ses principes fondateurs et de la lutte de son peuple pour retrouver sa liberté.
Les groupes révolutionnaires avaient leurs représentations à Alger
Le soutien des revendications légitimes des peuples opprimés et la fidélité aux engagements militants coulaient, ainsi, de source en cette terre de Novembre. Il est vrai que la transformation de l'ancienne colonie française en un Etat indépendant avait forcé le respect et l'admiration du monde entier. Forte de ce prestige, la diplomatie algérienne soutenait alors toutes les luttes contre la domination coloniale, raciale et autre. Très vite, la nouvelle nation devint l'hôte des leaders et des militants de presque tous les mouvements de libération dans le monde. Presque tous les groupes révolutionnaires avaient leurs représentations à Alger.
Au moment du Panaf', le continent noir ne s'était pas encore débarrassé du colonialisme portugais et du régime de l'apartheid en Afrique du Sud. Aussi, tous les mouvements de libération africains étaient à Alger, du MPLA de l'Angola au Frelimo du Mozambique, du PAIGC de Guinée-Bissau et du Cap-Vert à l'ANC d'Afrique du Sud. La culture comme moyen de mobilisation était, pour ces mouvements, une vraie aubaine.
Une nouvelle conscience politique
Qu'ils soient d'Afrique ou d'autres parties du monde, de nombreux exilés politiques affluaient. Alger était devenue un véritable sanctuaire pour tous les «damnés de la terre», parfois de vrais fugitifs. L'indépendance algérienne avait forgé, notons-le, une nouvelle conscience politique, non seulement en Afrique, mais également aux Etats-Unis, chez les Noirs américains. Après l'assassinat de Martin Luther King et de Malcolm X, les écrits de Frantz Fanon, le psychiatre antillais mort en révolutionnaire algérien, ont largement influencé la pensée et l'action des Afro-Américains impliqués dans la lutte pour les droits civiques dans les ghettos noirs aux Etats-Unis.
La situation des noirs aux USA n'est toujours pas reluisante en 1969. Loin s'en faut ! 43% des familles noires sont officiellement pauvres. Le salaire d'un Noir ne représente pas 60% de celui d'un Blanc. Les Noirs et autres citoyens de couleur ont deux fois plus de chances d'être au chômage. Le 4 décembre, des policiers de Chicago assassinent deux militants des Black Panthers, Fred Hampton et Marck Clark, dans leur appartement.
Obama au Panaf ?
Qui aurait cru en 1969 qu'un jour un homme noir aux origines africaines allait être 40 ans plus tard à la Maison -Blanche ? Obama était âgé à l'époque de 7 ans. Le «Panaf'», c'est donc aussi cet aspect méconnu d'une page de l'histoire des relations algéro-américaines. Ainsi, au moment même où s'ouvrait à Alger le premier Festival culturel panafricain, le 21 juillet 1969, des astronautes américains marchaient pour la première fois sur la Lune.
Et pendant que les Américains célébraient, ainsi, le triomphe de la science et de la haute technologie symbolisé par le module Apollo, Alger et ses hôtes faisaient allègrement la nique à l'AmériKKKe écrite avec trois K comme Ku Klux Klan. Et si les Yankees n'avaient plus de représentation diplomatique officielle à Alger (depuis la guerre des six jours en 1967), les Black Panthers avaient, en revanche, eux, pignon sur la rue Didouche Mourad. Un de leurs chefs, Eldridge Cleaver, sous le coup d'un mandat d'arrêt et recherché par le FBI pour meurtre, était confortablement installé à Bordj El Kiffan.
C'est paraît-il grâce à l'intervention personnelle du ministre de l'Information et de la Culture de l'époque, le défunt Mohamed-Seddik Benyahia, que les Panthères noires ont été accueillies en Algérie. Les Américains n'en revenaient pas de tant d'audace. La chose était rendue possible par l'entremise des puissants réseaux qu'entretenait Messaoud Zeggar aux USA, l'Algérie pouvait continuer à soutenir, tant qu'elle voulait, toutes les causes qu'elle jugeait justes sans jamais s'aliéner l'hyperpuissance impérialiste. Le président Boumediene excellait à ce jeu d'équilibriste, aidé en cela par l'ingéniosité de Zeggar.
L'Algérie se sentait vraiment à l'aise. En lançant officiellement une invitation à des artistes noirs avant-gardistes et surtout à des figures politiques en rupture de ban avec «Babylone», «Mama Africa» se faisait un devoir d'accueillir ses enfants oubliés d'Amérique qui reviennent enfin sur la terre des ancêtres, reprendre contact avec leurs racines.
De cette manière, l'identification des Noirs américains avec l'Afrique avait atteint à Alger son paroxysme. Il y avait des musiciens de jazz, des dramaturges, des acteurs et actrices, des poètes, des universitaires, des écrivains et des militants politiques, parmi lesquels on pouvait retrouver Nina Simone, Archie Shepp, Jeanne Lee, Clifford Thornton, Dave Burrell, Alan Silva, Sunny Murray, Ed Bullins, Don Lee Stockley Carmichael (le mari de Myriam Makeba), le docteur Nathan Hare et tant d'autres.
L'histoire n'oubliera pas qu'Alger a servi un jour de tête à un pont qui a enjambé l'océan Atlantique et brisé les chaînes de l'esclavage. Quelque temps après le «Panaf'», le président Boumediene réussira le tour de force d'être invité en grande pompe à la Maison-Blanche. Il fallait le faire ! Si aujourd'hui les temps ont changé, force est de constater que les hommes aussi. Un responsable politique algérien a osé déclarer, un jour, qu'après Dieu, il y avait les Etats-Unis d'Amérique.
«On est comme tous les autres. Tenons-le pour dit !» Mais peut on avoir été hippy soi- même et traiter, ainsi, les altermondialistes d'aujourd'hui de doux rêveurs gâtés et repus ? L'Algérie peut-elle se permettre un tel «grand écart» ? Et puis, peut-on rééditer sérieusement aujourd'hui le Panaf' ? Yes, we can…


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