Faire de l'art algérien tout en étant ouvert aux autres cultures dans le monde et sans rester dans le folklore représente la particularité du parcours artistique du plasticien Mohamed Khadda, a témoigné lundi à Alger son épouse Nadjet Khadda. Comment être un artiste algérien, faire de l'art algérien, développer une culture ancrée dans le terroir, renouer avec sa mémoire et traditions culturelles sans régression et sans rester dans le folklore», c'est ce qui a marqué la production picturale du défunt peintre, a estimé Mme Khadda lors d'une conférence intitulée «Khadda mon mari l'artiste». Pour ses débuts, Mme Khadda a indiqué que «l'artiste était autodidacte comme l'ensemble des artistes de sa génération», précisant toutefois qu'il a pris des cours par correspondance pour «s'initier, s'entraîner et acquérir les techniques de base» pour développer son art. Elle a ajouté qu'au commencement, ses peintures étaient soit des reproductions d'œuvres de grands noms de l'art pictural étrangers ou des toiles dans le style figuratif montrant des paysages naturels. Une fois installé en France, entre les années 1950 et 1960, Khadda a découvert d'autres styles, comme la calligraphie, ce qui lui a permis de créer un brassage entre la symbolique des signes berbères, utilisés notamment dans l'artisanat, et la calligraphie qui traverse le monde musulman, a-t-elle expliqué. «Khadda a eu un usage très spontané et libre de la calligraphie», a-t-elle souligné. Natif de Mostaganem, Mohamed Khadda a été l'un des fondateurs du mouvement pictural Aouchem qui défend une peinture non figurative qui plonge ses racines dans les expressions culturelles et artistiques ancestrales en réhabilitant le signe et en lui donnant toute ses formes expressives et symboliques. Il est également l'auteur de deux ouvrages, de véritables références pour les chercheurs en histoire de l'art : Eléments pour un art nouveau, introduction à l'histoire de l'art en Algérie (1971) et Feuillet épars liés (1983), un recueil de ses articles, réflexions et préfaces. Mohamed Khadda est mort en 1991 à l'âge de 61 ans.