C'est déjà la fin du fameux dixième congrès du FLN. A une journée de sa clôture officielle, Amar Saâdani est quasiment assuré d'être élu SG du parti. L'homme jouit déjà de la caution du président Bouteflika, également président du parti. Dans sa lettre adressée aux congressistes, le chef de l'Etat a ouvertement exprimé son soutien à Saâdani en encensant notamment les méthodes avec lesquelles le SG du FLN a su préserver le parti d'un risque d'implosion né d'une fracture au sein du comité central (CC), l'instance suprême du parti. Dans sa lettre adressée aux congressistes dont le nombre avoisine les 5000, regroupés depuis jeudi à la Coupole du complexe Mohamed -Boudiaf à Alger, Bouteflika a tenu à saluer en termes clairs les dirigeants du FLN. «Je tiens à mettre en avant le mérite de vos dirigeants qui ont su préserver la cohésion de la structure de ce parti historique enraciné dans l'esprit des Algériens malgré les difficultés qui ont marqué son long parcours après que notre pays s'est engagé dans le pluralisme politique et en dépit de tentatives de déstabilisation successives qui l'ont ciblé au cours des dernières année», écrit en effet le président de la République dans sa lettre lue à l'inauguration des travaux par Tahar Khaoua, désigné ministre des Relations avec le Parlement à la faveur du dernier remaniement. Arrivée ponctuelle du Premier ministre La caution «politique» à Saâdani est aussi celle du gouvernement. En atteste l'arrivée ponctuelle du Premier ministre Abdelmalek Sellal à bord d'une berline flambeau neuf qui s'est arrêtée en face de la Coupole du 5-Juillet, très précisément à 9h45, dans la matinée de jeudi. Le tapis rouge était déjà déroulé et un accueil solennel a été réservé à Sellal par les hauts cadres du FLN. Presque tous les ministres en exercice étaient également témoins de l'heure de gloire de Saâdani : Abdessalem Bouchouareb, Amar Ghoul, Amara Benyounès, Abdelkader Kadi, Tayeb Zitouni, Azzedine Mihoubi, Tayeb Louh et Abdelkader Messahel. Sans oublier la plus jeune ministre de l'Exécutif, Iman Houda Feraoun installée au premier rang. L'autre «poids lourd» du FLN également présent est le président de l'APN, Mohamed Larbi Ould Khelifa, que Saâdani a exhorté à figurer parmi les membres du bureau politique. Le ministre Amar Ghoul représentait aussi son parti, TAJ, dans ce congrès. Idem pour Amara Benyounès, le ministre du Commerce (MPA). L'opportunité est plus que jamais offerte sur un plateau d'argent pour consolider les liens de rapprochement entre les leaders de ces formations unies pour la mise en œuvre du programme quinquennal du président Bouteflika. C'est ce que l'on a pu constater à travers cette image où Amar Ghoul était installé aux côtés de Mustapha Mazouzi, membre de la direction du FLN dont le maintien au même poste au terme du 10e congrès est quasi-certain. Louisa Hanoune, pourtant habituée à critiquer l'action des ministres FLN, avait, elle aussi, délégué Ramdane Taâzibt, député et cadre du PT. L'on remarque aussi la présence très discrète de Mohamed Nebbou, le premier secrétaire national du FFS. Ainsi, quand il s'agit du FLN, les autres partis les plus en vue sur l'échiquier national se mobilisent, comme pour rendre un énième hommage au doyen des partis. «C'est là aussi la preuve que le FLN reste le creuset de toutes les contradictions du champ politique depuis l'avènement du multipartisme», analyse un confrère. L'effet Bensalah Alors que le FLN inaugurait les travaux de son 10e congrès, Abdelkader Bensalah démissionne de son poste de SG du RND, une formation dont les liens avec le FLN ont été très souvent comparés aux deux faces de la même monnaie. Absent certes au rendez-vous du 10e congrès, le désormais ex-SG du RND a ainsi maqué de son empreinte la cérémonie inaugurale des travaux du congrès du FLN. La nouvelle de sa démission n'a pas été sans effet et celle-ci a été très commentée parmi l'assistance. Nassim Sidi Saïd et Nouria Hafsi, deux membres du secrétariat national du RND installés aux premiers rangs de la salle, ont confirmé au Temps d'Algérie le départ de Bensalah du poste de SG du parti. Autres présents, les représentants du corps diplomatique accrédités en Algérie, lesquels étaient nombreux. Le grand absent à cet événement est sans nul doute Abdelaziz Belkhadem que beaucoup désignent comme «politiquement mort» maintenant que ses chances de rebondir «lui échappent pour longtemps», dit-on. Comme Belkhadem, aucun des adversaires d'Amar Saâdani, qui ont fait des mains et des pieds pour empêcher la tenue du 10e congrès avant d'être déboutés par la justice, n'était présent.
L'hommage du parti et les recommandations de son Président Le FLN et le parti du président de la République, et la direction de cette formation a tenu à le rappeler de la manière la plus ostentatoire à l'occasion du 10e congrès. Des portraits géants de Bouteflika ornaient l'intérieur de la Coupole du 5-Juillet. Aussi, l'assistance présente à l'inauguration des travaux a eu droit à un reportage vidéo d'une durée de près de deux heures retraçant les moments phares de la diplomatie algérienne conduite par Abdelaziz Bouteflika du temps où il était ministre des AE. Des séquences des différents discours prononcés par Bouteflika depuis son accession en 1999 à la magistrature suprême du pays étaient également au menu de ce reportage par lequel le FLN a tenu à rendre un vibrant hommage au chef de l'Etat. «C'est un honneur pour nous que le FLN soit présidé par Bouteflika», dira Saâdani dans son discours inaugural des travaux du congrès. L'une des premières résolutions adoptées à cette occasion a d'ailleurs porté sur le plébiscite d'Abdelaziz Bouteflika à la tête du parti lors d'une séance a main levée proposée par Amar Saâdani tout juste après la lecture de la lettre du président de la République. Dans son évocation des moments historiques du FLN, Amar Saâdani mettra l'accent sur le soutien indéfectible que ce parti a toujours manifesté en faveur de Bouteflika depuis 1999. De son côté, le président de la République a exprimé, dans son message, son vœu de voir le FLN offrir le meilleur exemple aux autres formations politiques émergentes. «Votre parti doit inévitablement offrir le meilleur exemple aux formations émergentes et c'est à lui, en premier, qu'il incombe de militer en faveur de l'ancrage de la démocratie véritable. Il doit, pour ce faire, s'investir dans l'entreprise d'élargissement et de rajeunissement de sa composante en s'ouvrant aux différents pans de la société dans toutes ses contrées, à autant d'hommes et de femmes qui placent l'intérêt général au-dessus de toute considération», écrit le chef de l'Etat. Pour Bouteflika, qui considère le FLN comme pionnier dans le processus d'édification de l'Algérie et dans l'amorce de l'ère d'une démocratie responsable, la tenue du 10e congrès sera une occasion pour cette formation de «conforter sa place auprès de toutes les Algériennes et Algériens qui continueront pour la plupart de l'investir de leur confiance en tant que digne dépositaire du message de la glorieuse Révolution de Novembre et en tant que parti d'avant-garde authentique, parti antique et renouvelé résolument engagé au service d'une Algérie en plein essor». «Je reste persuadé que le parti du Front de libération nationale, qui amorce une nouvelle étape de son parcours, évoluera en parfaite cohésion avec les exigences de l'heure en se dotant des moyens de se positionner à l'avant-garde de l'incontournable processus de renouveau national et en débarrassant notre société de tous les aspects du sous-développement», a encore ajouté Bouteflika dans sa lettre. Les 10 commandements de Saâdani Dans son discours inaugural, Amar Saâdani fera savoir que cet événement offre une opportunité de revoir le fonctionnement du FLN de la base au sommet. Il a ainsi énuméré une dizaine de «chantiers» visant à consacrer cet objectif. Il est question notamment de la modernisation du FLN, de la réunification de ses rangs, la réactivation de ses instances organiques, l'amélioration de sa gestion, la promotion de son histoire et la préservation de son image. En d'autres termes, c'est une feuille de route des plus chargées qui attend la prochaine direction du FLN qui aura sans doute à agir sous les instructions de Amar Saâdani dont on attend la désignation en qualité de SG au terme des travaux du 10e congrès qui s'achève aujourd'hui