Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
«1200 milliards DA sont détournés annuellement à des fins personnelles» Boualem Amoura, SG du Satef, à propos de la gestion des fonds des œuvres sociales :
En plus du spectre des grèves qui paralysent les établissements scolaires du pays ces dernières années, le secteur de l'éducation fait face à une sombre gestion des fonds des œuvres sociales. Un phénomène qui préoccupe les différentes sections syndicales du secteur. C'est du moins ce qu'a annoncé le SG du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), Boualem Amoura, qui a tiré à boulets rouges sur la répartition des fonds de ces œuvres qu'il qualifie de «mascarade». Selon lui, ces fonds ne profitent pas aux travailleurs de l'éducation, mais à des fins purement personnelles. Le Temps d'Algérie : Comment évaluez-vous la gestion des œuvres sociales ? M. Amoura : La gestion des fonds des œuvres sociales de l'éducation nationale est totalement chaotique ces dernières années. Une véritable catastrophe quand on sait que ces fonds représentent 3% de la masse salariale des travailleurs de l'éducation, soit une moyenne de 1200 milliards DA par an. Au total, le montant de ces fonds peut atteindre les 4000 milliards DA depuis le début du mandat de l'actuelle commission nationale et de wilaya chargée de cette gestion, en 2011. Ce montant est destiné à améliorer nos conditions socioprofessionnelles (logement, services, santé, allocations familiales…). Malheureusement, il est détourné à des fins purement personnelles par certains membres de ces commissions. Avez-vous profité des services des œuvres sociales depuis 2011 ? Nullement. L'activité des œuvres sociales a été gelée par la commission nationale depuis mai 2014. D'ailleurs, la question qui mérite d'être posée, c'est bien où passe tout cet argent ? Qui bénéficie de ces fonds ? Après une enquête effectuée par des représentants de notre section syndicale, nous avons constaté le détournement de ces fonds pour des loisirs personnels (voyages, omra, hadj…). Comment évaluez-vous les textes de lois régissant la gestion des œuvres sociales ? Avant tout, il faut revoir les modalités du règlement intérieur de la commission nationale qui écartent totalement la base salariale dans la prise de décision. D'ailleurs, le texte de loi n°8 stipule que cette commission de wilaya doit être composée de 9 membres permanents et de 3 membres supplémentaires. Quant à la composition de la commission de gestion, la loi stipule que chaque wilaya devra avoir au minimum 3 membres, soit au total 150 membres à travers les 48 wilayas du pays. Les adhérents du Satef estiment que la répartition de ces fonds doit se faire selon les spécificités de chaque wilaya. Une mission qui devra être assurée par les travailleurs eux-mêmes et non par les membres de la commission nationale ou bien de wilaya. Quelles sont vos principales recommandations ? Devant une telle situation catastrophique, j'appelle la première responsable du secteur, Mme Benghebrit, à s'impliquer dans cette gestion et ce, en jetant la balle dans le camp des travailleurs de l'éducation. Autrement dit, il est temps de procéder à la dissolution de cette commission nationale afin de permettre aux travailleurs d'être impliqués pleinement dans la gestion de leurs œuvres sociales. Cette initiative aura pour objectif d'assurer la crédibilité dans la répartition de ces fonds. Ainsi, nous appelons la ministre à mettre en place une enquête indépendante qui aura pour objectif d'évaluer la gestion de ces œuvres durant la période du mandat de l'actuelle commission nationale allant de 2011 à ce jour. Il faut savoir que la fin du mandat de cette commission devait avoir lieu le 7 décembre 2014. Mais suite aux instructions de la ministre, il a été décidé le prolongement de son mandat jusqu'à la fin du mois en cours.